2. Intégration des filières agricoles et alimentaires ? Pas seulement
Voilà pourquoi, sentant la complexité et l'enchevêtrement des questions, nous avons décidé très vite décidé, avec Marion Guillou et Jacques Le Cacheux, de donner un titre provisoire à notre exploration prospective : « Intégration des filières agricoles et alimentaires ». Donner un titre nous a d'abord rassurés : nous étions capables de nommer le questionnement auquel s'expose tout élu lorsqu'il se rapproche de ses bases. Et, afin de ne pas errer de questions imprécises en considérations vagues, nous avons pris la résolution de revisiter les données fondamentales avant de reprendre notre exploration.
J'ai accepté de travailler « avec les moyens du bord », c'est-à-dire avec ce que l'expérience professionnelle m'a apporté : fils d'agriculteur, j'ai eu la chance d'appartenir à plusieurs équipes dirigeantes d'entreprises de l'agroalimentaire, petites et grandes, privées et coopératives. Cependant, c'est l'attention bienveillante de Marion Guillou et celle de Jacques Le Cacheux qui m'a permis de cheminer. Car, aussitôt abandonné à mes analyses de détail, le foisonnement des interrogations et l'immensité des champs à parcourir m'ont souvent amené à croire la tâche impossible. Grâce à eux, j'ai été conduit à me concentrer sur la recherche des liens qui unissent toutes ces questions.
J'ai bénéficié d'une documentation à la fois très abondante et très accessible : Les Echos, Le Monde, Le Figaro (Le Figaro agricole n'existe plus depuis bien longtemps) et Ouest-France (la « page agricole » d'autrefois s'est réduite à une rubrique « agriculture »).
Mais j'ai aussi profité des séances de travail de plusieurs séminaires, rencontrant des professionnels et des spécialistes de très haut niveau, ce qui fut à la fois très gratifiant, rassurant et impressionnant. J'ai ainsi contribué activement à la préparation du 7 ème Colloque AgroFinance. Pour la troisième fois, grâce à Jean Bizet, sénateur de la Manche, cette manifestation, organisée par AgroFood, Association des ingénieurs de l'agroalimentaire (INA-PG/ENSIA/UNIA) et AGRA alimentation (hebdomadaire de l'industrie alimentaire et de la distribution), s'est tenue au Palais du Luxembourg. Le thème en était : « Agroalimentaire : France et international. Où trouver la croissance ? Comment la financer ? ». Par ailleurs, j'ai pu suivre les travaux de la Société des agriculteurs de France (SAF), préoccupée par l'après 2013. J'ai bénéficié également de la journée organisée par l'Institut français pour la nutrition (IFN) : « L'économie fait-elle la loi dans nos assiettes ? Déterminants économiques des choix alimentaires ». Puis le colloque des anciens élèves de l'Institut national agronomique Paris-Grignon (INA-PG), de l'Ecole nationale d'administration (ENA) et de l'Ecole polytechnique a tenté de répondre à la question : « Alimentation : quel partage des responsabilités ? ». Enfin, c'est avec le plus grand intérêt que j'ai participé aux travaux de l'International agrofood management association (IAMA), à Buenos Aires, en Argentine : « Agribusiness, food, health and nutrition ». Tout au long de ce parcours s'est amplifiée l'idée que les préoccupations centrales -qui correspondent aux questions auxquelles sont soumis les parlementaires- ne sont pas seulement d'ordre technique ou économique. Il ne s'agit pas seulement d'articuler agriculture et agroalimentaire.