2. ... qu'il est essentiel de conforter
Ainsi qu'il a été dit précédemment, la croissance exponentielle des secteurs cinématographique et audiovisuel doit nous inciter à renforcer notre coopération et notre présence en Inde.
Les principaux groupes de médias, suivis par quelques groupes industriels, procèdent actuellement à une diversification accélérée de leurs activités afin de couvrir l'ensemble de la gamme disponible : de la radio à la télévision en passant par la presse et l'internet (en particulier mobile).
Dans un contexte de multiplication des canaux et d'intensification de la concurrence, l'acquisition de droits et d'exclusivité, dans le domaine du cinéma en particulier, devient essentielle et le besoin en « contenus frais » plus grand.
L'ouverture prochaine à l'investissement direct étranger est une nouvelle donne qui doit nous inciter à nous imposer dès à présent dans le paysage audiovisuel indien en nouant des partenariats pour la fourniture de programmes ou la distribution, notamment de films, avec des opérateurs locaux. On constate d'ailleurs un accroissement des investissements étrangers dans le secteur, avec la présence notamment des « majors » américaines.
Plus de 100 millions de personnes en Inde sont susceptibles de s'intéresser aux médias étrangers , et à la culture française en particulier. Il est important de souligner que le sous-titrage ne constitue pas un frein car le public éduqué y est habitué, ainsi que le montrent les tests effectués par le poste dans le domaine de la diffusion des films français, même s'il est certain qu'une diffusion en hindi et dans une des langues du sud 6 ( * ) permettrait d'élargir sensiblement le public potentiel.
En effet, le sous-titrage est pratiqué principalement par les chaînes d'information indiennes en anglais pour traduire les propos de personnes s'exprimant dans leur langue locale dans les interviews. Certaines chaînes de cinéma y ont également recours aujourd'hui, pour la diffusion de films en version originale avec des sous-titres en anglais ou en hindi.
Précisons que la langue anglaise est maîtrisée par la classe moyenne et l'élite, soit par 10 % environ de la population, c'est-à-dire plus de 100 millions de personnes, dont la quasi-totalité réside dans les grandes villes du pays. Mais on peut aisément évaluer à 250 millions le nombre de personnes comprenant l'anglais.
Le bureau de coopération linguistique de l'ambassade évalue le nombre de personnes qui apprennent la langue française à plus 300 000 et la totalité des indiens qui le comprennent à plus de 1,5 million.
Certains freins à la diffusion de nos films existent néanmoins :
- la censure est très présente et sévère en Inde ;
- le prix des billets est encore très faible, mais le marché va fortement croître en valeur. Ceci n'a d'ailleurs pas échappé aux majors américaines, qui ont ouvert des bureaux à Bombay (imaginez que la Warner emploie 75 salariés en Inde !) ;
- une taxe à l'importation de films étrangers a été mise en place. Elle est très élevée (de l'ordre de 50 % des droits versés aux producteurs) ; nous devrions faire valoir une clause de réciprocité car nous n'imposons pas ce type de droit à l'importation de films indiens.
Dans ce contexte, ainsi qu'il a été dit, les pouvoirs publics français ont fait de gros efforts depuis 3 ans, en exposant gratuitement des films français pour tester le marché, et l'Inde est aujourd'hui une priorité d'Unifrance.
Votre délégation émet le voeu que la France continue d'assurer la présence d'un attaché audiovisuel à Bombay et que, parallèlement, les professionnels français prennent le relais et s'investissent davantage dans ce pays. Le CNC pourrait peut-être les y aider davantage, des réflexions étant conduites sur les aides à l'exportation.
Les distributeurs de films français que nous avons rencontrés à Bombay ont insisté sur le fait qu'en se concentrant sur 6 à 8 grandes villes, ils pourraient toucher un public de 25 millions de personnes.
Nos efforts devraient aussi porter sur les points suivants :
- tourner davantage de films en anglais ainsi que de films doublés dans des langues indiennes ;
- accroître les aides à la promotion et à la distribution de nos films ;
- avoir conscience qu'un développement commercial suppose un ancrage culturel préalable (à l'heure actuelle, les Alliances françaises et ciné-clubs accueillent environ 300 000 spectateurs friands de films français) ;
- par ailleurs, renforcer l'attractivité de notre pays pour ce qui concerne les tournages. Ceci permettrait aussi de contribuer au renforcement du tourisme indien dans notre pays : il augmente de 15 à 20 % par an et concerne environ 200 000 personnes.
* 6 Voir l'annexe 4 sur les langues indiennes.