D. PLAIDOYER POUR UN OBSERVATOIRE DES JEUX EN FRANCE
A qui fera-t-on croire que l'on puisse (vite et bien) prendre la mesure et maîtriser, si cela s'avère nécessaire, un phénomène économique et/ou social sans en connaître tous les tenants et aboutissants ?
La veille sanitaire, celle des nouvelles technologies, la surveillance des médicaments, les sécurités alimentaires et routières n'ont-elles pas demandé la création d'un organisme, petit ou grand, public ou non, chargé de rassembler les compétences, les parties intéressées et les informations nationales et internationales concernant le sujet en cause ?
Après quoi on lui demande de travailler (vite et bien) et de produire les fruits de ses travaux sous la forme de rapports que le Parlement, lui, exploite.
On attend de ces rapports qu'ils cernent les mesures à prendre par le gouvernement ou par tout autre décideur compétent. Un observatoire n'est nécessaire que s'il s'avère utile et on le voit très vite.
Les pouvoirs publics, les assemblées et de nombreux organismes privés en ont crée de multiples ces dernières années et les résultats sont bons.
On attend leurs conclusions, on s'y réfère, on en redemande... Ils ne chôment point !
Alors dans ces conditions pourquoi la France ne dispose t-elle pas d'un Observatoire des jeux ?
Il est réclamé depuis longtemps par les sociologues (et le rapporteur pense en tout premier lieu à M. Martignoni-Hutin de l'université de Lyon) les médecins, les psychiatres, les psychologues... et par votre rapporteur, dans le premier rapport I - 2002 que la commission des finances du Sénat a consacré aux jeux.
Le fait qu'on ait déjà mis en place de multiples officines d'observation a l'air de décourager les décideurs publics de satisfaire notre demande.
Si la santé s'occupe bien des cancers du colon et du sein, est-ce une raison pour négliger celui de la prostate ?
Une bonne prophylaxie du paludisme interdit-elle de connaître les dangers d'un moustique réunionnais au nom imprononçable?
Un observatoire des jeux rassemblerait les décideurs politiques, (pour l'instant dispersés dans leurs ministères - citadelles) les opérateurs de tous les jeux, les universitaires, tous les intervenants cités plus haut... et d'autres sans aucun doute.
On pourrait même, peut-être (ce n'est qu'une éventualité !) y adjoindre des parlementaires qui trouveraient là une possibilité d'approcher les problèmes que les gouvernements successifs se sont jusqu'ici ingénié à leur dissimuler. Ils pourraient après tout aussi avoir de bonnes idées !... sait-on jamais ?
Constitué, un observatoire des jeux rassemblerait aussi les informations existantes, mais tellement dispersées qu'elles sont pour la plupart inutilisables ; il commanderait les études absentes et effectuerait les comparaisons internationales absolument indispensables aujourd'hui.
Il guiderait l'Etat qui à force de vouloir tout faire, tout réglementer et tout contrôler (ce que nous ne lui reprochons pas puisque c'est la règle du jeu depuis longtemps et que l'ordre public y a trouvé son compte jusqu'ici) s'est coupé de beaucoup de réalités au point d'être embarrassé devant les technologies nouvelles, l'internet et les difficultés des joueurs dépendants.
PROPOSITION Mettre en place un observatoire des jeux doté d'outils statistiques appropriés et ayant pour mission d'étudier tous les problèmes du jeu (évolutions des pratiques, de la consommation, de la dépendance...), sous tous leurs aspects (économiques, sociaux, juridiques). |