N° 388
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 2011-2012
Enregistré à la Présidence du Sénat le 21 février 2012 |
RAPPORT D'INFORMATION
FAIT
au nom de la commission de l'économie, du développement durable et de l'aménagement du territoire (1) sur le déplacement d'une délégation de la commission de l'économie, du développement durable et de l'aménagement du territoire en Corée du Sud ,
Par MM. Gérard CORNU, Gérard LE CAM,
Hervé MAUREY et Mme Renée NICOUX
Sénateurs.
(1) Cette commission est composée de : M. Daniel Raoul , président ; MM. Martial Bourquin, Gérard César, Gérard Cornu, Daniel Dubois, Pierre Hérisson, Mme Élisabeth Lamure, M. Gérard Le Cam, Mme Renée Nicoux, MM. Thierry Repentin, Raymond Vall , vice-présidents ; MM. Claude Bérit-Débat, Ronan Dantec, Mme Valérie Létard, MM. Rémy Pointereau, Bruno Retailleau, Bruno Sido, Michel Teston , secrétaires ; M. Gérard Bailly, Mme Delphine Bataille, MM. Michel Bécot, Joël Billard, Jean Bizet, Mme Bernadette Bourzai, MM. François Calvet, Pierre Camani, Vincent Capo-Canellas, Yves Chastan, Alain Chatillon, Jacques Cornano, Roland Courteau, Philippe Darniche, Marc Daunis, Marcel Deneux, Mme Évelyne Didier, MM. Claude Dilain, Michel Doublet, Mme Anne-Marie Escoffier, MM. Philippe Esnol, Alain Fauconnier, Jean-Luc Fichet, Jean-Jacques Filleul, Alain Fouché, Francis Grignon, Didier Guillaume, Mme Odette Herviaux, MM. Michel Houel, Alain Houpert, Benoît Huré, Joël Labbé, Serge Larcher, Jean-Jacques Lasserre, Daniel Laurent, Jean-Claude Lenoir, Philippe Leroy, Alain Le Vern, Mme Marie-Noëlle Lienemann, MM. Michel Magras, Hervé Maurey, Jean-François Mayet, Jean-Claude Merceron, Jean-Jacques Mirassou, Robert Navarro, Louis Nègre, Jackie Pierre, Ladislas Poniatowski, Charles Revet, Roland Ries, Yves Rome, Mmes Laurence Rossignol, Mireille Schurch, Esther Sittler, MM. Henri Tandonnet, Robert Tropeano, Yannick Vaugrenard, François Vendasi, Paul Vergès, René Vestri. |
INTRODUCTION
«
Si tu as soif, creuse un
puits.
»
(Proverbe coréen)
« Changez tout, sauf votre épouse et vos
enfants. »
(Lee Kun-hee, PDG de Samsung,
s'adressant
à ses employés en 1993)
Mesdames, messieurs,
Dans le cadre des missions d'information à l'étranger organisées chaque année par votre commission, une délégation de cinq sénateurs, présidée par son vice-président, M. Gérard Cornu, s'est rendue en République de Corée du 17 au 23 avril 2011 afin d'étudier la situation économique de ce pays ainsi que ses nouveaux axes de développement dans les nouvelles technologies et l'environnement.
Ce voyage constituait un utile complément à la mission organisée par votre commission trois ans auparavant dans le Japon voisin 1 ( * ) . Ces deux pays ont su construire une réussite économique spectaculaire sur un territoire exigu, montagneux et quasiment dépourvu de ressources naturelles.
Toutefois, la Corée du Sud présente, contrairement au Japon, une économie encore en plein développement, dont le dynamisme et la résilience face aux crises économiques de 1997 puis de 2008 n'a pas laissé de frapper les membres de votre délégation. Ce pays déjà riche, dont le revenu par habitant se rapproche de celui de plusieurs pays européens, présente encore un profil de croissance proche de celui d'un pays émergent.
Le « miracle sur le fleuve Han » se caractérise par une intervention forte de l'État, qui trace des lignes directrices et, bien souvent, choisit des grands partenaires industriels chargés de conduire le développement de nouvelles filières. Il s'appuie sur les efforts, pour le pas dire le dévouement, d'une population qui donne au travail et à l'éducation une place qui ne connaît guère d'équivalent dans les pays développés.
L'économie coréenne a ainsi su, au contact des autres pays, acquérir de manière accélérée les connaissances et les technologies qui lui ont permis de conquérir des positions importantes, parfois dominantes, sur des secteurs industriels dont elle était absente peu d'années auparavant. Votre délégation l'a constaté aussi bien dans le secteur traditionnel de la sidérurgie que dans les nouvelles technologies de l'information.
C'est en suivant cette méthode que la Corée se fixe aujourd'hui un nouveau défi en tentant de donner une orientation « verte » à une croissance jusqu'ici fondée sur le paradigme productiviste. Votre délégation, frappée par le volontarisme dont font preuve les autorités comme les entreprises, n'a pas manqué de remarquer que, comme les précédentes révolutions économiques connues par ce pays, l'économie verte n'exclut pas le réalisme économique. Le virage environnemental se fonde ainsi, d'abord et avant tout, sur le développement de filières industrielles « vertes » qui tentent de reproduire le succès rencontré à l'export par leurs aînées.
Pays méconnu, trop souvent confondu avec ses voisins chinois et japonais, la Corée du Sud mérite d'être considérée avec attention par la France, avec qui elle partage plus de caractères qu'on ne croit : identité très ancienne, pays aujourd'hui de taille moyenne sur la scène mondiale, rôle d'impulsion de l'État en matière économique, position forte sur des secteurs économiques tels que les grandes infrastructures énergétiques et de transport.
Votre délégation souhaite donc, à travers ce rapport, contribuer à une meilleure compréhension du modèle de développement coréen et du rôle joué par ce pays dans les secteurs d'avenir, tout en encourageant les entreprises françaises à se tourner vers un pays qui constitue un excellent point d'entrée dans l'Asie de l'Est.
* 1 Voir « Japon, l'archipel des paradoxes : pour un partenariat renouvelé », rapport d'information n° 316 (2008-2009), de MM. Jean-Paul Emorine, Pierre Hérisson, Dominique Braye, Adrien Giraud, Daniel Reiner et Jean Desessard, 1 er avril 2009.