c) Les conséquences du contrôle aux entrées des casinos
Les casinotiers sont apparemment satisfaits du protocole signé en juillet 2006 avec le ministre de l'intérieur (voir encadré) ; ils en attendent diverses améliorations, jusqu'ici refusées, du fonctionnement intérieur des salles de machines à sous, une meilleure accessibilité aux machines, peut être, grâce à la mixité dans les salles, des tables et des MAS, une renaissance des jeux de table traditionnels.
Mais ils redoutent véritablement la mise en place du contrôle aux entrées , susceptible, selon eux, de provoquer une baisse des chiffres d'affaires de l'ordre de 10 à 15 %.
Un protocole très complet et longtemps
attendu,
signé à la fin de 2005 par le
gouvernement
1
et la profession de
casinos
1. Instauration du contrôle aux entrées
« Soucieux des risques croissants que peuvent créer chez certains joueurs, et par voie de conséquences, chez leurs proches, une pratique excessive du jeu pouvant conduire à la dépendance, le ministère de l'intérieur met en place un contrôle aux entrées pour interdire l'accès aux salles de jeux aux mineurs et aux personnes frappées d'interdiction. »
« Ce contrôle s'inscrit également dans une dynamique de soutien aux jeux de table, à l'activité des casinos et à la mixité de l'offre de jeux avec les machines à sous ».
2. D'importantes mesures d'accompagnement
- Des mesures fiscales : suppression du droit de timbre et aménagement de la CRDS.
- Des mesures techniques : autorisation de l'« accepteur de billets », délivrance d'un chèque de paiement à un gagnant aux MAS uniquement, devant un bon de paiement manuel, admission de la « tokenisation », du procédé « Ticket in/Ticket out », du « cashless » (jeu sur MAS avec une carte pré-créditée), autorisation des publicités sur le montant des jackpots, du jackpot avec incrémentation cachée, des jackpots multi sites, de l'organisation d'opérations publicitaires et de l'exploitation du « Hold'em poker ».
3. Assouplissement concernant l'organisation générale des établissements
- Autorisation de mise en place de plusieurs types de « caisses communes » des jeux, d'une certaine polyvalence « maîtrisée » des emplois dans les trois filières (contrôle, croupier, caisse) de délivrance, sous certaines conditions, d'un badge « visiteur » aux personnes démunies de pièce d'identité.
1 Ministres de l'intérieur et du budget.
4. Simplifications administratives
- Réaffirmation (par rapport au relevé de conclusions du 1 er juillet 2003) et accélération de la simplification des demandes de renouvellement simple et des demandes d'extension à de nouveaux grands jeux et à de nouvelles MAS.
- Accord pour réduire les délais d'instruction de l'agrément des employés de jeux.
- Avis favorable de principe à la prise en compte des demandes de MAS permettant de répondre aux besoins des week-ends, et des périodes d'affluence, et à des zones non-fumeurs pour l'attribution de MAS.
Le Protocole décide un programme de réunions régulières dès 2006 entre le ministère et la profession pour discuter de plusieurs problèmes de fonctionnement.
On aurait observé cependant à Sainte-Maxime (Var) une diminution de seulement 10 % lors de la mise en place d'un tel contrôle.
Ces pertes seraient dues au fait qu'un grand nombre de clients, touristes en vacances, ne portent pas sur eux de papiers d'identité ; aussi, lorsqu'un groupe se présente au contrôle, il suffit qu'un individu n'ait pas de papiers pour que tout le groupe renonce à jouer.
Ainsi, à Bourbon Lancy, en 2005, sur 135.678 personnes qui se sont présentées au contrôle, 82 (0,6 %) seulement ont été refoulées en tant qu'interdits de jeux ou mineurs, contre 2 .60 (32 fois plus) pour défaut de pièces d'identité.
En fait, à coté de cette crainte, de ce risque de baisse du chiffre d'affaires, les casinotiers parlent peu des dépenses de matériel et de personnel que ce contrôle leur occasionne : elles sont pourtant importantes, mais tout le monde a compris que la situation ubuesque que la France connaissait jusqu'ici ne pouvait plus durer.
Au total, le contrôle systématique des entrées devrait entraîner, selon l'Association des casinos indépendants :
- de 30.000 à 50.000 euros de dépenses de matériel ;
- une augmentation de 7 à 13 % de la masse salariale avec 4 salariés supplémentaires pour les parcs de moins de 50 MAS et 2 de plus par tranche de 20 machines supplémentaires.
S'agissant de la mixité des jeux (MAS et jeux de table redistribués dans les espaces du casino, avec possibilité de « cohabitation » des appareils), il est exact que le contrôle général aux entrées permet ensuite une liberté de circulation dans l'établissement qui n'existait pas et, en ce sens, desserre les freins à l'accès aux tables de JT.
Mais, suivant la taille et les dispositions internes des casinos, cette mixité ne sera pas partout physiquement possible ; d'autre part, les « populations » de clientèle sont assez différentes, n'aspirent pas forcément aux mêmes atmosphères, ce qui conduira sans doute à maintenir des salles fermées de JT pour satisfaire la clientèle.
L'expérience mérite cependant d'être prolongée assez longtemps pour disposer d'un recul suffisant.
Au casino de Bourbon Lancy, les premiers résultats de la mixité sont encourageants.
Cette « popularisation » des grands jeux représente pour eux la dernière chance de survie, car on observe que l'Etat, qui les a longtemps imposés aux casinos dans des conditions vraiment déraisonnables du point de vue économique, commence à reculer et accepte, de temps à autre, l'abandon de tel ou tel JT par les établissements.