M. Serge Larcher, Sénateur de la Martinique, Président de la Délégation sénatoriale à l'outre-mer
Monsieur le Président,
Madame la Présidente de la Commission de la Culture, Chère Marie-Christine Blandin,
Monsieur le Président de l'Institut National de l'Audiovisuel,
Mesdames et Messieurs les Sénateurs, très Chers Collègues,
Cher Pascal Blanchard et Chers amis qui avez accepté de venir témoigner aujourd'hui,
Mesdames, Messieurs,
Je commencerai par me tourner vers notre Président, qui, une fois encore, montre le vibrant attachement à l'outre-mer qui est le sien en accordant son haut patronage à la manifestation d'aujourd'hui et en nous faisant l'honneur de sa présence.
Il nous met aussi à disposition ce lieu magnifique qui se prête si bien à la rencontre et à l'échange, comme nous avons pu l'éprouver il y a quelques mois de cela, le 9 mai, pour la rencontre « Mémoires croisées » brillamment orchestrée par Françoise Vergès.
Je tiens tout particulièrement aujourd'hui à la remercier de nous faire l'amitié de sa présence.
Cette rencontre du 9 mai avait été l'occasion d'échanges riches et nombreux sur la question des mémoires coloniales et, pour Pascal Blanchard, l'occasion de piquer notre curiosité alors même que la rigueur du chronomètre ne lui avait accordé que trois petites minutes d'intervention. Mais il a su, oh combien ! les faire fructifier puisque nous voilà réunis sur le sujet qu'il avait alors choisi d'évoquer : « Le rôle des images dans la transmission des mémoires ».
« Les images font naître l'émotion qui crée du sens », déclarait-il ; j'ajouterai que la musique et la puissance évocatrice de nos langues d'outre-mer ajoutent une dimension à cette affirmation, car, les témoignages audiovisuels de nos outre-mer vibrent tant des images visuelles que des images suggérées et des sonorités de nos langues... cultures de l'oralité obligent !
La tradition orale constitue en effet non seulement la caractéristique majeure mais, au-delà, l'essence même de nos cultures d'outre-mer.
D'un océan à l'autre, pour les cultures créoles comme pour les cultures d'Océanie, l'oralité est le fondement même de nos identités.
Mon ami Richard Tuheiava ne me contredira pas, lui qui, dans son ouvrage publié l'an passé « Paroles d'un autochtone », à la question : « Comment définiriez-vous les traits constitutifs de la société polynésienne ? » répondait : « Le premier serait l'oralité ».
Mais si la tradition orale reste vivace, elle est sans doute aujourd'hui moins vigoureuse, du fait notamment de l'évolution des modes de vie.
Le danger de perte de mémoire que cela induit est réel.
L'image et la parole, avec leurs couleurs et leurs sonorités, incarnent nos identités : les techniques audiovisuelles paraissent ainsi les supports naturels et tout indiqués de leur fidèle représentation, de leur sauvegarde et de leur valorisation.
Le témoignage audiovisuel est d'autant plus pertinent qu'il peut davantage rendre compte de la réalité brute, contrairement au récit nécessairement assujetti à l'exercice de transcription et de reconstitution.
Le témoignage audiovisuel respecte certainement mieux l'authenticité et la spontanéité de ce qu'il saisit !
C'est le mariage de la tradition et de la modernité que l'Institut national de l'audiovisuel et le service public de télévision et de radio en outre-mer ont décidé de célébrer !
Qu'ils en soient vivement félicités et remerciés, car, les témoignages audiovisuels, outils de la mémoire vivante, constituent un patrimoine inestimable, non seulement pour les peuples d'outre-mer dont ils reflètent des morceaux de vie, mais aussi, pour l'ensemble du peuple français dans la reconnaissance de sa diversité et l'écriture d'une histoire commune n'occultant pas certaines étapes du chemin.
C'est un gigantesque travail de sauvetage qui est entrepris, aux enjeux non moins colossaux, qui, je l'espère, associera les forces vives locales.
En tous cas, soyez assurés que les actes de la rencontre d'aujourd'hui seront largement diffusés, avec pour objectif de faire connaître cette magnifique initiative et, pourquoi pas, faire naître localement des projets de mise en valeur du patrimoine ainsi sauvegardé.
La numérisation qui commencera début 2013 s'étalera sur plusieurs années. Nous pourrions, d'ailleurs, nous retrouver à son échéance ou imaginer un rendez-vous d'étape !
Mais pour l'heure, découvrons la portée concrète de l'action engagée par l'INA et mesurons-en les enjeux grâce à vos contributions et à nos échanges.
Je nous souhaite, à mon tour, une rencontre fructueuse !