C. UNE POLITIQUE ENVIRONNEMENTALE MARQUÉE PAR LE RÉALISME ÉCONOMIQUE

Votre délégation a constaté que l'ambition indéniable de la stratégie de croissance verte coréenne s'accompagnait d'un grand réalisme politique et économique, au point que l'objectif environnemental permet d'atteindre des cibles de croissance économique. Si la Corée désire assumer son statut désormais acquis de grand pays développé en participant aux efforts de réduction des émissions de gaz à effet de serre, elle compte y trouver une occasion de construire un nouveau moteur de croissance et d'améliorer son image environnementale au niveau international.

1. Un développement de l'économie verte orienté plus vers l'exportation que vers le marché domestique

Les énergies renouvelables ne se développent ainsi que dans la mesure où se mettent en place, sur le sol national, les filières industrielles susceptibles de fournir les équipements nécessaires.

• S'agissant par exemple des éoliennes, l'industrie était quasiment inexistante jusqu'en 2008. Les grands groupes se sont alors lancés sur le marché. Certains mettent à profit leur maîtrise technologique dans la construction navale en raison de la parenté entre les pales d'éoliennes et les hélices de navires. Le groupe Doosan, comme cela a été indiqué à votre délégation lors de sa visite, s'appuie sur son expérience en équipements de production d'électricité et prévoit de déployer un parc d'éoliennes en mer au large de l'île de Jeju.

Alors que 10 % à peine des turbines installées en 2009 étaient fabriquées localement, cette proportion est passée à 70 % dès 2010. Une nouvelle filière, couvrant l'ensemble de la chaîne de valeur, se met ainsi en place dès les premiers temps de la création d'un marché local, puisque la capacité installée fin 2010 n'était que de 381 MW (contre 5 660 MW en France et 27 000 MW en Allemagne).

L'objectif est ainsi clairement de créer un nouveau moteur de croissance et d'exportation grâce à la capacité de l'industrie coréenne d'entrer rapidement et de manière massive sur un nouveau marché. Les énergies vertes pourraient ainsi suivre le chemin de la sidérurgie ou des nouvelles technologies de l'information.

• Votre délégation a visité à Eumseong une usine fabricant des panneaux photovoltaïques dont la taille même suppose une orientation vers l'exportation.

Cette usine, qui appartient au conglomérat Hyundai à travers sa branche Hyundai Heavy Industries, repose sur un modèle d'intégration verticale : elle fabrique des lingots de silicium, qu'elle transforme en wafers, cellules puis modules pour proposer en bout de chaîne des systèmes photovoltaïques complets. Le fabricant maîtrise ainsi l'ensemble de la production. Il collabore avec Saint-Gobain pour le développement de panneaux à base des technologies CIGS (cuivre, indium, gallium, sélénium).

L'usine d'Eumseong avait, lors de la visite de votre délégation, une capacité de production de 580 MW de cellules par an, avec un objectif de 1 000 MW fin 2011 et 2 000 MW en 2012.

Une telle capacité de production, si elle reste très inférieure aux leaders mondiaux chinois, est nécessairement portée vers l'exportation en raison de l'étroitesse du marché en Corée. À titre de comparaison, la capacité installée totale en France était légèrement supérieure à 1 000 MW fin 2010.

Les représentants de l'entreprise ont ainsi indiqué aux membres de votre délégation que les ventes étaient destinées à 5 % seulement au marché domestique et à 80 % à l'Europe. Ils ont reconnu que leur entreprise avait bénéficié des importants dispositifs de soutien à l'installation de panneaux photovoltaïques instaurés en Espagne, en Allemagne et en Italie. Le soutien plus limité accordé au secteur en France leur est apparu comme une limitation de la progression des ventes coréennes dans notre pays.

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