B. LES QUOTIDIENS LES MOINS RENTABLES D'EUROPE
La baisse des ventes, la stagnation des recettes publicitaires et le niveau relativement élevé des coûts fixes contribuent à faire des quotidiens français des titres peu rentables.
La rentabilité opérationnelle 7 ( * ) des quotidiens français s'est élevée à 3,4 % en moyenne entre 1996 et 2005, ce qui paraît extrêmement faible pour payer les intérêts des emprunts, mener de nouveaux investissements et rémunérer les capitaux investis. De fait, depuis 2002, le secteur de l'édition de journaux enregistre des pertes comprises entre 56 et 175 millions d'euros par an.
ÉVOLUTION DU RÉSULTAT NET ET DE LA
RENTABILITÉ OPÉRATIONNELLE
DU SECTEUR DE L'ÉDITION DE
JOURNAUX
Le tableau ci-dessous, présenté dans le rapport de M. Marc Tessier 8 ( * ) , permet même de constater que le secteur de la presse quotidienne française dispose de l'une des plus faibles rentabilités constatées dans l'Union européenne. Les standards hexagonaux en ce domaine paraissent extrêmement dégradés en comparaison de ceux caractérisant leurs homologues européens.
COMPARAISON INTERNATIONALE DES MARGES
OPÉRATIONNELLES
DES SECTEURS DES MAGAZINES ET DES
JOURNAUX
Source : Commission européenne
Ces résultats financiers inquiétants ont une double conséquence pour la presse quotidienne française.
Ils obèrent, d'une part, la capacité des quotidiens français à réaliser les investissements nécessaires à la modernisation de leur outil de production. C'est ce que M. Jérôme Seydoux, alors patron du groupe Chargeurs, exprimait en déclarant : « si la presse quotidienne française est constamment en crise, c'est en raison de sa pauvreté. Une affaire ne peut pas se moderniser dans la pauvreté. »
Ils ne sont pas de nature, d'autre part, à inciter des investisseurs à apporter des capitaux propres supplémentaires pourtant indispensables au financement des projets de développement des sociétés de presse, notamment dans le numérique.
* 7 Excédent brut d'exploitation (EBE) / chiffre d'affaires (CA).
* 8 La presse au défi du numérique, rapport de M. Marc Tessier au ministre de la culture et de la communication, février 2007.