2. Les contributions aux évolutions des écarts de PIB par tête par rapport aux États-Unis
a) Le facteur démographique
L'impact du facteur démographique (évolution du ratio population en âge de travailler/population totale ) est au total assez secondaire. S'il « pénalise » l'Europe relativement aux États-Unis en fin de période en raison de la faible fécondité d'après le baby-boom, qui freine, à partir des années 90, la croissance des effectifs des plus de 15 ans.
Enfin, la structure démographique propre à la France ne joue qu'assez peu sur son écart de PIB par habitant par rapport aux États-Unis, d'autre part.
b) Le taux d'emploi
L'évolution du ratio emploi/population en âge de travailler (taux d'emploi) à l'écart de niveau de vie par rapport aux États-Unis obéit à une dynamique commune à tous les pays européens et au Japon :
- la montée du chômage et le raccourcissement de la vie active par ses deux extrémités expliquent la dégradation continue entre 1970 et 1995 de la contribution comptable du taux d'emploi à l'écart de niveau de vie par rapport aux États-Unis ;
- à partir de la fin des années 90, grâce à la baisse du chômage, la contribution du taux d'emploi à l'écart de niveau de vie redevient positive, sans toutefois effacer la dégradation antérieure ;
- la France est l'un des pays où l'évolution du taux d'emploi pèse le plus négativement : il génère un creusement comptable de l'écart de niveau de vie par rapport aux États-Unis de l'ordre de 17 points entre 1970 et 2004.
c) La durée du travail
Comme on le voit sur le graphique n° 10 ci-dessous, la durée du travail par personne en emploi était en Europe pratiquement équivalente à celle des États-Unis en 1970 ; en 2004, elle était inférieure de 14 %.
Pour la France, le mouvement est encore plus marqué : légèrement inférieure à celle des États-Unis en 1970 (- 4,3 %), la durée du travail est désormais inférieure de 21 %.
Même si la durée du travail a baissé au Japon relativement aux États-Unis (supérieure de 4 % en 1970 et inférieure de 4 % en 2004), cette diminution relative n'est néanmoins pas comparable dans son ampleur à celle que l'Europe a connue.
Graphique n° 10
CONTRIBUTIONS COMPTABLES À L'ÉCART DE
PIB/TÊTE PAR RAPPORT AUX ÉTATS-UNIS :
DURÉE
ANNUELLE DU TRAVAIL PAR PERSONNE EN EMPLOI
FRANCE, UNION EUROPÉENNE
À 15 ET JAPON
(ÉTATS-UNIS = 0,00)
Source : GGDC et OCDE
Il est également important de noter (cf. graphique n° 11 ci-après) que tous les pays européens ont connu un mouvement de baisse de la durée du travail relativement aux États-Unis, même si elle est moins marquée pour l'Espagne ou le Royaume-Uni.
Cette baisse généralisée résulte à la fois de la montée du temps partiel et de la baisse de la durée du travail des salariés à temps complet.
La France et l'Allemagne se retrouvent aujourd'hui sur ce plan dans des positions identiques : l'effet durée du travail explique dans les deux pays près de 21 points d'écart de PIB/tête par rapport aux États-Unis.
On voit sur le graphique ci-dessous la cassure induite en France par les « 35 heures » au début des années 2000, mais qui, relativement à l'Allemagne, compense la relative stabilité de la durée du travail sur la période 1985-1995, alors que dans le même temps elle diminuait régulièrement en Allemagne.
Graphique n° 11
CONTRIBUTIONS COMPTABLES À L'ÉCART DE
PIB/TÊTE PAR RAPPORT AUX ÉTATS-UNIS :
DURÉE
ANNUELLE DU TRAVAIL PAR PERSONNE EN EMPLOI
TOUS PAYS
EUROPÉENS
(ÉTATS-UNIS = 0,00)
Source : GGDC et OCDE