5. Une stabilité politique ébranlée
L'ampleur de l'immigration clandestine à Mayotte et en Guyane menace même la stabilité politique de ces territoires.
Des tensions se sont ainsi fait jour au cours de l'année 2005. Le meurtre d'un orpailleur à Cayenne, le 6 août 2005, a provoqué une importante manifestation, au cours de laquelle les organisateurs ont réclamé la reconduite à la frontière d'un plus grand nombre de Guyaniens, nonobstant l'absence d'accord de réadmission entre le Guyana et la France. Un collectif, dénommé « Mille lettres citoyennes » s'est ensuite constitué pour alerter durablement les pouvoirs publics sur l'insécurité et l'immigration clandestines, devenues indissociables pour l'opinion.
A Mayotte, en octobre 2005, une manifestation d'étrangers en situation irrégulière, essentiellement des Comoriens, a suscité en retour des manifestations de la population mahoraise, qui ont fait craindre à l'autorité préfectorale le déclenchement d'affrontements intercommunautaires.
Les représentants de la société civile rencontrés par la délégation de la commission d'enquête à Mayotte se sont, en outre, inquiétés des conséquences de l'immigration irrégulière sur l'avenir politique de leur île. Dans la mesure où une part significative des enfants d'étrangers en situation irrégulière nés sur le sol de Mayotte finiront par acquérir la nationalité française, ils craignent que l'évolution de la population, comprenant une part croissante de binationaux franco-comoriens, ne remette en cause la souveraineté française sur l'île.
Concernant la Guyane, il paraît intéressant de citer ici la déclaration du général Claude Vicaire, sous-directeur de la sécurité publique et de la sécurité routière à la direction générale de la gendarmerie nationale : après avoir souligné l'enjeu que représente la base de Kourou pour la France et pour l'Europe, il a invité les membres de la commission d'enquête à se demander « ce que deviendrait Cayenne et, plus spécifiquement, Kourou, dès lors que nous laisserions s'organiser autour de ces deux villes des zones de favelas telles qu'elles existent au Brésil, et dans lesquelles l'armée a des difficultés à entrer actuellement, alors que c'est un lieu considéré comme stratégique pour notre pays ».
Plus encore qu'en métropole, l'ampleur de l'immigration irrégulière dans ces deux collectivités appelle une réaction énergique de la part des pouvoirs publics.