II. QUESTIONS SUR LA SÉLECTION DU CRÉDIT

Si l'endettement des ménages a augmenté, la diffusion du crédit a diminué. Autrement dit, la fraction de la population ayant accès au crédit s'est réduite .

En outre, elle semble plus faible que dans la plupart des pays comparables. Il existerait ainsi une forte sélection du crédit en France qui jouerait aux dépens d'une proportion élevée des ménages .

A. MALGRÉ L'AUGMENTATION DE L'ENDETTEMENT DES MÉNAGES, LA PROPORTION DES MÉNAGES ENDETTÉS A DÉCLINÉ

Entre 1989 et 2004, l'endettement des ménages exprimé en points de revenu disponible a augmenté de 8,3 points. Depuis 1995, point bas de l'endettement des ménages, la progression est de 12,8 points.

Pourtant, la proportion de ménages endettés a diminué . En 2004 (50,2 % des ménages), elle est inférieure à ce qu'elle était en 1989 (52,8 %), et seulement très légèrement supérieure à 1995 (49,1 %).

En bref, les emprunts contractés par les ménages ont augmenté plus vite que leur revenu , mais le nombre des ménages endettés a diminué .

LA DIFFUSION DE L'ENDETTEMENT PARMI LES MÉNAGES

Taux de détention des crédits

1989

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

par les ménages (en %)

Ensemble des ménages endettés

52,8

50,9

51,6

50,9

50,3

50,0

49,1

49,8

50,2

50,7

50,4

51,8

52,9

51,3

49,7

50,2

dont ménages ne détenant...

... que des crédits immobiliers

20,7

22,6

21,0

21,6

21,1

21,0

21,8

20,8

18,4

18,1

18,3

17,3

17,5

17,2

16,5

17,2

... des crédits immobiliers et des crédits de trésorerie

12,9

11,1

11,5

11,2

11,4

11,1

10,1

11,0

11,4

11,2

10,7

11,3

11,6

12,0

12,0

11,9

... que des crédits de trésorerie

19,2

17,2

19,1

18,1

17,8

17,9

17,2

18,0

20,4

21,4

21,4

23,2

23,8

22,1

21,2

21,1

- 31 -

dont ménages accédant à la propriété

24,3

24,4

24,3

24,2

24,5

24,1

24,2

23,5

23,3

22,7

22,2

22,6

22,3

22,4

21,8

22,4

Fréquence d'utilisation du découvert bancaire

22,0

22,6

23,1

22,3

21,5

21,7

20,4

22,3

23,2

22,7

24,3

23,8

24,1

22,8

23,4

24,5

Part des ménages endettés qui envisagent,

dans les prochains mois, la souscription...

... à un emprunt immobilier

5,2

4,4

4,2

4,3

4,6

4,0

4,3

4,5

4,2

5,0

5,2

5,3

5,6

5,5

5,9

6,0

... à un crédit de trésorerie

7,4

7,5

7,4

7,9

6,4

6,2

4,8

5,2

5,3

5,3

7,5

7,3

7,4

6,9

6,1

6,5

Source : Observatoire de l'Endettement des Ménages

L' essor du crédit s'est accompagné d'une concentration sur une partie plutôt stable de la population si bien que de nombreux ménages n'en ont pas tiré parti .

Cette situation est d'autant plus paradoxale que le revenu disponible de l'ensemble des ménages connaissait une amélioration, que des dispositifs publics étaient mis en place pour favoriser l'accès à l'emprunt, et que les taux débiteurs connaissaient une forte diminution .

Les phénomènes de cette sélection accrue du crédit semblent intervenir plus particulièrement dans certaines situations spécifiques.

Les phases de ralentissement économique accroissent la sélection du crédit. Au début des années 90, celle-ci accompagne le « credit crunch » puisque la proportion des ménages endettés diminue en même temps qu'une forte contraction de l'endettement des ménages intervient.

Le ralentissement économique du début des années 2000 n'a pas empêché une importante augmentation du crédit aux particuliers mais le nombre des ménages endettés a diminué.

La sélection du crédit ne joue pas identiquement pour toutes les catégories d'emprunt.

- S'agissant des crédits immobiliers , une tendance structurelle est observable ; depuis 1995, la proportion des ménages y ayant accès se rétrécit . Les ménages étaient alors 31,9 % à détenir un crédit immobilier ; en 2004, ils ne sont plus que 29,1 %. Le recul est encore plus important pour les ménages ne détenant qu'un crédit immobilier (de 21,8 % à 17,2 %) et pour les ménages en accession à la propriété (de 24,2 % à 22,4 %).

Ainsi, alors que l'encours de crédit immobilier a presque doublé depuis 1995, seul un peu plus du 1/5e des ménages français en dispose pour accéder à la propriété , soit une fraction de la population plus faible qu'en 1995.

- S'agissant des crédits de trésorerie (les crédits à la consommation), la sélection du crédit semble obéir à des facteurs plus conjoncturels .

La proportion des ménages disposant de crédits de trésorerie en 2004 est à peine supérieure à ce qu'elle était en 1989 même si les ménages ne détenant que des crédits de trésorerie sont désormais plus nombreux.

Pour ces emprunts, les variations du nombre des ménages endettés apparaissent étroitement dépendantes des évolutions de la conjoncture économique.

Au terme de ces mouvements contrastés, on peut observer que les ménages sont désormais sensiblement plus nombreux à être endettés au titre des crédits de trésorerie qu'au titre des crédits immobiliers alors que la situation inverse prévalait il y a quelques années.

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