B. L'INDUSTRIE : UNE FORCE MOTRICE DE L'ÉCONOMIE ET DE LA SOCIÉTÉ ITALIENNE
1. Une force industrielle qui surmonte les obstacles liés à la complexité institutionnelle, juridique et administrative
a) L'industrie représente le quart du PIB en Italie (le septième en France).
L'industrie assure près d'un quart de la valeur ajoutée de l'activité économique italienne.
Après l'Allemagne et la France, l'Italie a connu, après la seconde guerre mondiale, un « miracle économique » avec une très forte croissance de la production industrielle, près de 6 % par an entre 1950 et 1960, qui a transformé son économie en véritable puissance industrielle. Fortement touchée par le choc pétrolier de 1973, l'économie italienne a, cependant, connu un deuxième « miracle » dans la seconde moitié des années 1980 avec une tertiarisation accrue de son économie.
Si l'industrie est le secteur qui a le plus souffert de la crise actuelle (en juin 2012, l'indice de production industrielle italien se situait à 24,6 %, en-dessous de son pic d'août 2007), la composante industrielle de l'économie italienne demeure essentielle même si sa part dans la valeur ajoutée totale de l'activité économique s'est réduite, avec la croissance des services, passant de 27,4 % en 2001 à 24,6 % en 2011 (de 19,6 % à 15,9 % pour le secteur manufacturier). L'industrie est le champ d'activité de plus de 23 % des entreprises recensées en 2010 (10 % hors construction) et assure 28,3 % des emplois en 2011. Les exportations de produits manufacturés représentent plus de 20 % du PIB (17 % pour la France) et le secteur dégage de manière structurelle un excédent commercial substantiel. En outre, l'Italie figure au huitième rang de la production manufacturière mondiale.
Ces activités sont basées essentiellement sur la fabrication de machines et équipements, l'Italie ayant conquis la place de deuxième fabricant et exportateur de machines-outils après l'Allemagne, la métallurgie, suivis par l'industrie agroalimentaire et les autres secteurs phares du « Made In Italy » que sont le textile, le cuir et l'habillement. Toutefois, au cours de la période 2001-2010, seuls quatre secteurs ont vu leur valeur ajoutée augmenter : les machines et équipements, les équipements électriques, les produits pharmaceutiques et la fabrication de papier. Les secteurs traditionnellement en pointe ont, en revanche, enregistré une réduction de leur valeur ajoutée, comme dans l'industrie textile, la confection et l'habillement, les produits en cuir (-23,6 %), la fabrication de mobilier (-17,4 %), la fabrication de véhicules (-10,5 %) ainsi que les industries agroalimentaires, les boissons et le tabac (-3,4 %).
b) Une puissance industrielle capable de franchir certains obstacles administratifs et institutionnels
On établit souvent un lien entre la compétitivité d'une économie et la stabilité ainsi que l'efficacité de son environnement institutionnel normatif et administratif.
Sans contester la pertinence de cette affirmation, on peut cependant signaler que les districts italiens accomplissent des performances à l'exportation en surmontant divers obstacles.
- La complexité et la fragmentation institutionnelle : sur le terrain, la mission sénatoriale a pu vérifier que l'Italie est un pays parfois difficilement «lisible» pour des Français habitués à une certaine centralisation. Nos conseillers du commerce extérieur estiment d'ailleurs préférable de parler «des Italies» plutôt que de l'Italie. Ce pays hétérogène, avec un clivage accentué entre le nord et le sud est aussi très fragmenté, régionalisé, voire «local». « Il n'est pas facile d'y récolter des informations fiables, complètes, structurées et pertinentes pour en tirer une synthèse ou un « business model » à dérouler partout de la même manière ».
- Une réglementation pléthorique : de très nombreuses normes et réglementations, imposées à divers niveaux administratifs (Etat, régions, province, communes) et établies en «parallèle» des réglementations européennes, constituent souvent autant de freins à l'action.
- La corruption : un des signes de son existence en Italie s'est récemment manifesté par la création, le 31 janvier 2013, du Comité interministériel de prévention et de lutte contre la corruption et l'illégalité dans l'administration publique. Ce Comité, prévu par la loi 190/2012 dite Legge anticorruzione, est chargé d'adopter le Plan national anticorruption contenant les lignes directrices qui permettront l'élaboration par les collectivités locales de leur propre programme anticorruption.
RAPPEL INSTITUTIONNEL - L'ITALIE COMPTE TROIS NIVEAUX DE STRUCTURES LOCALES : 20 RÉGIONS, 103 PROVINCES ET 8 104 COMMUNES - Les régions sont qualifiées par la Constitution de « pouvoirs autonomes ». Elles disposent d'une compétence législative exclusive dans certains domaines et, par ailleurs, de compétences partagées avec l'Etat. Cinq d'entre elles bénéficient d'un « statut spécial », qui leur garantit une plus large autonomie : le Val d'Aoste, le Frioul-Vénétie Julienne, le Trentin-Haut Adige, la Sicile, la Sardaigne. - Les provinces et les communes sont qualifiées de « pouvoirs locaux ». Elles disposent du pouvoir réglementaire dans le cadre de compétences transférées ou déléguées par l'Etat ou les régions. |
Au cours des entretiens conduits par la mission sénatoriales, des chefs d'entreprises italiens implantés en France ont, a contrario , témoigné de l'efficacité de l'Etat et du soutien apporté par les collectivités territoriales aux opérateurs économiques dans notre pays.
2. L'industrie est le principal moteur de l'emploi
L'industrie reste le principal moteur de l'économie italienne. Elle est à l'origine des gains de productivité de l'ensemble du système. Ce secteur crée les emplois de qualité les mieux rémunérés et concentre la plupart des efforts de recherches. L'industrie assure 78 % des revenus issus des exportations, qui servent à financer les importations de biens et de services. Les simulations effectuées par le centre d'études de la Confindustria montrent que plus d'un tiers du PIB et quelque 8,2 millions de salariés sont directement ou indirectement liés au secteur manufacturier. Sans la contribution essentielle de ce secteur au commerce extérieur, le système économique italien connaitrait un déficit difficilement soutenable. Les comparaisons avec l'Europe confirment que là où l'industrie affiche les meilleurs résultats, les revenus augmentent plus rapidement. L'Italie du nord, plus spécialisée dans la mécanique, est en concurrence avec les régions d'Europe centrale et du nord. Le sud du pays, où le poids du secteur de l'habillement est plus important, fait face à la concurrence de l'Europe méridionale et orientale.