3. Parce qu'il faut restaurer, dès à présent, les « marges de manoeuvre » de l'Etat
S'il faut réaliser l'ajustement budgétaire maintenant plutôt que dans 50 ans, c'est aussi pour que l'Etat retrouve le plus rapidement possible des « marges de manoeuvre ».
L'impact de la dette publique se fait en effet sentir au niveau des « marges de manoeuvre » des administrations publiques, c'est-à-dire de la part de leurs augmentations de recettes qu'elles peuvent consacrer à des dépenses non automatiques.
A titre d'approximation, on peut définir les « marges de manoeuvre » comme la part des augmentations de crédits, permise par la règle du « zéro volume », qui ne sont pas « préemptées » par l'augmentation des coûts de personnel et du paiement des intérêts de la dette.
Les marges de manoeuvre de l'Etat sont considérablement réduites par l'augmentation annuelle des dépenses de personnel et du paiement des intérêts, comme l'indique le graphique ci-après.
Les marges de manoeuvre actuelles de l'Etat : quelques ordres de grandeur
(en milliards d'euros)
(1) Moyenne observée depuis 1995
(2) Selon l'hypothèse d'une inflation de 1,7 %
Source : commission des finances
Chaque année, la règle actuelle du « zéro volume » permet une croissance en valeur des dépenses de l'Etat d'environ 5 milliards d'euros. Sur ces 5 milliards d'euros, 3 milliards d'euros vont à l'augmentation des dépenses de personnel et 1 milliard d'euros va à celle du paiement des intérêts, d'où des « marges de manoeuvre » de l'ordre de seulement 1 milliard d'euros. Autrement dit, le paiement des intérêts de la dette réduit de 50 % les marges de manoeuvre, une fois prise en compte l'augmentation des dépenses de personnel.
Le doublement du paiement des intérêts, qui résulterait, toutes choses égales par ailleurs, d'un doublement de la dette publique, aurait quant à lui pour effet de supprimer les marges de manoeuvre de l'Etat.