3. Des perspectives prometteuses
Notre pays a certes déjà développé des partenariats avec un certain nombre d'universités indiennes, mais il est nécessaire et urgent de les renforcer.
A l'occasion de sa visite de l'université de Delhi , votre délégation a constaté qu'elle avait déjà établi des partenariats avec plusieurs universités françaises (Rennes 2, Lyon 3 et Paul Cézanne à Aix-en-Provence) ainsi qu'avec l'école de commerce de Pau. Par ailleurs, l'un des collèges de l'université a signé 4 accords (avec l'INP (groupe d'écoles d'ingénieurs) de Grenoble, l'ENSICA (Ecole nationale supérieure d'ingénieurs de constructions aéronautiques), le groupement des écoles des Mines et l'Ecole supérieure de commerce de Grenoble) et deux accords sont « sur les rails » avec l'école Polytechnique et l'INT Télécom à Paris. Les échanges d'étudiants et d'enseignants vont donc se renforcer.
Toutefois, compte tenu du grand potentiel de l'université de Delhi (avec ses 14 facultés, plus de 85 départements universitaires et 79 collèges), Mme Valérie Pécresse, ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche, a souhaité, à l'occasion de sa visite en Inde en janvier dernier, une augmentation du nombre de ces partenariats. Précisons que cet établissement accueille 100 000 étudiants en licence, 25 à 30 000 dans les cursus post-licence. En outre, dans le cadre de l'enseignement à distance, elle est accessible à 200 000 étudiants supplémentaires. Enfin, elle accueille chaque année 1.500 étudiants étrangers.
Par ailleurs, on peut se réjouir des liens forts et anciens (depuis 1970) entre des universités françaises et l'université Jawaharial Nehru (JNU) de Delhi , notamment au travers de son Centre d'études françaises. Cette université accueille environ 300 étudiants étrangers, dont 10 % de Français. Son approche est pluridisciplinaire et elle est renommée pour ses compétences en sciences humaines et sociales ainsi qu'en sciences de l'environnement.
Son recteur a fait part à votre délégation de la nécessité pour son établissement de développer la coopération internationale « à tous les niveaux : son organisation, sa politique de recherche, la mobilité des étudiants et des enseignants-chercheurs ». Il a souhaité que des projets d'accords concrets puissent être conclus avec la France dans cette perspective et qu'ils comprennent un volet financier. Votre délégation partage son souhait de se concentrer sur des projets viables en vue d'une coopération approfondie. Ont ainsi été évoquées la reconnaissance mutuelle des diplômes grâce au transfert des « crédits ECTS » (liés au LMD), la codirection de thèses, des associations d'établissements et la perspective de délivrer des doubles diplômes.
Plus généralement, les immenses besoins de l'Inde pour former ses élites ouvrent un champ très vaste de coopération. Il nous appartient de faire valoir la qualité de notre ingénierie pédagogique et d'en faire profiter ce pays.
Lors de la dernière Commission Mixte pour la Science et la Technologie, la France et l'Inde se sont accordées sur le fait que, parallèlement à la coopération en recherche fondamentale et en sciences particulièrement, la coopération entre universités et établissements d'enseignement supérieur doit être soutenue, adaptée, structurée et accrue.
A cet égard, deux nouveaux projets contribuent à la structuration et au renforcement de notre coopération universitaire :
- la « cyber-university », en cours d'élaboration autour de l'enseignement à distance -d'abord par satellite et, aujourd'hui, par internet- en mathématiques appliquées, dans un premier temps entre le Pôle Universitaire Européen de Toulouse et l'Institut Indien de la Science (IIS) de Bangalore, puis en génie aéronautique et spatial et, par la suite, en génie industriel, design et informatique. Ce programme très intéressant, qui a démarré en 2003, a été présenté in situ à votre délégation ;
- le « collège doctoral franco-indien », non encore officiellement créé, mais dont le principe doit être évoqué par les instances universitaires des deux pays.
Le projet de formation à la recherche et de recherche présenté par le pôle universitaire de Grenoble dans le cadre du programme ARCUS devrait également jouer un rôle important dans le développement des échanges scientifiques et académiques.
En outre, deux programmes ont été lancés en 2008 , en vue de :
- développer l'accueil d'étudiants indiens en France, notamment de doctorants, encore trop peu nombreux, et privilégier les échanges d'étudiants sur le principe de réciprocité , trop peu de jeunes Français complétant leur formation en Inde ;
- ouvrir une université franco-indienne à Delhi , le cas échéant en 2009. Ce projet, lancé par Mme Valérie Pécresse et porté par le ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche, tend à favoriser à la fois des cursus intégrés, des procédures de double diplômation, et surtout de privilégier les thèses en cotutelle ou en codirection. Il semble cependant que la partie indienne demeure réservée sur ce projet d'université et sur son financement. Il s'agirait de créer un secrétariat franco-indien -qui a vocation à demeurer une structure légère- et de créer un conseil scientifique universitaire.
Deux accords importants ont toutefois été récemment conclus :
. l'accord sur le consortium franco-indien d'universités a été signé le 28 janvier 2008, pour la partie française par le président de la CPU (Conférence des présidents d'université) et un représentant de la CDEFI (conférence des écoles d'ingénieurs). Ce consortium a vocation à préfigurer l'université franco-indienne, mais il ne prévoit cependant que des accords universitaires classiques.
. l'accord franco-indien pour la reconnaissance mutuelle des masters et doctorats. Ce projet, porté par la partie académique française, permettrait de fluidifier les échanges d'étudiants en facilitant les équivalences.