2. Outre-mer
Le rôle des filières est également très prégnant dans l'immigration clandestine à destination des collectivités territoriales d'outre-mer.
La Guyane est sans doute la moins concernée, les candidats à l'immigration pouvant franchir seuls les fleuves Maroni et Oyapock ou traverser la forêt.
Toutefois, lors de son audition, M. Léon Bertrand, ministre délégué au tourisme, maire de Saint-Laurent du Maroni, a évoqué l'existence de filières organisées depuis Paramaribo, capitale du Surinam, pour l'acheminement en Guyane de femmes surinamiennes enceintes.
Par ailleurs, de véritables villages d'orpailleurs clandestins comptant jusqu'à 1.000 habitants ont été découverts dans la forêt amazonienne lors des opérations « Anaconda » organisées en 2004.
Le recours à des passeurs est indispensable pour les étrangers qui désirent se rendre irrégulièrement à Mayotte et n'ont pu obtenir des faux papiers.
Des rabatteurs oeuvrent ainsi sur les côtes anjouanaises pour remplir les kwassas-kwassas. Selon les indications recueillies par la commission d'enquête, le prix du trajet était d'environ 200 euros par personne en 2004. Les passeurs, au nombre de deux ou trois, sont généralement de jeunes hommes, parfois mineurs, pas toujours pêcheurs. Le plus souvent, ils ne disposent pas de moyens de navigation sophistiqués. Certains possèdent un téléphone portable, ce qui signifie qu'ils peuvent être avertis par des complices des mouvements des forces de l'ordre françaises. Les filières les mieux organisées comprennent des contacts à Mayotte qui prennent en charge les clandestins à leur arrivée, ravitaillent en essence le kwassa-kwassa et lui fournissent des marchandises à transporter au retour.
Lors de son audition, M. François Baroin, ministre de l'outre-mer, a mis en exergue « l'organisation toujours plus élaborée dont se dotent les filières d'immigration clandestine. Ainsi, le 10 novembre dernier, deux Anjouanais en situation irrégulière qui faisaient usage d'une radio à bande latérale unique (BLU) pour organiser des déplacements en « kwassa-kwassa » et réaliser des opérations bancaires entre Mayotte et Anjouan pour le compte de Comoriens vivant à Mayotte en situation irrégulière ont été interpellés. C'est dire la complexité des systèmes qui sont désormais mis en place pour structurer encore plus fortement ces filières . »
En Guadeloupe , l'entrée des immigrés clandestins se fait par le biais de filières structurées et connues. Les consuls de la République d'Haïti et de la République Dominicaine à Pointe-à-Pitre, rencontrés par la délégation de la commission d'enquête en janvier 2006, ont indiqué que les populations les plus pauvres de ces pays étaient incitées par des rabatteurs haïtiens à gagner La Dominique, moyennant le paiement d'une somme allant de 2.000 à 7.000 dollars, à partir de laquelle, logées par les membres du réseau, elles gagneraient par la voie maritime l'archipel guadeloupéen.