2. Les demandeurs d'emploi, plus exposés au risque de pauvreté
a) Une part importante de chômeurs non indemnisés
Au mois d'avril 2008, on comptabilisait 2,2 millions de chômeurs indemnisés (chômage, formation et préretraites) soit une baisse de plus de 6 % sur les douze derniers mois. Hors formation et préretraites, environ 2 millions de demandeurs d'emploi étaient indemnisés, dont environ 20 % pris en charge par l'Etat au titre de la solidarité (ASS, AI, ATA, AER, ...), les 80 % restants l'étant au titre de l'assurance chômage (allocation d'aide au retour à l'emploi [ARE], ancienne allocation unique dégressive [AUD], allocation chômeurs âgés [ACA]).
Mais la part des chômeurs indemnisés ne représente que moins de 61 % des demandeurs d'emploi (environ 3,45 millions). Ainsi, quatre chômeurs sur dix ne bénéficient d'aucune indemnisation . Cette situation résulte des réformes intervenues en 2004 et en 2006, qui ont restreint les conditions d'accès au régime d'indemnisation et renforcé les contrôles et le suivi des bénéficiaires, réduisant de fait la durée moyenne de perception des allocations.
b) Plus d'un tiers des chômeurs vit au-dessous du seuil de pauvreté
Dans le rapport précité, l'ONPES estime à 34 % la part des chômeurs ayant un niveau de vie inférieur au seuil de pauvreté européen . Si cette part est relativement importante au regard de celle des personnes en activité (moins de 7 %), elle démontre néanmoins la capacité du système de protection sociale français à préserver de la pauvreté près de deux tiers des chômeurs. En effet, le montant mensuel moyen d'indemnisation des bénéficiaires de l'ARE, qui s'élevait au 30 septembre 2007 à 1 075 euros, est supérieur au seuil de pauvreté de 817 euros : les chômeurs non indemnisés sont en moyenne deux fois plus exposés au risque de pauvreté que les chômeurs bénéficiant d'une prise en charge financière par l'assurance chômage ou par l'Etat.
Toutefois, une étude récente 63 ( * ) montre que le système d'assurance chômage n'est pas le seul élément protecteur des demandeurs d'emploi contre le risque de pauvreté. La situation des demandeurs d'emploi, qu'ils soient indemnisés ou non, s'améliore en effet considérablement, lorsqu'ils vivent avec d'autres « apporteurs de ressources ». Le complément apporté peut prendre la forme de revenus d'activité ou de prestations sociales (allocations familiales, allocations logement majorées par la présence de plusieurs personnes dans le logement, etc.).
c) L'éloignement durable du marché du travail augmente le risque de pauvreté et d'exclusion sociale
En outre, la durée passée au chômage joue un rôle non négligeable dans les parcours individuels de réinsertion. Pour cette raison, une durée de chômage supérieure devrait constituer un véritable signal d'alerte pour les pouvoirs publics : plus cette durée est longue, plus il est difficile de retrouver un emploi et de se réinsérer. Des mesures ciblées ont d'ailleurs été prises pour favoriser l'embauche des chômeurs de longue durée, mais la part qu'ils représentent encore dans l'ensemble demeure préoccupante : en 2006, 42 % des demandeurs d'emploi (au sens du BIT) étaient au chômage depuis plus d'un an , dont plus de 20 % depuis deux ans et plus.
Si l'on ajoute les demandeurs d'emploi inscrits depuis plus de deux ans (400 000 environ à la fin de 2006) aux allocataires du RMI qui se trouvent dans la même situation, on compte plus de 800 000 personnes en difficulté durable sur le marché du travail que l'ONPES qualifie de « noyau dur » de la pauvreté .
* 63 Drees, Etudes et résultats, « Situation sur le marché du travail et pauvreté monétaire » - n° 499, juin 2006.