B. LES LYCÉES FRANÇAIS

Les deux lycées français de Turquie, « Pierre Loti » à Istanbul et « Charles de Gaulle » à Ankara, sont actuellement installés de manière provisoire, la mise en oeuvre de projets immobiliers devant leur permettre de retrouver une implantation définitive.

1. Le lycée « Charles de Gaulle » à Ankara

A Ankara, la construction d'un nouveau lycée « Charles de Gaulle » était prévue depuis longtemps : la France avait acheté à cette fin, en 1998, un terrain de 3.500 m 2 situé au centre de la ville, à proximité du mausolée de Mustapha Kemal Atatürk.

Un concours d'architecture avait ensuite été organisé en 2002 en vue de la construction de ce lycée, et un lauréat avait été désigné en avril 2003. Le coût prévisionnel de construction était de l'ordre de 6 millions d'euros, que le ministère des affaires étrangères, après s'y être engagé, a indiqué ensuite ne pas être en mesure de financer. Du fait de l'installation provisoire satisfaisante du lycée, du caractère assez inconfortable du terrain, mais surtout des contraintes budgétaires, l'opération a toutefois été récemment suspendue. L'ambassade de France serait aujourd'hui à la recherche d'un nouveau terrain en dehors de la ville, qu'elle pourrait échanger avec le terrain initialement prévu pour accueillir le lycée. La solution qui sera trouvée pourrait être plus adaptée que le projet initial, notamment parce que la plupart des établissements privés réputés à Ankara s'installent à l'extérieur de la ville ; mais là encore, le provisoire dure, et engendre des coûts : ainsi, plus de 150.000 euros ont été dépensés pour l'organisation du concours et les études depuis l'achat du terrain, d'après les informations obtenues par votre rapporteur spécial auprès du ministère des affaires étrangères. La conduite de ce projet souligne, en tout état de cause, une mauvaise appréciation des conditions dans lesquelles le lycée français devait être installé. En effet, le projet initial d'implantation du lycée « Charles de Gaulle sur le terrain acheté par la France aurait conduit à construire un bâtiment accueillant environ 500 enfants de 3 à 18 ans sur six étages.

2. Le lycée « Pierre Loti » à Istanbul

Pour le lycée « Pierre Loti », situé dans le quartier de Beyoglu à Istanbul, dont une partie seulement (maternelle et primaire) est ouverte après avoir été mise aux normes de sécurité, une solution provisoire satisfaisante a été trouvée en installant des bâtiments préfabriqués d'excellente qualité dans la banlieue d'Istanbul, sur le terrain de Tarabya , situé à 17 kilomètres du site du lycée. Ce terrain de 7 hectares situé sur les rives du Bosphore, qui avait été donné à la France par le sultan en 1860, était l'ancienne résidence d'été de l'ambassadeur de France. Une dépendance du palais d'été de l'ambassadeur, qui a été détruit, est d'ailleurs louée au département francophone de science administrative et politique de l'université de Marmara, qui accueille entre 250 et 300 élèves.

Votre rapporteur a pu constater les prouesses réalisées pour accueillir les élèves du lycée français sur ce terrain à la rentrée 2003 : en deux mois, au cours de l'été, des préfabriqués confortables et respectant l'ensemble des normes applicables aux bâtiments destinés à l'accueil du public ont été installés. Ils accueillaient, à la rentrée 2003, 362 élèves (223 élèves dans les classes de collège et 139 dans les classes de lycée). Le coût des travaux d'installation s'est élevé à 826.000 euros. La communauté scolaire semble satisfaite de cette solution décidée dans l'urgence compte tenu des restrictions de capacité du lycée « Pierre Loti » liée à la fermeture de la partie des locaux qui n'a pas fait l'objet d'une mise aux normes para-sismiques.

Toutefois, cette installation ne semble que tolérée pour une durée provisoire. Il convient de décider rapidement, soit d'engager les travaux de mise aux normes sismiques de la seconde tranche du lycée « Pierre Loti » dans le quartier de Beyoglu , soit d'envisager le maintien, voire le développement à Tarabya de la structure existante, dans des conditions à définir avec les autorités turques. Cette dernière solution semble préférable, au regard des conditions d'étude des élèves. En effet, même si les financements destinés à la mise aux normes complète du site de Beyoglu étaient dégagés, ce qui est incertain compte tenu du coût des travaux, proche de 7 millions d'euros, le site est devenu trop exigü pour accueillir l'ensemble des élèves français : la surface par élève n'est que de 2,3 m 2 , contre une norme habituelle de 4,5 m 2 dans les établissements français. Du point de vue du confort des élèves comme de leur sécurité, le site de Tarabya paraît donc plus adapté.

Compte tenu de la réglementation turque très stricte relative à l'urbanisation des rives du Bosphore, une solution pour installer définitivement le lycée « Pierre Loti » à Tarabya pourrait consister à y reconstruire l'ancien palais d'été de l'ambassadeur de France, dont les plans sont connus : une telle solution recueillerait en effet certainement l'assentiment de la commission du Bosphore chargée de faire respecter les règles de construction, et donnerait un cachet certain à cette nouvelle implantation du lycée.

C. L'INSTITUT D'ÉTUDES FRANÇAISES D'ANKARA

L'institut d'études françaises d'Ankara a été ouvert en 1962. Le bâtiment est situé au centre de la ville, sur l'une des principales artères d'Ankara. Il a été fermé en décembre 1999 : à la suite du tremblement de terre de Kocaeli, le bureau d'étude « Veritas Turquie » a effectué une expertise du bâtiment qui a conduit l'ambassade de France à fermer le centre aux activités recevant du public, pour non-conformité aux normes de sécurité, notamment aux normes para-sismiques.

Il reste en fait discrètement ouvert pour permettre aux personnes qui le souhaitent de demander des informations ou de commander des ouvrages, auxquels ils n'ont toutefois plus d'accès direct. Par ailleurs, des personnels français de l'Institut travaillaient encore dans le bâtiment, dans une ambiance plutôt lugubre.

Suite à la fermeture de l'Institut, 15 salles de classe ont été louées dans un lycée anglophone voisin, pour un loyer mensuel de 5.800 dollars, afin de poursuivre l'enseignement du français, dispensés chaque année à environ 3.000 apprenants. Cette solution interdit toutefois l'organisation de cours dans la journée et pendant la période des vacances scolaires, mais le nombre d'apprenants resterait toutefois en progression (+ 14 % en 2001, + 17 % en 2002 et + 12 % au cours du premier semestre 2003). Si le secteur des cours de langue est bénéficiaire malgré les frais supplémentaires liés à la location des salles, les activités culturelles de l'institut sont déficitaires, d'une part, parce qu'elles sont organisées exclusivement à l'extérieur du bâtiment, d'autre part, parce que les tarifs pratiqués sont très faibles.

En bientôt cinq ans, le bâtiment de l'Institut français d'Ankara, faute d'entretien, s'est dégradé. Le coût des réparations et de sa mise aux normes ne fera que s'accroître avec le temps, coût auquel il convient d'ajouter celui de la location des salles de cours. Indépendamment des considérations financières et de la qualité moindre des prestations proposées par le centre dans un tel contexte, votre rapporteur spécial insiste sur la mauvaise impression que fait la France en laissant une telle situation perdurer et l'institut d'études française « tomber en ruine » dans l'une des plus importantes artères d'Ankara.

Il considère qu'il convient donc de prendre rapidement une décision au sujet de ce centre :

- soit l'on considère que cette implantation est inutile, inadaptée, ou encore, que le coût des travaux nécessaires, qui devrait être de l'ordre d'un million d'euros, ne rend pas « rentable » leur engagement. Dans ce cas il convient de mettre en vente ce bâtiment, puisque la France est propriétaire (si le bâtiment n'a sans doute pas une valeur marchande considérable, compte tenu de son état actuel, tel n'est probablement pas le cas du terrain sur lequel il est construit), quitte à chercher un lieu plus restreint pour accueillir de manière pérenne les activités les plus essentielles (centre de ressources, cours de langue...). Ce choix sera toutefois certainement mal interprété par les autorités locales et nationales turques, qui considéreront qu'il s'agit d'un désengagement de la France ;

- soit il convient de retenir la solution la plus évidente et d'engager rapidement les travaux de rénovation nécessaires à sa mise aux normes ainsi qu'à la restauration de sa façade.

Les études se multiplient, mais avec lenteur, depuis 1999, pour évaluer le coût des travaux. Les autorisations de programme ont été ouvertes en 2002. Toutefois, une nouvelle étude devrait être engagée, dans le courant de l'année 2004, afin d'obtenir un devis définitif. Reste qu'une incertitude totale existe quant à la disponibilité des crédits une fois que ce coût sera établi. L'institut d'études françaises se trouve donc dans une situation provisoire, coûteuse et totalement insatisfaisante, sans disposer de la moindre visibilité pour l'avenir.

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