B- Selon les catégories socioprofessionnelles : le crédit à l'habitat plutôt souscrit par les cadres et professions libérales
Remarque méthodologique : Nous avons pu reconstituer des « tableaux de financement » par catégorie socioprofessionnelle (CSP) et classe d'âge complets.
Par CSP , du côté des ressources , les différences de taux d'épargne par CSP sont bien moindres que celles qui apparaissent entre déciles de revenus : l'écart n'est que de six points de revenu disponible entre le taux le plus élevé (cadres et professions libérales) et le taux le plus faible (ouvriers). Les héritages et donations reçus, toujours en termes de revenu disponible, sont plus importants chez les agriculteurs et chez les cadres et professions libérales. Les crédits à l'habitat sont également plus présents dans cette dernière CSP .
Du côté des emplois , c'est sans surprise chez les retraités que les donations faites et les héritages transmis sont les plus élevés par rapport au revenu disponible. Les achats de logements (neufs ou anciens) et les montants de travaux réalisés sont, de loin, les plus importants chez les cadres et professions libérales. Les remboursements de crédits sont spécialement apparents chez les artisans, commerçants et chefs d'entreprise. Enfin, toujours en termes de revenu disponible, les placements financiers occupent une place considérable (de 9 à 11 % du revenu disponible) chez les inactifs et chez toutes les catégories actives, sauf les employés et ouvriers.
C- Au cours du cycle de vie : les 3/5 des ressources des moins de 25 ans sont du crédit à la consommation
Les « tableaux de financement » selon les classes d'âge dessinent un « cycle de vie » des ménages notablement différents de celui que décrivait Franco Modigliani au milieu du siècle dernier.
D'abord, du côté des ressources, on a la confirmation que les taux d'épargne restent largement positifs au-delà de l'âge de la cessation d'activité. Ensuite, les donations reçues sont assez importantes chez les moins de 35 ans, cependant que les héritages reçus le sont entre 45 et 75 ans. Chez les moins de 35 ans, le recours au crédit à la consommation, sous ses diverses formes, représente environ 10 % du revenu disponible. Quant au crédit à l'habitat, il correspond, chez les 25 à 34 ans, à près de 15 % de ce même revenu. S'agissant enfin des ventes de logements anciens, elles dépassent 10 % du revenu disponible des 65 à 74 ans.
Du côté des emplois, les achats de logements (neufs et anciens) s'élèvent à plus de 20 % du revenu des 25 à 34 ans et encore à quelque 15 % de celui des 35 à 44 ans. Le poids des remboursements de crédits atteint également quelque 15 % du revenu des 35 à 44 ans et encore plus de 12 % de celui des 45 à 54 ans. Les placements financiers correspondent à 13 à 15 % du revenu des 45 à 74 ans, alors qu'ils ne dépassent guère 3 % du revenu des 25 à 34 ans. Enfin, les héritages et donations transmis représentent 43 % du revenu des plus de 75 ans !
En définitive, les « tableaux de financement » par classe d'âge, établis hors consommation, fournissent une description tout à fait originale du « cycle de vie » des ménages pour autant qu'on puisse estimer que, dans une étude en coupe instantanée, les effets d'âge l'emportent tout de même assez nettement sur les effets de génération.
Pour s'en tenir aux deux groupes extrêmes, les « ressources financières » des plus jeunes (moins de 25 ans) sont composées pour un tiers de donations et héritages reçus et pour près des trois cinquièmes de crédits (majoritairement à la consommation) . Leur épargne propre est négative ! Les emplois de ces ressources sont consacrés pour près d'un tiers au remboursement des crédits, pour un autre tiers à l'achat de logements et pour un cinquième à des placements financiers.
Quant aux ressources financières des plus âgés (75 ans et plus), elles sont composées pour plus de moitié par une épargne qui reste fortement positive, pour un cinquième par la vente de logements anciens aux jeunes générations et encore pour près de 15 % par les héritages reçus. S'agissant des emplois, les héritages et donations transmis en forment l'écrasante majorité, la part des placements financiers restant cependant proche du quart.