D. DES EFFETS MODÉRÉS SOUS L'ANGLE DES REVENUS COURANTS TIRÉS DES RELATIONS PATRIMONIALES AVEC LE RESTE DU MONDE

Estimée en 2008, la position extérieure de l'Allemagne est créditrice à hauteur de 25 % de son PIB tandis que celle de la France est débitrice (aux alentours de 17 % du PIB).

Position d'investissement international de l'Allemagne

Une partie substantielle de l'amélioration de la position créditrice de l'Allemagne est attribuable à l'actif net sur l'étranger des banques allemandes qui atteint 40 % du PIB du pays, sous cet angle, le plaçant en deuxième position après le Japon.

Pour les autres actifs, l'Allemagne est ainsi moins bien placée. Elle n'est qu'au sixième rang des pays de l'OCDE quand on se fonde sur le poids de leur position extérieure en termes de PIB ; et sa position globale avec 25 % du PIB est nettement inférieure à celle que détiennent les banques allemandes (40 % du PIB comme indiqué).

L'écart considérable entre les positions extérieures de la France et de l'Allemagne devrait se traduire par une différence sensible dans les revenus tirés de leurs situations patrimoniales à l'égard de l'étranger.

Revenus des investissements étrangers - Comparaison Allemagne France
(en milliards de dollars)

Or, si les évolutions respectives des positions extérieures des deux pays trouvent un prolongement dans celles des revenus nets courants de leurs investissements (nets), l'écart observé sous cet angle est loin de refléter les évolutions des positions extérieures respectives.

Négatifs en début de période (- 15,7 milliards de dollars) ces revenus deviennent positifs pour l'Allemagne à partir de 2004. Ils culminent à 60,7 milliards de dollars en 2008, soit l'équivalent de 1,8 % du PIB allemand.

Les revenus nets perçus par la France ont également progressé mais trois fois moins que pour l'Allemagne. En 2008, ils atteignent 27,9 milliards de dollars (contre un sommet de 30,9 milliards l'année précédente) soit environ 1 % du PIB français.

Le glissement de la position extérieure de la France en territoire négatif n'a pas empêché le pays de tirer des revenus positifs de sa situation patrimoniale envers le reste du monde.

Pour l'Allemagne, l'amélioration considérable de sa position extérieure (+ 1 156,6 milliards de dollars) se traduit par un résultat appréciable, avec un supplément net de revenu courant de 63,7 milliards de dollars, ce qui représente un rendement nominal de 5,5 % de l'actif net supplémentaire.

Les passifs français sont moins coûteux que les actifs ne sont rémunérateurs.

Le coût apparent des passifs français est inférieur à celui des passifs allemands, tandis que le rendement apparent des actifs allemands est supérieur. Mais des deux écarts le premier est supérieur au second si bien que le rendement net de la position extérieure de la France est supérieur à celui perçu par l'Allemagne.

Ces observations peuvent surprendre si l'on se réfère aux écarts de taux d'intérêt débiteurs observés récemment, notamment sur les dettes souveraines.

Mais, trois considérations doivent être prises en compte :

En premier lieu, les écarts de taux d'intérêt débiteurs ne se sont vraiment creusés qu'en fin de période si bien que les stocks de passifs n'en portent encore que marginalement la trace. À l'avenir, l'écart entre le coût de financement de la France et celui de l'Allemagne, aujourd'hui à l'avantage du premier pays, pourrait subir les effets de l'écart grandissant des coûts de financement des dettes.

En second lieu, les structures de financement des deux pays peuvent varier de sorte que les différences structurelles jouent sur la dynamique des coûts associés aux passifs.

Enfin, il n'est pas illogique que l'existence d'un rendement des capitaux propres supérieur en Allemagne se répercute sur le rendement courant des passifs engagés dans ce pays.

En bref, jusqu'à présent, la France n'a pas trop souffert de la dégradation de sa position extérieure puisque, malgré ce processus, et l'existence d'engagements supérieurs à ses créances sur l'étranger, celle-ci perçoit de l'extérieur davantage de revenus qu'elle ne lui en verse.

De son côté, l'Allemagne perçoit de plus en plus de revenus nets provenant de l'extérieur l'augmentation plus limitée de ses actifs bruts sur le reste du monde ayant été compensée par un recours plus modéré à l'endettement et par un taux de rendement courant de ses actifs supérieur à celui perçu par la France.

Une différence importante doit être soulignée. Les revenus perçus au titre des investissements directs et des investissements de portefeuille sont proches (192,2 et 178,6 milliards de dollars en 2008 pour l'Allemagne et la France). En revanche, les deux pays diffèrent sensiblement pour les autres revenus (120,9 et 71,6 milliards respectivement).

Cet écart traduit la différence structurelle entre les actifs des deux pays résultant de l'option privilégiée par l'Allemagne pour une intermédiation financière de ses excédents.

Les risques auxquels sont exposés les actifs extérieurs des deux pays sont différents : monétaires et financiers pour l'un ; plus macroéconomiques pour l'autre.

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