c) Des clusters dans la microélectronique ayant une vraie taille critique
Trois clusters existent en Europe dans le secteur de la microélectronique, qui établissent un partenariat solide entre les entreprises de haute technologie, les centres de recherche et les universités. Ils sont situés à Dresde (Allemagne), à Grenoble et à Eindhoven/Nijmegen (Pays-Bas).
- La Silicon Saxony de Dresde
Le poids du cluster allemand peut être mesuré par les chiffres suivants.
En 2007, 243 entreprises étaient répertoriées sur le site de Dresde, dont AMD (3.500 salariés, 5,4 milliards d'euros d'investissement depuis 1995), Infineon/ Qimonda (6.000 salariés, 5 milliards d'euros d'investissement depuis 1993), Siltronic et Toppan.
Au total, la Silicon Saxony a permis la création de 16.000 emplois directs et de 40.000 emplois indirects. 11 milliards d'euros d'investissements privés ont été comptabilisés entre 2002 et 2007 pour 1,5 milliard d'euros d'investissements publics.
Plusieurs grands centres de recherche ont également été créés.
Ainsi, en 2002, les sociétés AMD, DuPont, Photomask et Infineon ont créé le centre de technologie avancée pour les masques (Advanced Mask Technology Center).
De même, le centre Fraunhofer des technologies nanoélectroniques (Fraunhofer - Center Nanoelektronische Technologien) associe un centre de recherche public à deux industriels (Qimonda et AMD) dans le but de développer des solutions innovatrices pour améliorer les procédés de production.
Enfin, le centre de recherche NAMLAB résulte d'un joint venture entre l'université technique de Dresde et Qimonda. Il concentre ses recherches sur les matériaux pour les mémoires volatiles et non volatiles et sur l'intégration de ces matériaux dans des composants dont la résolution de gravure est inférieure à 30 nm.
- Minatec/Minalogic à Grenoble
L'écosystème développé à Grenoble s'appuie sur le pôle d'innovation en micro et nanoélectronique Minatec et le pôle de compétitivité Minalogic.
Minatec a été inauguré en 2006. Il vise à créer à Grenoble le premier centre européen pour les micro et nanotechnologies avec les caractéristiques suivantes :
- une unicité de lieu pour permettre la concentration des moyens et des compétences ;
- une masse critique suffisante pour constituer l'un des futurs pôles au niveau international. Ainsi, 3.500 ingénieurs, chercheurs et universitaires travaillent sur le site de Minatec autour des équipements et des moyens technologiques les plus avancés ;
- une pluridisciplinarité pour anticiper et accompagner la complexité des produits ;
- une synergie entre chercheurs « amont », chercheurs « appliqués » et industriels pour accélérer le processus d'innovation ;
- une complémentarité enseignement-recherche-valorisation industrielle pour couvrir l'ensemble du processus d'innovation, depuis l'idée jusqu'à la réalité industrielle.
Réparti dans 44.000 m 2 de nouveaux bâtiments, le pôle Minatec est composé de trois plateformes :
- une plateforme « enseignement » comprenant :
*la formation initiale avec le transfert sur le site des deux écoles d'électronique et de physique de l'INPG (Institut National Polytechnique de Grenoble) et du CIME (Centre Interuniversitaire de Microélectronique)
*la formation continue avec la création du nouveau centre de formation continue en microélectronique et microsystèmes ;
- une plate-forme « recherche » constituée de près de 40 laboratoires du CEA-LETI, du CEA- DRFMC (Direction de la Recherche Fondamentale sur la Matière Condensée), de l'Institut National Polytechnique de Grenoble, de l'université Joseph Fourier et du CNRS.
Sont ainsi dédiés à la recherche 8.500 m 2 de salles blanches appartenant au LETI, 14.000 m 2 de locaux (bureaux, laboratoires et salles blanches) pour la caractérisation des matériaux, la photonique et la conception des composants avancés et 5.000 m 2 de locaux pour la recherche dédiée à l'introduction de la micro et nanoélectronique dans les objets de la vie courante ;
- une plate-forme « valorisation » constituée de 10.000 m 2 de locaux et de salles blanches pour les start-up en croissance, les laboratoires communs et les équipes de R&D des grands groupes industriels qui opèrent des transferts de technologies dans le cadre de MINATEC.
Le pôle de compétitivité Minalogic vise à renforcer les bases régionales en micro et nanotechnologies et en technologies logicielles ainsi qu'à développer des solutions miniaturisées intelligentes. Ses domaines d'activités sont divisés en deux clusters :
- le cluster micro nanoélectronique qui s'appuie sur le pôle d'innovation MINATEC ;
- le cluster « system on chip » embarqué visant à maîtriser les technologies du logiciel enfoui dans la puce.
Selon les informations recueillies par votre rapporteur, Minalogic comprend 115 membres dont 79 entreprises (STMicroelectronics, Schneider Electric, SOITEC, Hewlett-Packard) et 13 centres de recherche et universités. Dans les secteurs de la microélectronique et l'électronique, la région grenobloise compte 21.700 emplois directs dans l'industrie, 3.000 emplois dans la recherche et 1.200 diplômés par an.
- Point one à Eindhoven/Nijmegen
En 2006, les Pays-Bas ont créé le pôle de compétitivité Point One dans le domaine de la nanoélectronique et des systèmes embarqués qui réunit des grands industriels du secteur (ASML, ASM International, Philips Semiconductors etc), des centres de recherche renommés (Holst Centre et l'institut des systèmes embarqués) et des PME.
Soutenu financièrement par le ministère des affaires économiques, ce cluster a pour ambition de faire progresser le chiffre d'affaires des entreprises spécialisés dans ces deux secteurs d'activité de 30 % entre 2005 et 2011 (soit un chiffre d'affaires de 26 milliards d'euros en 2011), de créer 20.000 emplois (dont 8.000 hautement qualifiés) d'ici 2011 et de lancer 8 start-up par an.
Entre 2007 et 2011, le cluster Point One devrait attirer 1 milliard d'euros de dépenses en R&D.