II. LES MESURES À PRENDRE
A. LES PRINCIPES STRATÉGIQUES
Une politique commune au Moyen-Orient doit être, à notre avis, guidée par trois grands principes.
1. Donner la priorité au conflit israélo-palestinien
Le conflit israélo-palestinien empoisonne la situation au Moyen-Orient. Mais ne soyons pas dupes. Il est manipulé par les uns et par les autres à des fins de politique extérieure aussi bien qu'intérieure. Peu s'en soucient vraiment. Les Palestiniens et les Israéliens sont les seuls à en pâtir.
Pourtant, tous les tenants et les aboutissants permettant de conclure la paix sont bien connus. Il ne manque que les partenaires pour la signer.
Les puissances occidentales doivent concentrer leurs efforts sur la résolution de ce conflit et s'engager avec la plus grande détermination sans se laisser dévier de cet objectif important pour la survie du peuple palestinien et la sécurité des Israéliens.
Cela ne mettra pas fin à tous les conflits en cours, mais réduira les tensions et apaisera le ressentiment anti-occidental. Il en va de notre propre sécurité.
2. Déconnecter le traitement des conflits
Au Moyen-Orient, plus que dans toute autre région du monde, la politique extérieure est utilisée à des fins de politique intérieure. C'est vrai en Iran. C'est vrai en Israël. Et c'est vrai dans beaucoup d'autres Etats de la région tels que la Syrie ou l'Irak.
Les préoccupations électorales de Tzipi Livni et de Ehud Barak ont joué un grand rôle dans le déclenchement de l'offensive contre le Hamas dans la bande de Gaza. La dictature au pouvoir en Iran s'efforce par tous les moyens, y compris les faux aveux publics comme du temps de l'Union soviétique, de montrer que les troubles post électoraux ont été fomentés par l'extérieur, en désignant la Grande-Bretagne et les Etats-Unis. En Syrie, les Assad jouent de leur ligne dure anti-israélienne et anti-occidentale pour museler le peuple qui souffre de la dictature et d'une transition économique contrôlée mais dont les plus grands bénéficiaires sont les membres du clan au pouvoir.
Dans ce contexte, tout semble interconnecté. Les acteurs politiques font du reste tout leur possible pour accroître cette impression de confusion. Le Premier ministre israélien s'est efforcé de lier les progrès sur le dossier palestinien au règlement de la question iranienne, c'est-à-dire à l'arrêt de son programme nucléaire. Quant aux dirigeants iraniens, ils instrumentaliseraient une attaque israélienne pour renforcer la répression interne et se poser comme les seuls vrais résistants à l'Occident dans le monde musulman.
Il est donc impératif de déconnecter les conflits et de refuser de conditionner, par exemple, les avancées sur le dossier palestinien à celles sur le dossier iranien.