b) Une porte d'accès aux soins pour les plus précaires
Le nombre de toxicomanes accueillis par les centres d'accueil et d'accompagnement à la réduction des risques pour usagers de drogues varie entre 48 000 en 2007 selon l'Institut national de la santé et de la recherche médicale, et près de 56 000 en 2008 selon l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies. D'après ce dernier, la même année, plus de 575 000 contacts avaient été réalisés par les équipes des centres.
Comme le montre une récente étude de l'activité des centres d'accueil (186 ( * )) , ceux-ci sont fréquentés par des populations qui présentent une vulnérabilité sociale importante. En 2008, près de la moitié de leurs usagers n'avaient pas de logement stable et étaient sans domicile fixe, vivaient en « squat » ou ne disposaient que d'un logement provisoire. Plus de la moitié (51,7 %) percevaient un revenu social - revenu minimum d'insertion ou allocation aux adultes handicapés. Un quart des usagers ne disposaient d'aucun revenu licite et vivaient de la mendicité, de ressources illégales ou de la prostitution. Seuls 1,1 % étaient aidés par la famille ou des tiers. Enfin, 17,4 % des personnes accueillies dans les centres avaient connu un épisode d'incarcération dans l'année. Le public aidé par ces centres vit donc, majoritairement, dans des conditions matérielles très précaires.
Les liens noués par les structures de réduction des risques avec le système de soins sont donc un grand avantage et permettent à celles-ci de jouer le rôle de porte d'entrée dans le système de soins.
Par exemple, le centre d'accueil et d'accompagnement à la réduction des risques pour usagers de drogues « First » de Villepinte, visité par la mission d'information, a conclu une convention avec l'hôpital Robert Ballanger, qu'il jouxte, ainsi qu'avec trois centres de soins, d'accompagnement et de prévention en addictologie. Il a également conclu un protocole de dépistage des maladies infectieuses avec le laboratoire d'analyse médicale de l'hôpital et travaille en liaison avec son service de psychiatrie, ce qui permet aux usagers le fréquentant d'avoir un accès facilité aux traitements de substitution aux opiacés, à des consultations en addictologie ou à des soins en médecine ambulatoire.
De telles initiatives sont tout à fait positives et méritent d'être largement promues et diffusées. Des partenariats entre centres d'accueil et d'accompagnement à la réduction des risques et structures de soins spécialisées, comme des services hospitaliers d'addictologie ou de psychiatrie ou des centres de soins, d'accompagnement et de prévention en addictologie, sont une démarche qu'il convient de généraliser.
Les structures de réduction des risques ont donc contribué à améliorer la santé des usagers de drogues et, partant, la santé publique. Pour autant, la situation sanitaire des toxicomanes reste très largement dégradée. Ce constat milite en faveur du renforcement de certaines actions, dans une démarche équilibrée et responsable.
* (186) Matthieu Chalumeau, Les CAARUD en 2008, analyse nationale des rapports d'activité ASA-CAARUD, Observatoire français des drogues et des toxicomanies, Focus, juillet 2010.