4. Niveau de dépendance en fonction des différents jeux
La plupart des observateurs pensent que les machines à sous (slots) sont les plus addictives et de loin.
Outre les travaux déjà anciens du Pr Martignoni-Hutin sur le sujet, nous devons à ceux de M. Pierre Perret -Institut du jeu excessif- une abondante bibliographie (étrangère bien entendu !).
- Ces études relèvent, dans les salles de machines à sous, des taux de prévalence sans commune mesure avec les autres ;
- En France, on aurait observé des pics à 45 % (sous réserve) ;
- En Angleterre, Griffith et Wood « Les slots créent plus rapidement et plus insidieusement une dépendance parce qu'elles sont accessibles, rapides et actives » ; ils ajoutent qu' il faut considérer les slots comme une forme agressive de jeu ;
- En Espagne, 72 % des joueurs pathologiques interrogés mettent en cause les machines à sous ;
- Aux Pays Bas, (Kingsma - 1993) : 73 % ;
- Les études suédoises et celles du Royaume-Uni confirment, sur ce point, celles des USA (Morgan - 1996) et du Canada (Bilodeau - 2000).
Pierre Perret affirme qu'il y a six raisons à cela :
- les slots provoquent des expériences psychologiques gratifiantes en simulant des expériences de « presque gagné » ;
- elles ont des intervalles de récompense courts ;
- elles ne sont pas en apparence coûteuses ;
- elles n'exigent aucune maîtrise ;
- elles offrent la possibilité de jouer de manière répétitive et continue ;
- elles sont hautement accessibles.
Cependant, si l'on se réfère aux questions des parlementaires aux gouvernements depuis 10 ans, force est de constater que la capacité de nuisance des paris hippiques n'a jamais été abordée , et que seul l'accès des mineurs aux jeux instantanés ou à tirage différé de la Française des jeux a fait l'objet de quelques questions restées, pour l'essentiel, sans réponses valables.
Le ministère de l'intérieur interrogé admet qu'effectivement aucune mesure coercitive n'existe, obligeant à s'en remettre à la vigilance des détaillants et à leur discernement et aux règles de déontologie de la profession.
Qui pourrait se satisfaire de ces voeux pieux ?
Il serait donc irrationnel de ne viser que la dépendance incontestable générée par les slots et de dédouaner les autres jeux.
Et puis, de toutes les façons, le professeur Martignoni-Hutin ne nous rappelle-t-il pas que 75 % des joueurs sur machines à sous et 22 % des parieurs du PMU jouent également à la FDJ ?
Ces résultats d'observations n'étant pas contestés, on en vient à dire (même si l'addiction aux slots est plus spectaculaire et plus identifiable que les autres) qu'il est effectivement difficile d' « accuser » Pierre plutôt que Paul et que l'objet de ce rapport n'est pas de le faire.
Au terme de ce chapitre, il semble à votre rapporteur qu'il est incontestable qu'il existe une réelle dépendance aux jeux de hasard et d'argent.
Tous les professionnels de la santé, de la sociologie l'affirment.
Tous les opérateurs de jeux en conviennent et ont pris conscience de l'importance du phénomène.
Les pouvoirs publics français ont parfaitement intégré cette notion.
Les joueurs, eux, savent tout sur le sujet depuis longtemps.