N° 55
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 2012-2013
Enregistré à la Présidence du Sénat le 17 octobre 2012 |
RAPPORT D'INFORMATION
FAIT
au nom de la commission des finances (1) sur la Philharmonie de Paris ,
Par M. Yann GAILLARD,
Sénateur.
(1) Cette commission est composée de : M. Philippe Marini , président ; M. François Marc , rapporteur général ; Mme Michèle André , première vice-présidente ; Mme Marie-France Beaufils, MM. Jean-Pierre Caffet, Yvon Collin, Jean-Claude Frécon, Mmes Fabienne Keller, Frédérique Espagnac, MM. Albéric de Montgolfier, Aymeri de Montesquiou, Roland du Luart , vice-présidents ; MM. Philippe Dallier, Jean Germain, Claude Haut, François Trucy , secrétaires ; MM. Philippe Adnot, Jean Arthuis, Claude Belot, Michel Berson, Éric Bocquet, Yannick Botrel, Joël Bourdin, Christian Bourquin, Serge Dassault, Vincent Delahaye, Francis Delattre, Mme Marie-Hélène Des Esgaulx, MM. Éric Doligé, Philippe Dominati, Jean-Paul Emorine, André Ferrand, François Fortassin, Thierry Foucaud, Yann Gaillard, Charles Guené, Edmond Hervé, Pierre Jarlier, Roger Karoutchi, Yves Krattinger, Dominique de Legge, Marc Massion, Gérard Miquel, Georges Patient, François Patriat, Jean-Vincent Placé, François Rebsamen, Jean-Marc Todeschini, Richard Yung . |
AVANT-PROPOS
Mesdames, Messieurs,
En application des dispositions de l'article 57 de la loi organique du 1 er août 2001 relative aux lois de finances (LOLF), votre rapporteur spécial a choisi de mener une mission de contrôle sur l'un des grands chantiers culturels en cours : la Philharmonie de Paris .
Le 10 septembre dernier, dans un entretien au journal « Le Monde », la Ministre de la culture et de la communication a annoncé l'arrêt, la suspension ou le report de plusieurs projets culturels, pour un peu plus d'un milliard d'euros.
Cependant, la Philharmonie de Paris, a elle, été épargnée : le ministère a jugé le chantier trop avancé pour l'interrompre, tout en précisant que le nouveau Gouvernement partageait sa finalité, à savoir la construction d'une salle de concert symphonique au niveau des standards internationaux, tant en termes de jauge que d'acoustique .
Selon les défenseurs du projet, l'absence de grand auditorium serait en effet préjudiciable au rayonnement culturel de la capitale , malgré une offre musicale classique déjà diversifiée.
Toutefois, le dimensionnement très ambitieux du projet ne laisse pas d'étonner, puisque la Philharmonie ne sera pas une simple salle de concert mais un véritable « multiplexe » consacré à la musique. Fallait-il voir si grand ? La question se pose, compte tenu notamment de la présence « mitoyenne » de la Cité de la Musique.
En 2007, la Cour des comptes avait réalisé, à la demande de votre rapporteur spécial, une enquête sur l'Etablissement public de maîtrise d'ouvrage des travaux culturels (EMOC) 1 ( * ) . Ce travail s'était accompagné, la même année, d'un rapport public thématique sur les « grands chantiers culturels », actualisé en 2012, qui dénonçait notamment l'inflation des coûts et la dérive du calendrier de la plupart d'entre eux.
Malheureusement, à cet égard, le projet de la Philharmonie n'a pas fait exception et a subi de nombreuses « vicissitudes », tant du point de vue du pilotage, que de celui des délais et des coûts .
Votre rapporteur spécial s'interroge en outre, au-delà de la construction du nouvel auditorium, sur les enjeux associés à son ouverture . D'autres questions doivent en effet, dès à présent, être posées : notamment, la reconfiguration de l'offre musicale à Paris, la gouvernance et l'équilibre économique de la Philharmonie en « rythme de croisière » .
De fait, à bien des égards, le projet de cette salle de prestige, qui intervient dans une période budgétaire très contrainte , constitue un pari culturel risqué .
Le contexte de lancement du projet de la Philharmonie de Paris est en effet différent de celui de l'Opéra Bastille. Il est vrai que le défi de ce dernier a été gagné, contre toutes les prédictions de ses détracteurs. Mais, alors que l'Opéra Bastille a été, dès son ouverture, doté d'importants crédits publics dans une période de relative croissance des dépenses culturelles, l'ouverture de la Philharmonie de Paris intervient dans un environnement économique et budgétaire extrêmement défavorable.
* 1 Rapport d'information n° 382 (2006-2007) de Yann Gaillard sur l'enquête de la Cour des comptes relative à l'Etablissement public de maîtrise d'ouvrage des travaux culturels (EMOC) - enquête demandée en application de l'article 58-2° de la LOLF.