2. « Le lit du pauvre est fertile »
Il faut comprendre que c'est le développement économique et social qui a conditionné la baisse de la mortalité d'abord, puis celle de la fécondité ensuite. Le « développement » apparaît comme la clé dans la limitation des populations. Insistons : pour limiter les populations, il faut qu'elles accèdent au développement.
Mais il en ressort une modification entre les groupes d'âges, ce qui ne manque pas de jouer sur les besoins nutritionnels spécifiques à une population donnée. Donc sur la production des aliments nécessaires, et par conséquent sur la production agricole.
On comprendra aussi qu'il existe pour chaque population une courte période pendant laquelle la proportion des adultes de 15 à 65 ans augmente significativement par rapport à celle des jeunes et des personnes âgées : c'est une « fenêtre » pendant laquelle « plus » de personnes peuvent s'impliquer dans les tâches directement productives. Il en découlera des besoins nutritionnels qualitatifs spécifiques, tout autant que des modes de consommation alimentaires particuliers. Bien entendu, les conséquences sont immédiates sur les sollicitations du système d'alimentation, spécialement sur la distribution, sur les industries agricoles et alimentaires et sur l'agriculture.
3. Les transitions recouvrent des mécanismes spécifiques qui s'appliquent à la démographie, à la santé, à l'alimentation et à l'économie
On vient de comprendre que la « transition démographique », maintenant bien connue des démographes, gouverne les modifications quantitatives et qualitatives des besoins des populations, donc des zones géographiques du monde.
D'autres phénomènes portent aussi le nom de « transition ». On parle de « transition sanitaire » lorsque les maladies infectieuses et aiguës sont remplacées par les maladies chroniques et dégénératives, et l'on sait que cancers, maladies cardiovasculaires, diabètes et obésité -qui font partie des secondes- sont tout à fait liés à l'alimentation. D'ailleurs, on nomme « transition alimentaire » le phénomène qui voit, dans les régimes alimentaires, les calories d'origine animale se substituer dans des proportions croissantes aux calories d'origine végétale. Enfin, nous sommes familiarisés avec les processus de « transition des économies vers le capitalisme ».
Toutes ces « transitions », qui permettent de caractériser la démographie, la santé, l'alimentation et l'économie, nous aideront à mieux comprendre les liaisons avec l'agriculture, à l'heure de la mondialisation.