B. LA POLITIQUE DE LA FRANCE DANS LES PAYS DE VIEILLE PRÉSENCE FRANÇAISE : LIBAN, SYRIE, EGYPTE
Les liens historiques et affectifs de la France au Liban sont aussi anciens qu'importants et connus de tous.
Rappelons que, dans les années 1990, la France s'était retrouvée « piégée » au Liban devenu un enjeu entre Israël, soutenu par les Etats-Unis, la Syrie qui s'appuyait sur l'URSS et l'Iran qui instrumentalisait la milice Amal avant de miser sur le Hezbollah. Les prises de position de la France en faveur de l'indépendance libanaise l'ont exposée à une vague d'attentats sans précédents : assassinat de l'ambassadeur Louis Delamare à Beyrouth le 4 septembre 1981 par des Libanais du parti chiite Amal, probablement sur instruction de Téhéran ; attentat de la rue des Rosiers le 9 août 1982 ; attentat-suicide contre l'immeuble Drakkar à Beyrouth qui cause la mort de 58 soldats français (241 soldats américains sont tués le même jour)...
François Mitterrand, conscient que la France faisait face à l'hostilité de la Syrie à cause du Liban, à l'hostilité de l'Iran à cause de son soutien à l'Irak, et à celle de la Libye à cause de sa politique tchadienne, sans parler de la tension qui caractérisait en permanence ses rapports avec Israël, opta alors pour un désengagement du Liban, en particulier, et du Moyen-Orient en général. Notre pays ne joua qu'un rôle limité dans la mise au point des accords de Taëf en 1990, qui mirent fin à la guerre du Liban et consacrèrent la légitimité de la tutelle syrienne sur ce pays.
Sous la présidence de Jacques Chirac, la politique de la France au Liban fut marquée par le gel des relations diplomatiques avec la Syrie, à la suite de l'assassinat du Premier ministre Rafic Hariri.
Aujourd'hui, nos relations avec le Liban sont redevenues excellentes. La France persévère dans son attachement à la légalité internationale et à l'Etat libanais, seul détenteur légitime de l'usage de la force. Mais elle a pris acte de l'importance politique du Hezbollah, qui s'est inséré dans le jeu politique, tout en développant ses capacités militaires.
Avec la Syrie, depuis 1946, les liens sont restés forts, mais le dialogue fut souvent tendu en raison des positions de nos deux pays sur le Liban. Ce fut le cas, en particulier, à partir de 2004 et plus encore en 2005 avec l'assassinat de Rafic Hariri, que les dirigeants syriens furent soupçonnés d'avoir commandité.
Ce fut le Président Nicolas Sarkozy qui décida de renouer le fil du dialogue, ce qui faillit mettre à mal les relations de la France avec l'Arabie saoudite. La venue du Président Bachir el-Assad au défilé du quatorze juillet 2008, puis la visite du Président Nicolas Sarkozy à Damas ont grandement contribué à sortir la Syrie de son isolement diplomatique.
Il semble aujourd'hui que cette stratégie audacieuse était la bonne, comme l'atteste la nomination d'un ambassadeur américain à Damas et la reprise d'un dialogue entre l'Arabie saoudite et la Syrie.
Les relations de la France avec l'Egypte sont moins passionnées qu'avec le Liban ou la Syrie. Toutefois, notre coopération culturelle, scientifique et technique est ancienne et qualitativement significative. Elle est largement orientée vers la promotion du français et la formation des élites. Outre la formation de quelques milliers d'étudiants en France, la coopération universitaire franco-égyptienne repose sur une implantation dans les plus grandes universités égyptiennes et sur l'Université française d'Egypte.
Le rôle actif joué par la diplomatie égyptienne dans le conflit israélo-palestinien, conjugué à la large convergence de vue entre les dirigeants égyptiens et français font du Caire un allié et un partenaire de notre pays dans la région.