(2) Une illustration : l'expérience « défi jeunes » conduite à Marseille
Dans le cadre du contrat d'insertion dans la vie sociale (CIVIS), la mission locale de Marseille (MLM) s'est engagée à accompagner 2 000 jeunes en difficulté vers un emploi durable. Cet accompagnement est personnalisé et renforcé en faveur des jeunes sans qualification (niveau VI et V).
Au cours de son déplacement de terrain à Marseille, l'attention de la mission sénatoriale a été attirée sur l'expérimentation suivante : un établissement de crédit, la Société Générale, s'est mobilisé au travers du projet intitulé « Défi Jeunes » en prenant l'engagement de recruter douze jeunes sans qualification et à les former au métier de chargé(e) d'accueil. Pour réaliser cet objectif, la mission locale a construit avec cette entreprise un parcours de formation en alternance d'une durée de quatre ans, permettant l'acquisition des compétences et l'obtention des diplômes (BEP Vente, bac professionnel commerce, BTS NRC). Le financement du projet est assuré par le conseil régional et le futur employeur.
Soixante jeunes ont été présélectionnés par la mission locale, dix-sept ont été présentés à la Société Générale et douze jeunes ont été finalement retenus pour ce parcours qui comporte quatre étapes pédagogiques préalables à l'obtention d'un brevet de technicien supérieur et d'un contrat à durée indéterminée de chargé(e) d'accueil au sein de l'établissement bancaire.
Le dialogue entre les acteurs de ce projet, les stagiaires et les parlementaires de la mission a fait ressortir plusieurs enseignements.
- De façon générale, l'évolution démographique accroît les besoins de formation professionnelle : on constate aujourd'hui, par exemple, en région PACA et, plus généralement en France, une certaine pénurie de main-d'oeuvre dans le secteur de la vente. En même temps, le vieillissement de la population active conduit les entreprises à anticiper le départ de ses salariés âgés.
- La volonté d'insertion est la « pierre angulaire » de l'efficacité de tels dispositifs. Le « Défi jeune » constitue, dans ce contexte, une expérimentation qui vise avant tout à « donner envie de faire un pari professionnel » à des jeunes en difficulté. La « clef d'entrée » de ce dispositif est donc la motivation : la présence avérée de ce facteur fondamental peut conduire l'employeur à augmenter sa prévision de recrutement initiale, comme le démontre l'expérience marseillaise.
- Cette motivation est, bien entendu, liée à la garantie d'embauche en cas de succès : l'engagement d'une entreprise constitue le pilier du partenariat avec les acteurs de l'insertion et les régions qui jouent un rôle majeur dans l'orientation de la formation vers les besoins sectoriels.
- La tendance des entreprises à privilégier le recrutement des diplômes ou des surdiplômés se vérifie sur le terrain. Les entreprises ont tendance à recruter au niveau BTS, notamment dans le secteur de la vente, même si on peut être un excellent vendeur en possédant un BEP.
- Grâce à de tels dispositifs, certaines situations d'échec se révèlent finalement être une chance. Cette circonstance ne saurait éluder, en amont, le problème de l'orientation : certains élèves ont exprimé devant les parlementaires leur ennui et leur « fatigue » scolaire, ne trouvant pas de « but » suffisamment concret dans l'enseignement général. En même temps, ils redoutent l'orientation et la spécialisation trop précoce. La mission estime, dans ces conditions, nécessaire de mieux impliquer les acteurs de l'orientation que sont les parents pour éviter aux jeunes de s'engager dans des filières inadaptées.