B. LES EXPOSITIONS COMBINÉES
Au-delà des substances chimiques prises isolément, l'impact des mélanges chimiques doit être analysé - grâce notamment aux modèles pharmacocinétiques (PBKB) permettant de prédire le comportement d'une substance en mélange - comme les expositions combinées.
Par exemple, l'exposition combinée aux polluants et au bruit accroît-elle le danger de la pollution chimique ? L'exposition combinée aux solvants (styrène), aux polluants ototoxiques (toluène, styrène, trichloréthylène, éthyl benzène, monoxyde de carbone) et au bruit accroît les atteintes auditives - ce qui devrait être pris en compte pour l'établissement de valeurs guide pour l'exposition au bruit -, l'exposition combinée aux substances chimiques et au bruit (environnement urbain) affecte les systèmes cardiovasculaires et respiratoires .
Par ailleurs, une cartographie des polluants est en cours de réalisation par l'Observatoire de la qualité de l'air intérieur, ce qui permettra de hiérarchiser les polluants même s'il est difficile d'aller ensuite jusqu'aux produits.
La combinaison entre le radon et le tabac
Le radon (Rn) est un gaz rare, radioactif omniprésent dans l'environnement (croûte terrestre, roches, sol, eaux souterraines et eaux de surface, gaz naturel, matériaux de construction).
En France, le radon est surtout présent dans les terrains granitiques comme ceux du Massif armoricain ou du Massif central .
Deux des trois isotopes du radon sont des émetteurs alpha qui se désintègrent en produits de filiation non gazeuse, le polonium , le bismuth et le plomb . Ceux-ci se fixent sur des particules dans l'air inhalé et se retrouvent sur les parois nasales, laryngées et trachéo-bronchiques. Le radon se diffuse rapidement dans les tissus et dans les graisses.
Les sources d'exposition de l'homme sont toujours des espaces confinés comme le lieu de travail ou le domicile.
Ainsi, pour une exposition continue à une atmosphère contenant 37 kBq de Rn 222, une concentration de 180 Bq peut être observée dans les tissus adipeux.
Une partie de la dose de radon délivrée au poumon est ensuite délivrée au rein, aux autres tissus, aux os et à la moelle osseuse.
Un contrôle national des niveaux d'exposition dans 800 logements a montré que les valeurs d'exposition s'échelonnent entre 3 et 1260 Bq/m 3 . Mais des niveaux de plusieurs dizaines de milliers de Bq/m3 ont été observés en relation avec des anomalies géologiques (failles, puits...) . Dans certains pays d'Europe, il a été relevé des niveaux pouvant atteindre cinquante fois le niveau moyen toléré lors d'expositions professionnelles.
Il a été relevé une interaction multiplicatrice des effets du radon avec le tabagisme dont certaines études ont montré que ce risque disparaîtrait chez les personnes qui dorment la fenêtre ouverte.
Au total, le risque de cancer du poumon induit par le radon , au moins chez le fumeur, a été considéré comme faible dans les conditions de l'exposition domestique, alors que ce risque est avéré pour les expositions les plus fortes .
L'Académie de médecine estime que les risques des effets nocifs du radon sont vingt fois plus élevés chez les fumeurs confirmés .
Le CIPR recommande d'agir sur les habitats lorsque la concentration de radon s'y situe entre 200 et 600 Bq/m 3 . L'OMS considère que ce risque est inacceptable à partir de 1000 Bq/m 3 .
Le Conseil supérieur d'hygiène et de santé publique (CSHPF) a distingué plusieurs niveaux d'action souhaitable, à savoir 400 Bq/m3 pour l'habitat existant et 200 Bq/m3 pour l'habitat futur . De 400 à 1000 Bq/m 3 , des actions correctrices devraient être proposées tandis qu'au-delà de 1000 Bq/m 3 , elles devraient être proposées. Enfin, une plage à définir caractériserait l'insalubrité.
C'est pourquoi l'information du public a été considérée prioritaire notamment en recommandant l'aération régulière des locaux où du radon pourrait stagner .
Néanmoins, comme l'a relevé le Haut comité de la santé publique (HCSP), « sur la base d'un risque proportionnel à l'exposition, l'impact du radon le plus important existerait pour les conditions d'habitat où les concentrations du radon sont inférieures aux niveaux d'action, pour la raison que le parc correspondant est très vaste ».
Au cours des auditions, votre rapporteur a noté que l'IRSN a décidé d'accélérer la prise de conscience des dangers du radon et a mené des actions en conséquence. Ses efforts sont à encourager car le sous-sol de nombre de régions françaises émet du radon, que ce danger est mal connu, qu'il doit être évalué village par village et même plutôt maison par maison mais que, facteur encourageant, il est relativement facile de remédier à ce risque en améliorant la ventilation des habitats .
Des propositions de recommandations pour réduire la pollution due au radon ont été faites plus haut avec la présentation des missions de l'IRSN.