b) Un enjeu majeur pour les services de santé scolaire
Les services de santé scolaire ont un rôle majeur à jouer en matière de prévention, particulièrement en matière de prévention indiquée, qui implique une démarche individuelle de repérage. Mme Béatrice Tajan, secrétaire nationale adjointe du Syndicat national des infirmiers éducateurs de santé-UNSA a indiqué à cet égard : « L'enfant tenté par des conduites déviantes n'est pas facile à identifier. Quand des indicateurs se mettent au «rouge», en termes de réussite scolaire, de comportement dans le groupe ou de consommation de soins infirmiers, il faut réunir les informations, réfléchir aux moyens de travailler ensemble et définir un projet. » (131 ( * ))
Le rôle des infirmières scolaires, très demandeuses d'une formation et d'une spécialisation, est central de ce point de vue. Mme Béatrice Tajan a ainsi déclaré devant la mission d'information : « Je l'ai dit, les infirmières de l'Éducation nationale sont un des premiers acteurs de santé de proximité. Par leurs missions et leur place au sein des établissements, elles interviennent aussi bien de façon individuelle que collective dans la prévention, l'information et la mise en place d'une prise en charge auprès des intervenants, internes ou externes. Elles doivent développer l'estime de soi, prévenir le mal-être des élèves et organiser des actions de prévention. Elles doivent aussi recevoir le personnel, dispenser une information régulière sur les produits et les nouveaux modes de consommation pour mieux répondre à cette problématique, et mieux repérer les prises de risque. » Notons que le Conseil national de l'ordre des infirmiers travaille actuellement, en collaboration avec plusieurs universités, à un dispositif de formation qui permettrait d'offrir un diplôme aux infirmières déjà en place et de proposer à celles qui aspirent à le devenir une licence professionnelle centrée sur le milieu scolaire. C'est ainsi qu'on leur permettra d'assumer l'essentiel des responsabilités liées à la place de l'aspect médical au sein des établissements. « Nous avons besoin à la fois d'une médecine scolaire liée à une médecine communautaire et, au sein des établissements, d'infirmières à qui l'on donne des compétences étendues, donc des missions importantes de coordination, mais aussi d'écoute, d'accompagnement individuel et de «mise en lien» avec le système de soins », a expliqué Mme Dominique Le Boeuf, Présidente (132 ( * )) .
Par ailleurs, et conformément aux prescriptions du Plan de lutte contre les drogues et les toxicomanies 2008-2011, le Conseil national de l'ordre des infirmiers travaille actuellement, avec la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie, sur la notion de repérage des toxicomanes, le plan prévoyant la mise en place de formations des infirmiers scolaires dans ce domaine. Mme Dominique Le Boeuf a rappelé que l'Éducation nationale avait lancé un grand nombre d'expérimentations s'agissant du repérage et du suivi des élèves toxicomanes. Le rôle des infirmières scolaires est surtout de faire de la prévention, mais on leur demande de plus en plus d'être capables de détecter et d'orienter ces jeunes toxicomanes. Elles sont de plus en plus formées à percevoir les alertes, à y répondre et à assurer le suivi d'adolescents qui doivent absolument pouvoir trouver un interlocuteur au sein des établissements scolaires. C'est tout l'intérêt des expérimentations que l'Éducation nationale est en train de mettre en place, a indiqué Mme Dominique Le Boeuf : « Je pense notamment à ce que fait l'académie de Versailles : les infirmières scolaires y sont formées à repérer et orienter les jeunes à risque. Mais cela suppose que les structures auxquelles on peut adresser ces jeunes soient clairement identifiées. »
Vos rapporteurs tiennent à relever par ailleurs l'opportunité de tirer parti du travail des infirmières scolaires en exploitant de façon plus complète qu'à présent le cahier de l'infirmière scolaire afin de constituer une base de données, au niveau national, sur les consommations de produits psychoactifs par les élèves. Rappelons que, mis en place par une circulaire du ministère de l'Éducation nationale du 12 octobre 1995, le cahier de l'infirmière est composé de deux volets : le premier relève les mouvements et actes infirmiers ; le second répertorie l'ensemble des activités et actions collectives.
Il est intéressant de relever à cet égard une remarque de Mme Béatrice Gaultier, secrétaire générale du Syndicat national des infirmier(e)s conseiller(e)s de santé-FSU : « Notre syndicat regrette que le ministère de l'éducation nationale ait renoncé à analyser les statistiques du «cahier de l'infirmier», qui signale, outre le passage des élèves à l'infirmerie, l'accueil ou le soin qu'ils reçoivent et l'action éducative ou l'orientation qui leur est proposée. Mise en place par une circulaire de 2003, cette source de renseignements serait très utile pour comprendre l'état de santé et le comportement des élèves. » (133 ( * ))
* (131) Audition du 13 avril 2011.
* (132) Audition du 9 mars 2011.
* (133) Audition du 13 avril 2011.