EXAMEN EN COMMISSION
Mercredi 9 juillet
2003
-
Présidence de
M. Jean Arthuis, président
.
La commission a entendu une
communication
de
M. Jean Arthuis
,
président,
sur
l'état d'avancement de la mise en oeuvre
de la loi organique du 1
er
août 2001 relative aux
lois de finances (LOLF).
M. Jean Arthuis, président
, a rappelé qu'il y a deux ans,
à quelques jours près, le Sénat avait approuvé, en
seconde lecture, la loi organique relative aux lois de finances qui devait
être promulguée, quelques semaines plus tard, le 1
er
août 2001.
Il a souligné que la réforme était à mi-chemin,
à deux ans de la préparation du projet de loi de finances pour
2006, qui sera le premier budget à intégrer l'ensemble des
dispositions de la loi organique. Il lui a semblé important que la
commission puisse se prononcer sur la manière dont est conduite la mise
en oeuvre de la loi organique, et publier un rapport d'étape, en
utilisant notamment les travaux conduits par le groupe de travail sur sa mise
en oeuvre, composé des membres du bureau, et auxquels avaient
été associés, pour les auditions, les rapporteurs
spéciaux sectoriellement compétents.
M. Jean Arthuis, président,
a indiqué que le premier
constat qui pouvait être fait, était celui de
l'intérêt porté à la loi organique par l'ensemble
des acteurs publics : Parlement, Cour des comptes, ministères,
établissements publics, syndicats de la fonction publique... Chacun
avait désormais conscience des enjeux de la loi organique et des
changements considérables qu'elle pouvait apporter dans la vie
administrative française. La preuve en était que des
thèmes, souvent tabous jusqu'il y a peu, commençaient à
être abordés avec davantage de
sérénité : la réduction du nombre de
fonctionnaires, la clarification du mode de financement des pensions,
l'introduction d'une rémunération au mérite dans la
fonction publique ou la responsabilisation des gestionnaires étaient
autant de questions que la loi organique avait contribué à
installer durablement sur la scène politique. Il a
considéré que c'était le premier mérite de la LOLF
- et non le moindre - que de « forcer » l'administration
à se pencher sur ses objectifs, ses modalités de fonctionnement
et son organisation. Il a rappelé que la plupart des pays
développés avaient accompagné la réforme de leurs
finances publiques d'une réforme de l'organisation de l'administration
d'Etat, visant à mieux caractériser la responsabilité de
gestion des hauts fonctionnaires en charge des programmes. Si la loi organique
n'abordait pas ce type de questions, il a estimé qu'elle les posait
inévitablement pour l'avenir. En ce sens, il a affirmé qu'elle
était, et devait continuer à être, un levier essentiel de
la réforme de l'Etat, considérant qu'il s'agissait de
« mettre de la lumière dans toutes les pièces ».
S'agissant du Parlement et, en particulier, de la commission des finances du
Sénat,
M. Jean Arthuis, président,
a
indiqué
que la loi organique avait, d'ores et déjà, porté ses
premiers fruits. Il a souligné que chacun avait pu constater, au cours
des deux dernières années, les progrès accomplis en
matière d'information et de contrôle, le gouvernement devant
désormais fournir des informations plus denses et synthétiques au
Parlement, qui étaient utilisées « en temps
réel » pour auditionner les ministres dépensiers. Il a
rappelé qu'entre le 28 mai et le 10 juillet 2003, comme prévu,
six ministres avaient été entendus par la commission, en
présence des rapporteurs pour avis des commissions concernées,
sur l'exécution en 2003 de leur budget.
De même, il a indiqué que les commissions des finances
étaient davantage associées à certaines décisions
de gestion ; elles disposaient d'un droit d'accès renforcé
aux documents administratifs, y compris aux rapports des corps de
contrôle, que ce soit l'IGF, l'IGA ou l'IGAS notamment. Il s'est tout
particulièrement félicité de la qualité des
relations avec la Cour des comptes qui s'étaient enrichies, grâce
notamment aux communications que la commission lui demandait. Il a
estimé que les réunions auxquelles avaient participé les
responsables des organismes contrôlés et les magistrats de la Cour
des comptes en charge du contrôle avaient montré que cette formule
permettait de dynamiser les travaux en commission et s'est réjoui de
« l'interactivité » qui s'y était
instaurée.
Sur la mise en oeuvre de la réforme proprement dite, il a rappelé
qu'elle était organisée, au plan administratif, autour de
plusieurs institutions spécifiques, dont la direction de la
réforme budgétaire, formée de fonctionnaires de la
direction du budget pour l'essentiel, assurait le pilotage. Elle coordonnait
les nombreux travaux visant à expliciter les concepts et les
dispositions de la loi organique afin d'harmoniser sa mise en oeuvre par les
ministères. Il a indiqué qu'un comité
interministériel d'audit des programmes (CIAP) était
chargé d'évaluer les programmes des ministères, afin de
s'assurer de leur cohérence et du respect des conditions fixées
par la LOLF. Ce comité, composé de membres des corps
d'inspection, ce qui était de nature à garantir son
impartialité, avait publié, d'ores et déjà, un
utile guide initial d'audit des programmes qui recensait les principales
étapes et conditions de la construction d'un programme. Il aurait un
rôle déterminant pour assurer la qualité des programmes
présentés au Parlement.
M. Jean Arthuis,
président,
s'est interrogé toutefois quant à sa
capacité à remplir correctement cette mission essentielle,
dès lors que la plupart des programmes lui seront soumis pour audit au
cours de la même période, alors que son président
n'était en mesure d'y consacrer qu'une petite partie de son temps. Il a
indiqué qu'il avait d'ailleurs saisi le ministre
délégué au budget et à la réforme
budgétaire de cette question.
M. Jean Arthuis, président
, a rappelé que le Canada avait
engagé une ambitieuse réforme des finances publiques en 1994,
conduisant à évaluer l'ensemble des programmes du gouvernement,
à partir des six critères de base suivants : le programme
étudié servait-il encore l'intérêt
public ? Etait-il légitime et indispensable que ce soit le
gouvernement qui l'exécute ? Le rôle du gouvernement central
était-il justifié ou le programme devait-il être
repensé en fonction des provinces ? Le gouvernement devrait-il
remplir son rôle de concert avec le secteur privé ou le secteur
bénévole ? Comment pourrait-on restructurer le programme en
question pour le rendre plus efficace ? Etait-il abordable au regard de la
capacité financière du gouvernement ?
M. Jean Arthuis, président
, a rappelé que, dans les
ministères, la mise en oeuvre de la LOLF était prise en charge,
pour l'essentiel, par les directions financières. Dans son rapport sur
l'exécution des lois de finances pour l'année 2002, la Cour des
comptes avait souligné, d'ailleurs, la faible implication des directions
opérationnelles dans ce processus.
Au total, il a considéré qu'il convenait de prendre acte de la
mise en place, par l'Etat, des structures administratives visant à la
mise en oeuvre de la loi organique, et des efforts fournis par les
fonctionnaires y travaillant, car leur tâche était à la
fois complexe et urgente. Il a, à nouveau, souligné la
qualité des travaux de la Cour des comptes, tant pour répondre
aux demandes d'assistance de la commission que pour suivre la mise en oeuvre de
la LOLF dans les ministères, la partie qui y était
consacrée dans son rapport sur l'exécution des lois de finances
pour 2002 en témoignant.
M. Jean Arthuis, président
, a considéré qu'il
n'était pas certain que le choix de confier la mise en oeuvre de la
réforme aux seuls « budgétaires » soit le
meilleur gage de réussite et d'implication de tous les acteurs dans ce
projet.
En premier lieu, il a rappelé que la direction du budget, largement
impliquée dans la mise en oeuvre de la LOLF, perdrait du pouvoir avec la
réforme ; par ailleurs, la loi organique concernait avant tout les
gestionnaires des crédits, et il était donc essentiel qu'ils
soient impliqués dès l'origine dans l'élaboration des
concepts qui présideront à la nouvelle budgétisation des
dépenses ; enfin, le dispositif mis en oeuvre souffrait d'une carence
importante : l'absence de structure interministérielle
chargée d'opérer certains arbitrages. Il a indiqué qu'une
telle structure existait - même si son rôle était avant tout
technique - pour les programmes, avec le CIAP, mais qu'elle n'existait pas,
s'agissant des missions.
Il a précisé que la direction de la réforme
budgétaire considérait, à l'origine, que le choix des
missions devait intervenir à l'issue de la réflexion sur les
programmes, dès lors que la mission n'avait pas de réalité
en gestion. Il a estimé qu'une telle approche avait plusieurs
inconvénients : elle obligeait les ministères à
adopter une approche « bottom up » (par le bas), et
à concevoir les missions comme résultant de l'agrégation
de programmes ministériels. Il a indiqué qu'il avait
été décidé, suite notamment aux observations des
parlementaires, de mener de front la réflexion sur les programmes et sur
les missions, mais que l'absence de concertation entre les ministères
rendait ce travail sur les missions un peu confus lorsqu'il s'agissait
d'étudier l'opportunité de proposer des missions
interministérielles. Plusieurs ministères défendaient ou
envisageaient de telles missions parmi lesquelles la recherche, les
affaires étrangères pour l'aide publique au développement,
le ministère de l'intérieur pour la sécurité
intérieure, ou encore la ville, qui proposait, dans le projet de loi
d'orientation et de programmation pour la ville et la rénovation urbaine
qui sera soumis prochainement pour avis à la commission, un dispositif
semblant préfigurer une mission interministérielle, mais qui n'en
aurait sans doute pas le statut.
Il a rappelé deux éléments importants à ses yeux.
D'une part, il faudrait, de toute évidence, limiter le nombre de
missions interministérielles, afin d'éviter une fragmentation
excessive des programmes. Toutefois, il a considéré que certaines
missions interministérielles méritaient un examen approfondi.
C'était le cas, en premier lieu, de la sécurité
intérieure, mais aussi de la recherche et de l'aide publique au
développement. Or, en l'absence d'arbitrage suffisamment en amont du
processus, il a estimé qu'il serait impossible de fabriquer de telles
missions à partir de programmes qui n'auraient pas été
élaborés à cette fin. Il a donc craint que le processus en
cours n'empêche, pratiquement, la constitution de missions
interministérielles et n'entretienne une confusion certaine dans les
ministères qui défendaient une telle idée. Il a
estimé que des arbitrages interministériels s'imposaient donc
rapidement sur ce point.
D'autre part, certains ministères avaient, au contraire, la tentation de
proposer la constitution, pour leur budget, d'une mission unique comportant un
programme unique, de manière à « profiter au
maximum » de la fongibilité des crédits. Il a
considéré que sur ce point, il faudrait être ferme pour
imposer un compromis entre l'information du Parlement et le respect de son
autorisation, d'une part, et la volonté d'assouplir au maximum la
gestion des crédits, d'autre part. Il a rappelé que le Parlement
disposerait, en tout état de cause, de la possibilité de scinder
un programme s'il lui semblait qu'il s'agissait, pour un ministère, de
profiter de la fongibilité des crédits au détriment de la
cohérence d'un programme et de la lisibilité de son action.
Sur les programmes, il a indiqué que le Parlement commençait
à avoir une idée des intentions des ministères, qui
devaient « rendre leur copie » au ministère
délégué au budget et à la réforme
budgétaire à l'automne 2003. La loi de finances pour 2004 serait
donc une occasion privilégiée pour interroger les ministres, et
il a invité ses collègues à se pencher sur ce sujet, afin
que le Parlement prenne pleinement sa part dans l'élaboration de la
future nomenclature budgétaire. Il a insisté sur le fait que la
réforme, sous des apparences parfois techniques, était avant tout
politique.
Or, il a indiqué avoir constaté, pour certains ministères,
une faible implication des ministres et de leurs cabinets dans la mise en
oeuvre de la LOLF. Il a donc estimé qu'il était essentiel que le
Parlement insiste sur la nécessité pour les ministres de
s'intéresser à ce processus, et de s'impliquer davantage dans la
gestion de leur administration. Ils devaient saisir cette occasion pour mieux
connaître leurs effectifs, les priorités de leur action, et
engager les réformes structurelles qui s'imposaient. Il a
considéré que si les ministres ne s'impliquaient pas, la
réforme ne serait qu'un texte technique et « perdrait le
souffle » que le Parlement avait voulu lui donner.
Il a ajouté que la loi organique devait permettre
« d'éclairer chaque pièce de la maison des finances
publiques ». En cela, il a considéré qu'elle
était une chance pour la réforme de l'Etat et aussi un
accélérateur. Il a estimé que le Sénat, à
l'occasion de la loi de finances pour 2004, devrait mesurer cette
volonté de réforme qui devait animer l'ensemble du gouvernement
et inviter les ministères, et par roulement les structures techniques,
à présenter des projets précis préfigurant la mise
en oeuvre de la LOLF.
Il a affirmé que la loi organique devait permettre d'identifier les
coûts des politiques, et faire apparaître les inefficiences et les
services inutiles au sein des administrations. L'exercice d'élaboration
des programmes ne devait donc pas s'effectuer nécessairement à
périmètre constant, mais devait conduire les ministres à
identifier les économies potentielles et les organisations
inadaptées, afin de contribuer à la réforme de l'Etat et
à l'assainissement des finances publiques. En un mot, il devait
constituer un salutaire exercice « d'introspection » :
à quoi servent les structures existantes, quelle est leur
utilité, quel est leur coût... Il a considéré qu'il
était nécessaire, pour cela, que l'appareil administratif
« soit mis sous tension », ce que seul le politique
était en mesure de faire.
S'agissant de la mesure de la performance,
M. Jean Arthuis,
président
, a considéré qu'il était essentiel de
s'assurer de la cohérence des objectifs et des indicateurs avec les
programmes. Il a rappelé qu'il ne s'agissait pas seulement d'une
contrainte d'affichage, comme cela pouvait être le cas pour certains
agrégats, car les objectifs devraient structurer l'action des
gestionnaires. De même, il a indiqué qu'il était important
que la construction des programmes ne soit pas dissociée de la mise en
oeuvre d'un contrôle de gestion, actuellement en cours dans les
ministères : les objectifs et les indicateurs devraient être
reliés avec les objectifs opérationnels des services et les
indicateurs de gestion qu'ils développaient, ce qui impliquait une
réflexion et une concertation approfondie au sein des ministères.
Là encore, il a indiqué que l'état d'avancement des
travaux des ministères était inégal, et que la
qualité de la gestion et des informations fournies au Parlement pourrait
s'en ressentir.
Il a conclu en évoquant la réforme comptable, considérant
qu'elle était au coeur des réformes engagées, car elle
permettrait de connaître la situation financière de l'Etat, y
compris l'état de son patrimoine, le niveau des charges futures et les
risques pour l'avenir, le tout étant soumis à la certification de
la Cour des comptes. La nouvelle comptabilité fournirait aussi un
éclairage sur le coût des politiques. Ce serait donc un outil
essentiel pour le gestionnaire, mais aussi pour le Parlement, afin
d'éclairer ce qui restait aujourd'hui trop souvent opaque, et de
permettre aux parlementaires de prendre leurs décisions en pleine
connaissance de cause. La mise en oeuvre de la réforme comptable
impliquait un très lourd travail de définition des normes et de
mise en oeuvre d'un outil informatique, intitulé ACCORD. Une fois ce
travail effectué, le patrimoine de l'Etat et l'évolution de sa
valorisation seraient connus. Il a souligné que le Sénat
était souvent amené à dénoncer l'absence de
politique immobilière de l'Etat ou l'entretien insuffisant de son
patrimoine et a indiqué que la LOLF permettrait de disposer de mesures
précises pour appuyer ces observations.
Au total,
M. Jean Arthuis, président
, a insisté sur le
fait que la mise en oeuvre de la LOLF devait appeler une attention soutenue,
particulièrement au cours des prochains mois, où des
décisions importantes seraient prises. Il a estimé que
l'année 2004 serait le premier rendez-vous politique important de la
mise en oeuvre de la LOLF, et que l'implication du Parlement serait
déterminante pour son succès, que l'on devait mesurer notamment
par sa contribution à la réforme de l'Etat et à
l'assainissement des finances publiques. Cette réforme voulue par le
« politique », le politique devait la mener jusqu'au bout
et elle ne devait pas être gérée par les seuls responsables
administratifs. Elle permettrait en effet d'assumer pleinement la mission de
contrôle qui était, comme l'avait rappelé encore tout
récemment le président Christian Poncelet, la « seconde
nature du Parlement ».
M. Jean Arthuis, président
,
a considéré que les efforts ne devaient pas être
relâchés, même si les premiers résultats obtenus
étaient significatifs, et a insisté sur le fait qu'il fallait
veiller toujours à « remettre sur le métier »
les préoccupations de la commission, tout en adaptant ses
méthodes de travail à ces nouveaux enjeux.
Un très large débat s'est alors ouvert.
M. François Marc
s'est associé aux propos du
président sur la nécessaire implication des hommes politiques
dans la mise en oeuvre de la LOLF, considérant que les auditions
menées par la commission avaient montré que les ministres
s'impliquaient de manière inégale dans la gestion de ce processus.
Il a exprimé des nuances s'agissant de l'exemple des réformes
conduites au Canada, considérant que les questions destinées
à évaluer la pertinence d'un programme étaient certes
légitimes dans le secteur privé, mais que le secteur public
devait faire prévaloir le respect de la devise républicaine
« liberté, égalité,
fraternité », sur le critère de rentabilité.
Il a considéré que l'Etat ne devait pas se désengager de
la sphère publique par souci de productivité, et a rappelé
que l'augmentation des prélèvements obligatoires n'était
pas, en soi, répréhensible dès lors qu'elle permettait de
créer un champ de liberté supplémentaire.
Il a souligné que les critères du management privé
tendaient à irriguer la logique décisionnelle de la sphère
publique à l'étranger, ce qui n'était pas toujours
conforme aux principes républicains. Par conséquent, s'il a
reconnu que les paramètres comptables et financiers devaient être
pris en compte par l'administration, il a considéré qu'ils
n'étaient pas primordiaux.
M. Jean Arthuis, président
, a précisé qu'il avait
cité les questions élaborées par le gouvernement canadien
à titre d'exemple, afin de montrer de quelle manière l'action de
l'administration pouvait être remise en question.
Il a rappelé que la mise en oeuvre de la LOLF ne devait pas conduire les
ministres à « photographier » leurs services, mais
au contraire à se poser la question de leur utilité, afin
d'envisager des réorganisations en conséquence.
M. Maurice Blin
a considéré que l'échange ayant
lieu au sein de la commission soulignait la nécessité d'une
réflexion approfondie sur la LOLF. Il a considéré qu'il
n'existait pas de contradiction entre la noblesse des finalités
publiques de l'action de l'Etat et l'efficacité de leur mise en oeuvre,
citant, en exemple, les universités, dont l'organisation
différait selon les pays.
Il a constaté que la mise en oeuvre dans l'administration d'une logique
de gestion inspirée des pratiques du secteur privé constituait
une véritable révolution. A cet égard, il a indiqué
que, s'agissant du ministère de la défense, la mise en oeuvre de
la LOLF impliquait qu'une organisation nouvelle remplace la logique verticale
de séparation entre les armées, ce qui était à la
fois souhaitable et particulièrement délicat à mettre en
oeuvre.
Enfin, il a souligné l'importance de rappeler aux politiques la
nécessité de s'impliquer pleinement dans la mise en oeuvre de la
LOLF.
M. Aymeri de Montesquiou
a considéré que la bonne gestion
n'était pas un concept public ou privé, mais devait s'imposer
à tous, ajoutant qu'elle était la meilleure garantie pour que
soit respectée la devise de la République, et pour assurer la
pérennité de l'attractivité de la France.
Sur ce point,
M. Jean Arthuis, président
, a rappelé que
les Etats vivaient désormais dans une situation de concurrence
très forte, chaque faute pouvant conduire à amoindrir le
potentiel productif d'un pays.
M. Eric Doligé
a souligné que l'exigence
républicaine consistait à ne pas « vivre au-dessus de
ses moyens », ajoutant qu'avec une gestion privée, l'Etat
aurait sans aucun doute déjà « déposé son
bilan ».
Il a souhaité que la LOLF permette d'identifier les inefficiences au
sein de l'administration, considérant que les citoyens et les
entreprises ne devaient pas être la variable d'ajustement du besoin de
financement de l'Etat. Il a déploré les lacunes dans
l'évaluation des mesures annexée aux projets de loi soumis au
Parlement et a estimé que la réforme en cours était une
chance qu'il convenait de saisir rapidement.
M. Jean Arthuis, président,
a souligné que la LOLF
n'était pas une révolution en soi, la véritable
révolution étant que les ministres s'impliquent davantage dans la
gestion de leur administration. Il a souligné que l'organisation
actuelle de la comptabilité de l'Etat ne permettait pas au Parlement
d'assurer sa mission de contrôle dans de bonnes conditions, et a
estimé que la résistance des citoyens aux réformes
découlait, en partie, des lacunes de l'information relative aux finances
publiques.
M. Paul Girod
a exprimé quelques réticences quant
à la mise en oeuvre de la LOLF, souhaitant que l'on connaisse rapidement
les missions que le gouvernement envisageait de mettre en place.
Il a considéré que l'on devrait simplifier, à terme, la
discussion de la loi de finances initiale et consacrer davantage de temps, y
compris pour les rapporteurs spéciaux, à l'examen de la loi de
règlement.
M. Jean Arthuis, président
, a approuvé ces propos,
soulignant que la discussion de la loi de finances initiale était un
exercice virtuel, la réalité étant
généralement différente des informations fournies au
Parlement à cette occasion, s'agissant notamment des effectifs des
ministères. Sur les missions, il a considéré que
c'était l'un des objets de cette communication que d'inviter le
gouvernement à faire état rapidement de ses intentions à
ce sujet.
M. Adrien Gouteyron
a considéré que ce débat
montrait bien que les préoccupations des uns et des autres se
rejoignaient sur l'efficacité de la République. Il a
souhaité connaître la « feuille de route » des
rapporteurs spéciaux dans le cadre de la mise en oeuvre de la LOLF.
M. Jean Arthuis, président,
a indiqué qu'il convenait de
« mettre sous tension » les ministres et leurs cabinets et
de consacrer davantage de temps, comme cela avait été fait au
cours du premier semestre 2003, au suivi de l'exécution
budgétaire. Il a rappelé le calendrier défini par le
ministère délégué au budget et à la
réforme budgétaire pour la mise en oeuvre de la LOLF.
M. Paul Loridant
s'est félicité que ces
problématiques progressent dans un certain nombre de ministères,
citant l'exemple de la direction générale des douanes et des
droits indirects du ministère de l'économie, des finances et de
l'industrie. S'agissant de l'exercice de la mission de contrôle du
Parlement, il a déploré l'insuffisante prise de conscience du
pouvoir des rapporteurs spéciaux dans les administrations, et a
souhaité que celles-ci y soient davantage sensibilisées. Enfin,
il a demandé que des éléments relatifs à la
méthodologie des contrôles soient fournis aux membres de la
commission.
M. Jean Arthuis, président
, a considéré qu'il
convenait de faire précéder les missions de contrôle d'une
information sur la portée et la nature du contrôle
envisagé. Il a souhaité que des éléments de
méthodes soient définis à l'attention des membres de la
commission, et a indiqué qu'une réflexion était
engagée sur la constitution d'un pôle de coordination des
contrôles au sein de la commission, afin de permettre notamment
l'organisation de missions plus conséquentes. Il a indiqué
également qu'il convenait de se concerter avec les autres commissions
permanentes afin de mieux coordonner les travaux des rapporteurs
spéciaux et des rapporteurs pour avis, notamment en vue de l'examen de
la loi de finances pour 2004.
M. Adrien Gouteyron
a indiqué qu'à l'occasion du
contrôle de l'Agence française de sécurité sanitaire
des produits de santé (AFSSAPS), il avait ressenti quelques
hésitations et réticences de la part de ses interlocuteurs,
estimant notamment qu'ils avaient parfois des difficultés à
distinguer le rôle des inspections et celui des parlementaires, dans le
cadre de l'exercice de leur mission de contrôle.
M. Jean Arthuis, président,
a rappelé les
difficultés rencontrées par M. Jacques Oudin en sa
qualité de rapporteur spécial, pour obtenir certains documents
dont la LOLF prévoyait pourtant de manière explicite la
transmission aux membres des commissions des finances.
M. Paul Girod
a évoqué les circonstances
particulières dans lesquelles, il y a dix ans, il avait
été conduit à réaliser, dans des conditions
difficiles, un contrôle et a considéré que la coordination
des missions de contrôle serait d'autant plus nécessaire que la
LOLF conduirait à prendre davantage en compte la dimension
interministérielle des politiques de l'Etat.
M. Jean Arthuis, président
, a estimé que les
dysfonctionnements du secteur public étaient aussi de la
responsabilité du Parlement, qui devait, à l'instar des
administrations, s'interroger sur son rôle et son utilité.
Mme Marie-Claude Beaudeau,
au vu de sa propre expérience du
contrôle, a approuvé l'idée de développer davantage
la méthodologie et la coordination des missions de contrôle des
rapporteurs spéciaux.
M. Denis Badré
a rappelé qu'il avait été
contrôlé dans une « vie antérieure » et
a estimé que l'administration n'était souvent pas suffisamment
informée des prérogatives du Parlement, les responsables
administratifs percevant la présence d'un parlementaire plus comme le
moyen de bénéficier d'une meilleure dotation budgétaire
que comme un véritable contrôleur.
M. Jean Arthuis, président
, a estimé que cette vision des
parlementaires lui apparaissait dépassée et devait évoluer
avec le développement du contrôle parlementaire.
Suite à une intervention
de
M. Eric Doligé
qui
avait souhaité que des instructions soient données afin de
réduire le champ du secret dans les administrations,
M. Gérard
Miquel
a rappelé que les préfets devaient faire appliquer la
loi et donc, donner instruction à leurs services de fournir tous les
documents demandés par les parlementaires dans l'exercice de leurs
prérogatives de rapporteurs spéciaux.
A l'issue de ce large débat,
la commission a
décidé, à l'unanimité,
d'autoriser la
publication d'un rapport d'information sur l'état d'avancement de la
mise en oeuvre de la LOLF
.