DONNÉES CHIFFRÉES
SUR L'ARMEMENT NUCLÉAIRE
données extraites du rapport annuel
2011 du SIPRI (Stockholm International Peace Research Institute)
Au début de l'année 2011 huit Etats possédaient approximativement 20 000 armes nucléaires (ou « engins » dans la terminologie officielle française 21 ( * ) ). 5 000 armes sont déployées et prêtes à être utilisées. 2 000 sont placées en état d'alerte permanente. Les cinq Etats reconnus officiellement comme « Etats dotés de l'arme nucléaire » par le Traité de Non Prolifération (1968) sont la Chine, les Etats-Unis d'Amérique, la France, le Royaume-Uni et la Russie. Trois Etats n'ont jamais signé le TNP disposent de l'arme nucléaire : l'Inde, le Pakistan et Israël. Le doute subsiste sur la possession par la Corée du Nord d'armes nucléaires. La répartition des engins nucléaires entre ces puissances donnée par le SIPRI est la suivante :
Etats-Unis
En janvier 2011, les Etats-Unis détenaient un arsenal d'environ 2 150 engins nucléaires incluant environ 1 950 armes stratégiques et 200 armes tactiques déployées en Europe.
2 850 autres armes nucléaires sont tenues en réserve constituant un stock total de l'ordre de 5 000 engins. 3 500 autres armes nucléaires sont en attente de démantèlement.
L'année 2010 a été marquée aux Etats-Unis par la publication d'un Livre blanc sur la posture nucléaire (Nuclear Posture Review ou NPR) pour les cinq à dix prochaines années et la signature du traité dit « New Start ».
La NPR est le premier document officiel contenant explicitement l'engagement de poursuivre le but ultime d'une élimination des armes nucléaires. La non prolifération y est placée au même rang d'importance que la politique de dissuasion elle-même.
Cependant, le traité New Start et la NPR n'aboutiront qu'à des réductions modestes du nombre déployé d'armes nucléaires. La NPR ne traduit pas l'engagement du Président Obama, pris à Prague en 2009 de « réduire le rôle des armes nucléaires dans la stratégie nationale de sécurité (américaine) et de mettre un terme à la pensée issue de la guerre froide ».
Au contraire, la NPR réaffirme l'importance des armes nucléaires et recommande de :
- maintenir la triade nucléaire composée de missiles stratégiques intercontinentaux ;
- maintenir plusieurs centaines d'armes en alerte permanente ;
- maintenir des quantités importantes de stock de réserve ;
- procéder à la modernisation des lanceurs et des têtes ;
- construire de nouvelles unités de production des têtes ;
- ne pas s'interdire une utilisation en premier des armes nucléaires ainsi que de la possibilité d'utiliser des armes nucléaires contre des Etats non dotés.
Le tableau ci-dessus donne la répartition des forces nucléaires américaines au début de l'année 2011.
La NPR recommande de maintenir le nombre d'ICBM 22 ( * ) à 420 missiles déployés, chacun porteurs d'une seule tête - avec plusieurs centaines de têtes en réserve. Elle recommande également de maintenir le nombre sous-marins à propulsion nucléaire capables de lancer des missiles balistiques (dans le code américain : « SSBN ») à 14 - ou à 12 à la fin de la décennie 2012, capables de déployer simultanément 240 missiles (« SLBM » ou submarine launched balistic missile), chacun emportant plusieurs têtes - avec plusieurs centaines en réserve. Le nombre des bombardiers stratégiques devrait être maintenu à 60. Ils sont équipés de bombes à gravitation et de missiles de croisière.
Royaume-Uni
La force de dissuasion nucléaire britannique repose exclusivement sur une composante sous-marine : quatre sous-marins lanceurs d'engins de la classe Vangard SSBN (sous-marin à propulsion nucléaire), équipés de missiles Trident II (D5) SLBMs ( submarine launched balistic missile ) et de leurs têtes nucléaires. Les missiles balistiques sont en leasing auprès des forces armées américaines. Ils sont prélevés de façon aléatoire sur le stock de la base militaire de Kings Bay en Géorgie et chargés sous les sous-marins britanniques. Les sous-marins vont ensuite à la base navale de Coulport, Argyll, en Ecosse, où les missiles sont équipés des têtes nucléaires, fabriquées par le Atomic Weapons Establishment (AWE) à Aldermaston, dans le Berkshire (près de Londres).
Chaque sous-marin est équipé de 16 missiles Trident II (D5) susceptibles de porter au total 48 têtes nucléaires, soit un maximum de trois têtes par missile. Il est généralement considéré qu'un nombre de missiles D5 sont déployés avec une seule tête (ce qui permet en outre d'accroître la portée) - laquelle tête peut avoir une charge nucléaire réduite. La flexibilité dans le chargement des têtes reflète la décision du ministère de la défense britannique (MOD) prise en 1998 de donner une capacité « sub-stratégique » (riposte graduée) à la flotte sous-marine, afin d'accroître la dissuasion.
Dans sa posture de dissuasion permanente ( Continuous At Sea Deterrence ou CASD) un sous-marin est en patrouille permanente. Le deuxième et le troisième sous-marins peuvent prendre la mer plus ou moins rapidement quant au quatrième il est en grande visite.
RUSSIE
En janvier 2011, la Russie disposait de 2427 têtes nucléaires opérationnelles. Elle continue à réduire ses forces nucléaires stratégiques en application des traités et selon le principe d'un passage d'une « redondance substantielle » à une posture de dissuasion « minimale mais suffisante ». La stratégie de sécurité nationale approuvée en mai 2009 prévoit le maintien de la parité avec les États-Unis aux conditions économiques les plus rentables.
En février 2010, le président Medvedev a approuvé la nouvelle doctrine militaire. Celle-ci réduit la place des forces nucléaires dans la politique de sécurité nationale en introduisant des critères d'emploi stricts. Selon cette doctrine, la Russie se reconnaît le droit d'user des forces nucléaires en réponse à une attaque nucléaire ou à une attaque conventionnelle si « l'existence de l'État se trouvait menacé » (et non plus, dans la doctrine de 2000, « en cas de situation critique pour la sécurité nationale »). Elle confirme que la tâche est de maintenir la capacité de dissuasion nucléaire à un niveau de suffisance nécessaire pour infliger un dommage prédéterminé à un agresseur en toutes circonstances. Selon les experts, la forces nucléaire russe peuvent garantir une dissuasion suffisante mais ont besoin d'améliorations pour assurer leurs capacités de seconde frappe et de pénétration des défenses anti-missiles. A la lumière de ces réflexions, la Russie donnent priorité au développement de missiles balistiques mobiles par la route (avec le MIRVs) et d'un nouveau type de SLBM.
La Russie dispose de deux divisions de bombardiers stratégiques (76 unités) et poursuit son effort de révision, de modernisation et de prolongation de la durée de vie des ses bombardiers stratégiques.
Les forces stratégiques balistiques consistent en trois armées qui seront réduites à 2 au 1 er janvier 2016. En janvier 2011, la Russie disposait d'une cinquantaine de missiles lourds à très longue portée (RS-20V) dont elle prolonge la durée de vie jusqu'en 2026. Le développement d'un nouveau programme restait en discussion en 2010. Elle tend à prolonger la durée de vie de son arsenal existant de missiles à longue portée, mais aussi sa modernisation : systèmes mobiles, système à têtes autonomes (MIRVs) de type RS-24.
La Marine russe exploite 11 sous-marins lance-missiles balistiques nucléaires pouvant porter 16 missiles de classe RSM-50. Certains voient leur durée de vie prolongée mais avec un équipement plus moderne de missiles de type RSM-54 Sineva. Elle construit trois sous-marins de nouvelle classe (Project 955 Borei) et envisage la construction de 8 qui devraient recevoir 16 nouveaux missiles Bulava (RSM-56). Ce nouveau missile a réussi ses essais en 2010 et il pourra être déployé sur les sous-marins actuels en attendant sa mise en service sur les sous-marins de nouvelle classe (les tests à partir des nouveaux lanceurs étaient attendus en 2011). Les trois premiers sont dotés de 16 tubes lance-missiles et les suivants disposeront de 20 tubes.
CHINE
L'arsenal nucléaire chinois est estimé à environ 200 armes qui peuvent principalement être mises en oeuvre par des missiles balistiques ou des bombardiers (40 armes restant en réserve)
Aucun élément ne montre une évolution significative de ce stock d'armes dans les années récentes. Toutefois, la Chine a accru le nombre de ses systèmes balistiques à moyenne et longue portées dans le cadre de leur modernisation, ce qui lui permet développer une force plus résiliente et plus flexible dans sa riposte.
Le Livre blanc de mars 2011 réaffirme l'option d'une politique de non utilisation en premier des armes nucléaires et l'intention de limiter les capacités au niveau minimal requis pour assurer la sécurité nationale.
Les missiles stationnés à terre sont opérés par l'ANL, ils comprennent des missiles de portée intermédiaire et de longue portée (pouvant atteindre 11.200km), de différentes classes, dont un nombre conséquent de missiles plus modernes et mobiles.
La Chine éprouve des difficultés à développer des moyens maritimes. Ils semblent que ses sous-marins nucléaires aient rencontré des problèmes techniques qui réduisent leurs capacités effectives.
On estime que la Chine dispose d'un petit stock de bombes nucléaires susceptibles d'être lâchées par des avions mais l'armée de l'air chinoise ne semble pas avoir d'unités spécialisées. Selon certaines sources, elle a développé une capacité d'utilisation de missiles de croisière qui peuvent délivrer des frappes nucléaires ou conventionnelles.
* 21 Le terme d'ogive comme celui de « tête nucléaire » est en principe réservé aux parties antérieures des missiles balistiques ou de croisière et ne recouvre pas les « bombes » par gravitation.
* 22 Inter Continental Balistic Missile - portée au moins égale à 10.000 km.