2. Des vulnérabilités persistantes
Le Brésil n'a que modérément ressenti les effets de la crise mondiale, avec une croissance légèrement négative de 0,6 % en 2009 suivie d'un regain de 7,5 % en 2010. D'ici 2015, les prévisions tablent sur un rythme de croissance de l'ordre de 5 % par an , qui n'est pas le plus élevé des pays émergents, mais qui reste néanmoins très soutenu.
Ces perspectives - et les atouts fondamentaux précédemment rappelés - ne doivent pas masquer certaines vulnérabilités persistantes.
Au plan conjoncturel, l'économie brésilienne est confrontée à de fortes tensions inflationnistes et des taux d'intérêt très élevés .
L'inflation, qui n'était que de 3,6 % en 2006, a atteint 6,2 % en 2010.
Face aux risques de surchauffe, les taux d'intérêt ont dépassé 12 % ce printemps, soit un taux d'intérêt réel de près de 6 %.
Ces taux élevés renforcent l'attractivité du Brésil pour les capitaux étrangers et contribuent à la surévaluation de la monnaie brésilienne , le real, qui serait au moins de l'ordre de 25 % selon le FMI. La parité du real handicape les exportations - avec une chute des exportations de produits transformés - et freine le développement des industries locales.
Si le Brésil est toujours en situation d'excédent commercial, il le doit de plus en plus aux exportations des matières premières et se trouve ainsi plus exposé à d'éventuelles variations des cours.
A ces difficultés d'ordre conjoncturel s'ajoutent d'autres faiblesses structurelles.
Si la pauvreté a reculé, le Brésil demeure marqué par de très fortes inégalités , que ce soit en termes de revenus, d'accès à l'éducation ou de disparités régionales.
L'émergence d'une classe moyenne est une réalité, mais les favelas le sont aussi et le défi de la cohésion sociale reste pour le Brésil l'un des plus importants à relever.
La criminalité et le crime organisé restent l'une des plaies des grands centres urbains brésiliens. Le taux d'homicides est vingt-cinq fois plus élevé qu'en France 2 ( * ) .
En dépit d'un effort d'investissement notable, les besoins demeurent considérables dans le domaine des infrastructures et de la satisfaction des besoins collectifs dans la santé, l'éducation, le logement ou les transports.
Enfin, la productivité de l'économie pourrait être meilleure sans une certaine lourdeur du cadre légal et des procédures bureaucratiques.
* 2 25 pour 100 000 habitants au Brésil.