B. FONDER SA CRÉDIBILITÉ SUR LES MESURES STRUCTURELLES PLUTÔT QUE SUR L'OBJECTIF DE SOLDE NOMINAL
1. Un objectif de 3 points de PIB en 2013 probablement hors de portée si les autres Etats européens mènent une politique analogue à celle conduite en France
Il est vraisemblable que si la France décidait de tout mettre en oeuvre pour ramener son déficit à 3 points de PIB en 2013, d'autres Etats feraient de même. L'objectif ne pourrait être atteint par aucun Etat, les politiques très restrictives qui seraient alors menées réduisant fortement la croissance.
L'objectif, fixé par le Conseil à la quasi-totalité des Etats membres - et en particulier à la France - de ramener leur déficit en dessous de 3 points de PIB en 2013, paraît en effet collectivement inatteignable.
Certes, un tel objectif correspond à une réduction du déficit d'environ « seulement » trois points de PIB en trois ans, soit 1 point de PIB par an. Cependant, il faut prendre en compte le fait que les mesures de réduction du déficit ont un impact négatif sur la croissance, réduisant l'amélioration finale du déficit.
Si l'on retient, au niveau de la zone euro, une hypothèse de multiplicateur budgétaire de 0,6 - comme dans le cas du « scénario neutre » -, l'effort nécessaire est de 1,4 point de PIB par an, ce qui tend à déprimer le PIB de 0,8 point par an, et à condamner la zone euro à plusieurs années de croissance très faible. Si l'on retient une hypothèse de multiplicateur budgétaire de 1,2 - comme dans le cas du « scénario pessimiste » -, l'effort nécessaire est de 2,5 points de PIB, ce qui tend à déprimer le PIB de 3 points par an, ce qui équivaut à plonger la zone euro dans une nouvelle récession.
Naturellement, toutes ces analyses n'intègrent pas l'hypothèse d'un fort renchérissement du coût de la dette, au cas où la défiance des marchés financiers à l'égard de la zone euro s'aggraverait sensiblement.
2. Une stratégie de consolidation budgétaire dont le succès ne doit pas dépendre des fluctuations de la conjoncture
La crédibilité de l'engagement de la France en faveur de l'ajustement de ses comptes publics reste à conquérir.
Compte tenu des incertitudes sur l'évolution de la conjoncture et des effets conjugués des plans mis en oeuvre simultanément en Europe, qui rendent aléatoires les objectifs de solde effectifs, il importe que la France tienne les engagements qu'elle a pris et dont la réalisation dépend des décisions politiques de ses dirigeants, et que l'ampleur de ses décisions résulte d'une analyse économique réaliste.