B. UN ÉTHANOL BRÉSILIEN TRÈS COMPÉTITIF

Les conditions de production de l'éthanol brésilien ont conféré à celui-ci une compétitivité incontestable. Après avoir fait l'objet d'un soutien à ses débuts, sous forme de subventions publiques, la filière de l'éthanol est totalement déréglementée depuis 1999 et ne reçoit plus aucune aide publique , ce qui ne l'empêche pas d'être l'une des plus compétitives au monde.

Les membres de la délégation ont à ce titre été frappés par un des aspects économiques de l'éthanol qu'il convient d'avoir pleinement à l'esprit pour apprécier son attractivité. En effet, ce carburant présentant un rendement énergétique inférieur de 30 % à celui de l'essence, l'opportunité de son utilisation dépend directement du coût relatif des deux produits. Ainsi, en septembre 2007, période au cours de laquelle la délégation s'est rendue au Brésil, un litre d'éthanol coûtait, à la pompe, 50 cents de dollar, contre 1,3 dollar pour un litre d'essence. Cette différence de prix tient tant aux conditions de production respectives des deux carburants qu'à l'exonération du paiement des taxes pétrolières dont bénéficie l'éthanol. Malgré le différentiel de rendement, l'éthanol demeurait donc plus attractif que l'essence pour le consommateur.

Sur le marché mondial, l'éthanol brésilien est devenu une marchandise incontournable. M. Guy Dupire, consultant en biocarburants disposant d'une solide expérience dans ce secteur, a démontré à votre délégation que, sans protection douanière, l'éthanol produit au sein des pays de l'Union européenne ne pourrait supporter la concurrence avec l'éthanol brésilien . En effet, la production d'un mètre cube d'alcool en Europe s'élève à 365 euros. Au Brésil, ce coût n'atteint que 220 euros, auxquels il convient d'ajouter les frais de transport vers l'Europe, soit environ 70 euros par mètre cube. Par conséquent, le prix brésilien reste inférieur de 75 euros au prix européen. Dès lors, ce n'est que grâce à l'existence d'un droit de douane de 192 euros par mètre cube , qui a pour conséquence de porter le prix total de l'éthanol brésilien à plus de 480 euros , que l'éthanol européen reste compétitif.

M. Guy Dupire a également attiré l'attention des membres de la délégation sur une autre conséquence du développement de l'éthanol au Brésil. Du fait du caractère mixte sucre/alcool des usines, l'appareil de production brésilien a créé des corrélations de prix entre les cours mondiaux du pétrole et du sucre, qui ont vocation à se renforcer. Ainsi, comme les véhicules flex-fuel peuvent indifféremment utiliser de l'essence, de l'éthanol ou un mélange des deux, les consommateurs effectuent leurs arbitrages en fonction des prix respectifs des deux produits. Si le prix de l'essence augmente, la demande d'éthanol augmentera et l'appareil productif sera davantage sollicité pour en produire. Dans le même temps, la production de sucre diminuera, ce qui aura pour conséquence d'en réduire l'offre et donc de faire monter son prix dans un contexte de hausse continue de la consommation de sucre au niveau mondial (+ 2,5 % par an en moyenne sur la décennie 2000-2010). Or, les programmes de production de sucre au Brésil ont des répercussions immédiates sur le prix mondial puisque le pays, premier producteur au monde avec 31 millions de tonnes par an, est ainsi le premier exportateur de ce produit et détient 41 % du marché mondial .

Le gouvernement est néanmoins conscient de cette difficulté, comme l'a indiqué à la délégation M. Augusto Rodrigues, et réfléchit à la création de mécanismes pour assurer la stabilité des prix afin d'éviter ces variations de prix en fonction des mouvements enregistrés sur les marchés du sucre et de l'alcool. Dans ces conditions, il envisage d'encourager le recours aux contrats de long terme entre les usines d'alcool et les distributeurs et de favoriser la création de stocks régulateurs d'éthanol. L'institution de relations contractuelles sur de longues durées présenterait en effet un avantage avéré puisqu'un producteur lié par des contrats à long terme n'aurait pas la possibilité de modifier ses programmes de production en fonction des cours respectifs des deux marchandises.

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