B. L'INTÉGRATION RÉGIONALE : AXE FONDAMENTAL DE LA POLITIQUE ÉTRANGÈRE BRÉSILIENNE

1. Un rôle actif dans la marche vers un continent plus organisé et plus soudé

Le premier axe fondamental de la politique étrangère du Brésil, qui est également le plus ancien, reste la promotion de l'intégration régionale.

Cette intégration régionale relève aujourd'hui davantage du discours et du projet que de la réalité concrète. Les organisations régionales se sont multipliées sur le continent américain, avec des résultats limités au plan politique, en raison des divergences notables de points de vues entre les gouvernements, et encore moins tangibles au plan économique.

Le Brésil est membre de plusieurs organisations, allant du Mercosur, marché commun qu'il a institué avec l'Argentine, le Paraguay et l'Uruguay, à l'Organisation des Etats américains, qui regroupe tous les Etats d'Amérique du Sud, d'Amérique centrale et d'Amérique du Nord.

Le Mercosur , fondé en 1991 par le Brésil, l'Argentine, le Paraguay et l'Urugay constitue sans doute la forme la plus approfondie d'intégration régionale, puisqu'il a vocation à établir la libre circulation des biens et des services, à rapprocher les politiques économiques et à harmoniser les législations des Etats membres. Il s'est récemment doté d'un Haut représentant et s'efforce de renforcer les mécanismes d'intégration. Le Venezuela a vocation à devenir le cinquième pays membre du Mercosur. Il a signé un protocole d'adhésion en 2006 mais sa pleine participation est suspendue à l'approbation du Parlement paraguayen, plusieurs fois repoussée.

Au cours de ces dernières années, et par delà les aléas qu'ont pu connaître ces différentes organisations, le Brésil a poursuivi deux objectifs avec une grande constance.

Le premier a été de contenir l'influence des Etats-Unis en Amérique latine, notamment au plan économique. A ce titre, le Brésil a joué un grand rôle dans l'échec du projet de zone de libre-échange des Amériques, qu'il jugeait trop favorable aux intérêts de Washington. Cela n'empêche pas les deux pays de chercher à trouver, à titre bilatéral, des terrains d'intérêt mutuel.

Le deuxième objectif aura été de rendre plus cohérente l'organisation politique des pays latino-américains, en jouant un rôle fédérateur, en s'affirmant progressivement comme leur porte-parole naturel et en veillant à ne pas donner prise, à son tour, à des accusations d'hégémonie. On peut souligner que l'attention portée à la dimension régionale constitue une originalité de la politique extérieure du Brésil, au regard de celle des autres « grands émergents » que sont la Chine et l'Inde.

Ces efforts trouvent leur traduction dans le traité signé en 2008 à Brasilia instituant une Union des Nations d'Amérique du Sud, l' UNASUR , englobant tous les pays du sous-continent, dans lequel le Brésil voit surtout un instrument de stabilité régionale et une enceinte de coopération sur des thèmes d'intérêt commun tant économiques, politiques que sociaux. Il faut souligner que dans le cadre de l'UNASUR a été mis en place un Conseil sud-américain de défense, organe de consultation, de coopération et de coordination en matière de défense destiné à faciliter des coopérations opérationnelles et à renforcer la confiance entre les pays membres.

Le Brésil a également contribué à la constitution prochaine de la Communauté des Etats d'Amérique latine et des Caraïbes ( CELAC ) qui réunira tous les Etats d'Amérique excepté les Etats-Unis et le Canada.

Ces organisations constitueront avant tout des forums politiques. Leur degré d'intégration restera limité.

Il est sans doute encore prématuré de parler de véritable leadership régional pour le Brésil, d'autant qu'il récuse lui-même cette notion. Les limites de son influence sont apparues lorsqu'il a tenté d'arbitrer certains conflits, par exemple entre le Venezuela et la Colombie.

Force est de constater cependant que le Brésil est parvenu à désarmer une grande partie des préventions qui pouvaient s'exprimer à son encontre. Il entend également démontrer que son statut de géant économique en devenir n'exclut pas une certaine solidarité continentale.

Lors de l'entretien qu'il a accordé à la délégation, M. Guilherme Patriota a souligné la « vision généreuse » que le Brésil avait de ses relations avec les pays voisins. Ainsi, le Sénat brésilien vient de ratifier un traité qui donne en partie satisfaction à une vieille revendication du Paraguay sur les bénéfices du barrage d'Itaipu, frontalier entre les deux pays. Le Paraguay va pouvoir tripler le prix auquel il revend au Brésil une partie de l'électricité produite par ce barrage.

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