(2) Les risques d'une adoption anticipée de l'euro
La question d'un éventuel assouplissement des critères de convergence doit, semble-t-il , recevoir une réponse nuancée.
Certes, il pourrait être justifié d'assouplir certains critères. Par exemple, un Etat bénéficierait d'autant plus de l'adoption de l'euro qu'il aurait des taux d'intérêt à long terme et une dette publique élevés. Surtout, le critère de solde public, qui est celui que respectent le plus faible nombre d'Etats, pourrait être adapté par la prise en compte du solde public structurel, et non du solde public nominal, comme votre rapporteur général le recommande dans le cas de la mise en oeuvre du pacte de stabilité.
Cependant, ces éventuelles adaptations ne pourront être que limitées.
Tout d'abord, les nouveaux Etats membres n'ont pas intérêt à un assouplissement de la règle d'inflation, dont on a vu qu'elle n'était respectée que par la moitié d'entre eux. En effet, ils seront soumis au cours des prochaines années à une inflation structurellement élevée, du fait en particulier de l' « effet Balassa-Samuelson » 91 ( * ) . Dans ces conditions, une adoption prématurée de l'euro dégraderait leur compétitivité, sans qu'ils puissent compenser ce phénomène par une dépréciation de leur monnaie. Ainsi, selon certains économistes, comme M. Patrick Artus et Mme Emma Ménascé, une adhésion rapide à l'euro « aurait un coût économique gigantesque : perte de compétitivité, puisque l'inflation d'équilibre est plus élevée dans les PECO (effet Balassa, convergence des niveaux de prix, excès chronique de demande), freinage de la croissance, avec la nécessité d'un policy-mix restrictif » 92 ( * ) .
Ensuite, l'adoption de l'euro devra d'autant plus être crédible que les Etats concernés seront particulièrement vulnérables aux crises de change, alors qu'ils appartiendront au mécanisme de change européen.
* 91 En période de rattrapage économique, les hausses de salaire permises dans les secteurs soumis à la concurrence internationale, qui sont ceux qui réalisent les plus forts gains de productivité, se diffusent à l'ensemble de l'économie, augmentant la hausse des prix.
* 92 CDC Ixis Capital Markets, « Flash » n° 2004-183, 14 juin 2004.