CHAPITRE 4 - DES DIVERGENCES TOUCHANT LA SPHÈRE PUBLIQUE
On établit souvent une relation entre l'excédent extérieur allemand et la trajectoire tendancielle de ce pays vers l'équilibre, voire l'excédent de ses comptes publics. Cette relation peut être observée dans les faits.
Mais le sens qu'elle prend est plus controversé. Plutôt que de juger que l'excédent extérieur allemand place le pays sur une trajectoire d'excédents budgétaires on peut estimer que la relation va plutôt de la tendance à l'équilibre budgétaire vers l'excédent extérieur, avec des accidents de parcours notables, que de l'excédent extérieur vers l'équilibre budgétaire.
Autrement dit, ce n'est pas tant l'excédent extérieur de l'Allemagne qui entraîne la trajectoire qu'y suivent les équilibres des comptes publics que ses orientations budgétaires qui influencent ses performances extérieures. Celles-ci sont, en effet, en partie tributaires de la politique budgétaire allemande notamment en ce qu'elle tend vers un redressement structurel des finances publiques, quelle que soit la pente de la croissance économique.
Ce processus, qui privilégie le désengagement des interventions collectives, accentue les effets du partage primaire de la valeur ajoutée entre les salaires et les profits et nourrit la mécanique d'une affectation du revenu national vers l'épargne.
Cela ne signifie pas que la situation extérieure de l'Allemagne soit sans incidence sur sa position budgétaire.
Compte tenu du rôle qu'il joue dans la croissance en Allemagne, une augmentation du solde commercial s'y traduit par une amélioration des comptes publics.
Mais, à l'inverse, les orientations suivies par le pays dans le sens d'une activité tirée par l'extérieur, vulnérables du fait de la nature de ce régime de croissance, affectent d'une certaine fragilité la position budgétaire du pays.
Même si la position budgétaire allemande n'a pas été la seule concernée, la crise a largement remis en cause l'assainissement budgétaire réalisé depuis le milieu des années 2000.
Cette fragilité se double des risques liés pour l'Allemagne à l'alourdissement futur de ses engagements publics.
Dans ces conditions, les choix de politique budgétaire suivie par l'Allemagne pourraient ne pas atteindre leurs objectifs et au contraire, éloigner le pays de leur réalisation.
I. DES ORIENTATIONS BUDGÉTAIRES QUI DIVERGENT
A. VERS UNE POLITIQUE BUDGÉTAIRE ALLEMANDE DE PLUS EN PLUS INDIFFÉRENTE À LA CONJONCTURE ÉCONOMIQUE
1. Du parallélisme...
Après le réaménagement des comptes publics français du début des années 90, les politiques budgétaires des deux pays ont suivi des évolutions parallèles.
Pourtant, à partir de 2003, l'Allemagne semble adopter une politique budgétaire de plus en plus déliée de toute considération pour la situation économique et sociale du moment.
Alors qu'après la crise du début des années 90, la France avait enregistré des évolutions budgétaires de grande ampleur conduisant au rééquilibrage des comptes publics, l'Allemagne ayant suspendu ce processus après la réunification 50 ( * ) , les deux pays ont connu, par la suite, des orientations budgétaires plutôt en phase (malgré des évolutions pourtant très différentes autour de l'année 2000).
(*) Pour l'année 2006, les données résultent de prévisions dépassées en exécution.
Capacité de financement des administrations
publiques
Évolution 2000-2009
(en points du PIB)
Source : Eurostat
* 50 Sans toutefois que celle-ci ait déclenché une détérioration du solde public.