B. LE TÉMOIGNAGE D'UN TISSU PRODUCTIF MOINS SEGMENTÉ EN ALLEMAGNE
Cette observation quantitative alimente des observations plus qualitatives portant sur la solidité des PME industrielles allemandes et sur ses effets sur l'exposition des deux économies aux tendances actuelles de la vie économique.
La densité relativement élevée des PME allemandes par rapport à la France semble témoigner à la fois d'une capacité supérieure des petites entreprises à grandir dans ce pays, et d'une meilleure résistance des PME allemandes dans le contexte d'économie globalisée et financiarisée du moment.
De fait, si le nombre des entreprises industrielles a décliné dans les deux pays, le recul a été plus net en France qu'en Allemagne.
Évolution du nombre total d'entreprises
dans
l'industrie manufacturière entre 1996 et 2007
Dans ces conditions, le rapport du nombre des entreprises du secteur manufacturier allemand sur les entreprises françaises du même secteur qui, en 1996, était en dessous du ratio des populations actives des deux pays, a sensiblement augmenté. Il dépasse aujourd'hui celui des populations salariées dans chaque pays malgré le nombre très élevé des très petites entreprises industrielles en France.
Évolution du ratio du nombre total d'entreprises allemandes au nombre total d'entreprises françaises dans l'industrie manufacturière entre 1996 et 2007
Ces évolutions ont été concomitantes avec une meilleure résistance de l'emploi industriel en Allemagne.
En 1999 pour un salarié travaillant dans l'industrie en France il y avait 1,92 salarié dans l'industrie en Allemagne. En 2007, cette proportion atteint 2,13 salariés.
En outre, ces différences s'accompagnent d'écarts sensibles quant aux sources des chiffres d'affaires des entreprises des deux pays relevant de dimensions comparables.
Globalement, les entreprises allemandes exportent plus que les entreprises françaises.
Ce constat se vérifie à chaque niveau d'entreprises des plus petites (de 1 à 19 salariés) aux plus grandes (+ de 500 salariés).
Deux résultats sont à mettre particulièrement en évidence :
dès la plus petite taille (de 1 à 19 salariés), les entreprises allemandes exportent une partie significative de leur production, proportion que les entreprises françaises ne rejoignent vraiment qu'à partir du seuil des 100 salariés ;
les très grandes entreprises (à partir de 500 employés) allemandes consacrent une part de leur production à l'exportation beaucoup plus élevée que pour leurs homologues françaises.
Quoiqu'il en soit, même si les performances à l'exportation sont dans les deux pays principalement le fait des très grandes entreprises, l'accès aux marchés internationaux à partir de l'Allemagne y est plus large et peut concerner des entreprises de très petite dimension.
Ceci témoigne d'une capacité des PME allemandes à diversifier leurs sources de revenus plus forte qu'en France.