B. LES ÉTATS CANDIDATS POURSUIVENT DE MANIÈRE DIVERSE LEUR CONVERGENCE VERS LES ÉCONOMIES DE LA ZONE EURO
a) La situation actuelle de leur convergence nominale
Pour les dix pays d'Europe centrale et orientale, la convergence au sens des critères de l'Union économique et monétaire est actuellement la suivante.
CONVERGENCE NOMINALE
DES NOUVEAUX ÉTATS MEMBRES DE L'UNION EUROPÉENNE
En % |
Inflation (*) |
Taux à Long Terme (**) |
Solde budgétaire (***) |
Dette publique (***) |
Variation du taux de change (****) |
||
Chypre |
0,1 |
4,79 |
- 6,3 |
72,2 |
|
||
Estonie |
1,5 |
4,77 |
2,6 |
5,8 |
- 4,0 |
||
Hongrie |
7,0 |
8,65 |
- 5,9 |
54,9 |
- 9,1 |
||
Lettonie |
5,0 |
5,05 |
- 1,8 |
15,6 |
- 12,4 |
||
Lituanie |
- 0,7 |
4,81 |
- 1,7 |
21,9 |
0,4 |
||
Malte |
3,6 |
4,70 |
- 9,7 |
72,0 |
|
||
Pologne |
2,3 |
6,82 |
- 4,1 |
45,4 |
- 21,2 |
||
République tchèque |
2,0 |
4,80 |
- 12,9 |
37,6 |
- 4,0 |
||
Slovaquie |
7,8 |
5,11 |
- 3,6 |
42,8 |
- 6,3 |
||
Slovénie |
3,6 |
5,01 |
- 1,8 |
27,1 |
- 4,7 |
||
Valeur de référence |
2,4 |
6,75 |
- 3,0 |
60 |
+/- 15% |
||
(*) |
Taux annuel en avril 2004, source : Eurostat. |
||||||
(**) |
En % annuels, moyenne sur la période, rendements sur le marché secondaire des obligations d'État à échéances proches de dix ans, février 2004, sources : BCE et Commission européenne. |
||||||
(***) (****) |
En % du PIB en 2003, sources : États membres, Commission et révision Eurostat. En % par rapport à la parité avec l'euro sur les trois dernières années |
Pour l'heure, seules l'Estonie et la Lituanie remplissent tous les critères fixés par le traité , à l'exclusion évidemment de la participation pendant deux ans au mécanisme de change européen qui exigera vraisemblablement la modification de leur régime actuel de change.
Les dix pays adhérents ont notifié pour la première fois, début 2004, à titre d'information, leurs données de déficit et de dette , dans les mêmes conditions que les États membres. En 2003, les plus forts déficits, en pourcentage du PIB, ont été observés en République tchèque (- 12,9 %), à Malte (- 9,7 %), à Chypre (- 6,3 %), et en Hongrie (- 5,9 %). Seule l'Estonie a enregistré un surplus (+ 2,6 %). Les plus hauts niveaux de dette publique, en termes de PIB, ont été relevés à Chypre (72,2 %) et à Malte (72,0 %), et les plus bas en Estonie (5,8 %), en Lettonie (15,6 %) et en Lituanie (21,9 %).
Dans l'ensemble, la dette publique des nouveaux États membres reste faible . En dehors de Chypre et Malte, seuls la Pologne et la Hongrie s'approchent de la barre des 60 % du PIB . L'évolution de ce ratio dépendra à l'avenir de la croissance, du déficit du budget de l'État et des administrations et du taux de change. La plupart des prévisions laissent entrevoir que cette limite ne serait pas franchie par la Hongrie et par la Pologne.
S'agissant du déficit budgétaire en revanche, la situation des pays candidats à l'euro est plus délicate . Le déficit des administrations publiques s'est accru l'année dernière en Pologne, atteignant 4,1 % du PIB en 2003, malgré un contexte de reprise de l'activité. Selon les prévisions du printemps 2004 de la Commission et des autorités polonaises, le déficit des administrations publiques devrait être de l'ordre de 6 % du PIB en 2004. En 2003, le déficit des administrations publiques hongroises est tombé à 5,9 % du PIB. Selon les prévisions du printemps 2004 de la Commission et des autorités hongroises, le déficit des administrations publiques en Hongrie restera supérieur à 4 % du PIB en 2004 et 2005.
Le déficit public de la République tchèque s'est creusé pour s'établir à 12,9 % du PIB en 2003 (en tenant compte du coût, estimé à 6-7 % du PIB, d'une opération exceptionnelle de grande ampleur), dans un contexte de croissance économique soutenue. Selon les prévisions du printemps 2004 de la Commission et des autorités tchèques, le déficit public devrait avoisiner 6 % du PIB en 2004. Profitant de la poursuite d'une croissance vigoureuse, le déficit des administrations publiques slovaques est redescendu à 3,6 % du PIB en 2003. En 2004, selon les prévisions de printemps de la Commission et des autorités slovaques, le déficit public s'établira à 4 % du PIB environ.
S'agissant de l'inflation , les taux les plus faibles enregistrés sur douze mois l'ont été en Lituanie (- 0,7 %), à Chypre (0,1 %) et en Estonie (1,5 %) ; les plus élevés ont été observés en Slovaquie (7,8 %), en Hongrie (7 %), et en Lettonie (5 %).
L'inflation en Slovaquie s'explique par la dérégulation en cours des prix administrés. En Slovénie , par la faiblesse de la concurrence. En Hongrie , par les conséquences de la faiblesse du forint et par la vigueur de la consommation. Toutefois l'exemple polonais (dont le taux d'inflation actuel est inférieur à celui de la moyenne de la zone euro) montre qu'une politique monétaire restrictive, éventuellement complétée par une politique fiscale adaptée, permet rapidement de retrouver le niveau d'inflation de la moyenne européenne.
S'agissant des taux d'intérêt à long terme , ceux-ci dépendent de plusieurs facteurs, en particulier du niveau d'inflation attendue, mais aussi, dans le cas des pays candidats, de la date possible de leur intégration dans la zone euro. Les perspectives de report de cette date a eu comme première conséquence une remontée des taux longs dans certains de ces pays , notamment la Pologne, la Hongrie et la République Tchèque. Une démarche crédible en terme de politique économique nationale sera évidemment un élément déterminant du niveau des taux d'intérêt à long terme de ces pays.
b) La poursuite de la convergence réelle
D'une manière générale, ces pays ont connu depuis dix ans une croissance impressionnante avec une multiplication par deux de leur produit intérieur brut par habitant , qui les placent, selon les sources du FMI et de la Banque centrale, devant des pays comme l'Inde, le Mexique ou le Brésil.
ÉVOLUTION DU PIB PAR HABITANT
DANS QUELQUES PAYS ÉMERGENTS ENTRE 1994 ET 2003
(Progression en pourcentage sur la
période)
Sources : FMI, Banque mondiale, en dollars
Pour autant, les retards par rapport aux économies de la zone euro restent considérables si on en juge par quelques indicateurs comme le PNB par habitant, le coût du travail horaire et le taux de chômage. En revanche le taux de croissance et le montant des investissements directs étrangers sont à leur avantage.
S'agissant de l'emploi, dans la moitié des régions des nouveaux États membres, le taux de chômage est le double de la moyenne de l'UE . Dans onze régions, le taux de chômage est égal ou inférieur à celui de l'UE. Ces régions sont situées en République tchèque (5), en Hongrie (4) ainsi qu'à Chypre et en Slovénie. Dans dix-neuf régions, le taux de chômage est plus de deux fois supérieur à celui de l'UE : les seize régions de Pologne et les trois régions de la République slovaque.
PRINCIPAUX INDICATEURS DE LA CONVERGENCE RÉELLE
DES ÉTATS CANDIDATS À L'EURO
Pays |
PIB par habitant (*) |
Taux de chômage (**) |
Taux de croissance (***) |
Coût de travail horaire (****) |
Investissements directs étrangers (*****) |
Chypre |
21.19 |
4,7 |
2.7 |
10.47 |
6.2 |
Estonie |
10.17 |
9,3 |
4.9 |
3.03 |
8.1 |
Hongrie |
12.34 |
6,0 |
2.9 |
3.83 |
3.7 |
Lettonie |
7.73 |
10,7 |
5.9 |
2.42 |
4.9 |
Lituanie |
8.47 |
11.5 |
6.5 |
2.71 |
5.1 |
Malte |
13.16 |
9,0 |
1.4 |
- |
14 |
Pologne |
9.45 |
19 |
2.8 |
4.48 |
4.0 |
Rep. Tchèque |
14.72 |
8,4 |
2.6 |
3.90 |
9.2 |
Slovaquie |
11.96 |
16.5 |
4.2 |
3.06 |
8.0 |
Slovénie |
17.13 |
6,5 |
2.9 |
8.98 |
3.3 |
Moyenne 10 |
12.63 |
10.8 |
3.7 |
4.76 |
6.6 |
UE |
23.94 (zone euro) |
8.8 (zone euro) |
1.3 |
21.19 (EU14) |
|
(*) en 2001, en milliers de $, source : Banque mondiale
(**) en mars 2004, source : Eurostat
(***) moyenne 2002-2004, sources : Eurostat, OCDE, FMI, statistiques nationales
(****) en 2000, en euros, source : Eurostat (2003)
(*****) en pourcentage du PIB, moyenne 1998-2002, source : Commission européenne
En dehors de la Slovénie et de Chypre qui se situent à plus de 70 % du niveau de vie moyen de l'Union européenne, le PIB par habitant des pays candidats à l'euro ne dépasse pas 40 % de celui des anciens États membres .
En outre une des principales faiblesses des nouveaux États membres tient au déficit de leur balance courante, qui jusqu'à présent était compensée par les entrées d'investissements directs étrangers. Mais, en raison du ralentissement de ce flux, notamment avec la fin des opérations de privatisation, cette situation risque vite de poser des problèmes de couverture.
ÉTAT DES BALANCES COURANTES DES NOUVEAUX ÉTATS MEMBRES
(En pourcentage du PIB, en moyenne sur la période 1997-2003)
-9,6
-4,3
-3,4
-6,4
-0,2
-9,3
-7,9
-8,5
0,6
Slovaquie
Chypre
Hongrie
Malte
Slovénie
Estonie
Lituanie
Lettonie
EU
Sources : BERD, Transition Report 2003, Commission
européenne,
rapport sur l'économie européenne, automne
2003, Deutsche Bank
Finalement, comme l'a souligné la Banque centrale européenne dans la position de principe de son Conseil des Gouverneurs du 18 décembre 2003 concernant les questions de taux de change relatives aux pays adhérents : « Les décisions relatives à la date d'adhésion et à la durée de la participation au MCE II doivent être prises en tenant compte des bénéfices attendus de la participation au mécanisme pour les perspectives de réalisation d'une convergence durable des données économiques fondamentales. L'objectif global de ce processus doit être de favoriser la stabilité économique dans les nouveaux États membres, afin de contribuer le mieux possible à une croissance durable et à une convergence réelle ».