C. DES RELATIONS BILATÉRALES À DIVERSIFIER
L'Ethiopie se flatte, à juste titre, du caractère pionnier de ses relations diplomatiques avec la France : c'est en effet en 1928 qu'elle envoie dans notre pays son premier ministre plénipotentiaire. Mais Addis-Abeba considère que le niveau actuel des relations bilatérales ne reflète guère cette histoire diplomatique commune. Ce sentiment de déception a été récemment accrû par le niveau français d'engagement pour soutenir l'Ethiopie dans sa lutte contre les multiples conséquences néfastes de la sécheresse de 2002, jugé trop faible. La France, a-t-on fait valoir à la délégation, s'est engagée pour 18 millions d'euros au titre du plan d'urgence pour l'Afrique australe, où la famine menace 16 millions de personnes, mais n'a pas annoncé de contribution spécifique en réponse à l'appel commun de l'Ethiopie et de l'ONU. Certes, la France finance pour près d'un quart le Fonds européen de développement (FED) et une aide importante, tant alimentaire qu'humanitaire, a été dégagée par la Commission européenne en faveur de la Corne de l'Afrique. 208,4 millions d'euros ont été affectés spécifiquement à l'Erythrée et l'Ethiopie depuis juillet 2002, auxquels s'ajouteront 80 millions d'aide alimentaire pour l'ensemble des pays de la Corne . La Commission européenne estime que les besoins de cette zone devraient être ainsi globalement satisfaits pour l'année 2003.
Au-delà de ces difficultés conjoncturelles, mais évidemment dramatiques pour les populations touchées, l'Ethiopie se sent quelque peu délaissée par la France. Le bilan de nos relations bilatérales ne dément pas totalement ce constat, même s'il existe d'indéniables éléments positifs .
1. Une tradition ancienne de fortes relations culturelles
L'ALLIANCE FRANÇAISE D'ADDIS-ABEBA L'Alliance Française est implantée depuis près d'un siècle en Ethiopie. C'est avec la création de deux écoles primaires en 1907 et 1908, l'une à Addis-Abeba, l'autre à Dire-Daoua, en collaboration étroite avec la société chargée de construire le chemin de fer reliant Djibouti à la capitale éthiopienne que la présence culturelle française se manifeste en Ethiopie. Chacune des deux écoles compte alors rapidement plusieurs centaines d'élèves. Après une longue pause due aux conséquences du deuxième conflit mondial, ces établissements deviennent de véritables centres de coopération culturelle, centrés sur l'enseignement du français et les échanges artistiques, dans les années 1970. On constate aujourd'hui en Ethiopie une demande croissante d'apprentissage du français. Des milliers d'étudiants, employés, cadres, patrons, intellectuels, diplomates veulent rapidement maîtriser la langue française, non pour se rendre en France et s'inscrire à l'Université (ce qui est la vocation des futurs bacheliers du Lycée franco-éthiopien), mais pour acquérir un atout supplémentaire dans la réalisation de leurs ambitions professionnelles, notamment en raison de la proximité de Djibouti. La position stratégique des Alliances dans cette région d'Afrique leur assure ainsi une évolution positive en terme de fréquentation : 2.200 étudiants par an pour l'Alliance d'Addis-Abeba, et déjà 300 à Dire-Daoua, établissement réouvert en 2001. Par ailleurs, des cours dans les entreprises ou dans les institutions sont ouverts à ceux qui n'ont pas les moyens ou le temps de se rendre dans les locaux de l'Alliance dans la capitale. L'Alliance franco-éthiopienne propose également des activités en matière culturelle. La situation économique du pays impose une politique de coopération en direction des enseignants des disciplines artistiques, et propose aux artistes éthiopiens des rencontres avec leurs homologues français et francophones. Ces formations sont très diversifiées, allant de stages avec des danseurs africains et français à des stages d'arts plastiques ou de photographie. Cette politique de coopération s'attache à établir la meilleure cohérence possible entre les activités de diffusion, de formation et d'aide à la création. L'année 2002 a été marquée par un vaste projet de restauration et d'extension des locaux. Cette rénovation permet à l'Alliance d'Addis-Abeba, la plus vaste du continent africain, de renforcer son rôle d'opérateur linguistique et culturel dans la capitale éthiopienne avec la création de 15 salles de classe, et d'une dizaine de nouveaux bureaux. |
L'implantation ancienne de l'Alliance française (voir encadré), qui dispose aujourd'hui de deux établissements, l'un à Addis-Abeba, l'autre à Dire-Daoua, constitue l'une des bases de notre rayonnement en Ethiopie.
L'autre élément important est le lycée franco-éthiopien Guebré Mariam , relevant de la Mission laïque française (il s'agit du seul établissement relevant de la MLF en dehors du Maghreb). Le succès de cet établissement auprès de la classe dirigeante éthiopienne ne se dément pas, et cela malgré l'implantation à Addis d'un établissement d'enseignement géré par des professionnels américains. En effet, le lycée Guébré-Mariam est le seul, dans cette capitale, à offrir un niveau de scolarité qui permet à ses élèves, lorsqu'ils sont titulaires du baccalauréat français, de s'inscrire dans l'université de leur choix.
Cet établissement est d'ailleurs victime de son succès, car les demandes d'inscription d'enfants de toutes nationalités ne cessent de croître, obligeant l'équipe enseignante à des choix douloureux à chaque rentrée scolaire.
Pour l'année 2002-2003, le lycée dispose d'un corps enseignant d'une centaine de personnes ; 39 Français y travaillent comme enseignants ou administratifs. Il accueille 1744 élèves, dont 1184 Ethiopiens, 108 Français et et 452 étrangers.
Le Centre français d'études éthiopiennes , financé par le ministère des affaires étrangères, complète ce dispositif d'action culturelle.
2. Une volonté affirmée de nouer de nouvelles relations avec la France
Chacun des interlocuteurs éthiopiens rencontrés par la délégation a exprimé le souhait de voir la France s'engager dans un partenariat plus concret, fondé sur ses capacités reconnues. Ainsi, l'appui apporté par l'agence d'urbanisme de Lyon à la révision du schéma directeur d'Addis est-il très apprécié. Mais d'autres demandes existent, en matière d'appui à la santé animale, ou de développement de travaux d'irrigation.
Le Fonds de solidarité prioritaire a programmé des actions en faveur de l'Ethiopie en 2002 d'un montant de 2,286 millions d'euros , qui portent sur deux volets principaux : d'une part, l'appui au développement de l'Etat de droit, et à la décentralisation, avec l'affectation de deux magistrats français comme assistants techniques, et, d'autre part, l'appui à la recherche ; celle-ci est privilégiée, notamment dans le domaine vétérinaire.
Par ailleurs, l'Agence française de développement (AFD) qui intervient en Ethiopie depuis 1993, a développé des projets en matière de développement rural et d'infrastructures (eau, énergie, réhabilitation progressive du chemin de fer Addis-Djibouti).
L'Ethiopie souhaite développer une plus forte coopération dans le domaine militaire , comme celle qui existait du temps de l'Empereur. D'ores et déjà, deux officiers éthiopiens ont suivi un stage à l'école de formation au maintien de la paix située à Zambakro, au Sénégal, mais le pays souhaite être davantage encore associé au projet RECAMP (renforcement des capacités africaines au maintien de la paix), dont dépend cette école. Le ministère français de la défense a également décidé en février 2003 de former un bataillon éthiopien, qui doit être ultérieurement envoyé au Burundi, aux missions de maintien de la paix.
L'entretien que la délégation a eu avec le général Yohannes Gebre Meskel, directeur du renseignement militaire, a été éloquent sur la forte demande éthiopienne dans ce domaine sensible.
La démobilisation progressive de forces armées jugées aujourd'hui trop nombreuses sont en cours, et le ministre de la défense souhaiterait recevoir un appui permettant à son pays de surmonter les deux défis majeurs que constituent l'absence de débouchés maritimes, et la montée des troubles fomentés par des islamistes radicaux.
L'ensemble de ces demandes éthiopiennes pourra être discuté lors de la prochaine réunion de la commission mixte, qui se tiendra à Paris au mois de juin 2003.
DJIBOUTI
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Pays : Djibouti |
17 avril 2003 |
Capitale : |
Djibouti (350.000 h) |
Superficie : |
23.000 km2 |
Population : |
650.000 h |
Langue(s) officielle(s), autre(s) : |
arabe, français (officielles), somali, |
Religion(s) : |
islam |
Communautés : |
Issas et autres Somalis 60% ; Afars près de 40%, Yéménites (20.000). |
Devise : |
Franc djiboutien (1 USD=180 F, moy 01-02/2003) |
PNB : |
553 M € (2001) |
Répartition du PNB par secteurs |
Industrie 19, 5%, Services 77,2 %, Agriculture 3 % (2000) |
PNB / h |
780 $/h |
Taux de croissance du PIB : |
12,6 %(2002) |
Indice de développement humain (PNUD) |
149ème sur 173 pays (classement 2002) |
Principaux clients : |
Somalie, Ethiopie, Yémen |
Principaux fournisseurs : |
France, Arabie Saoudite, Ethiopie,Chine |
Exportation totale Exportations France vers : |
270 millions de dollars (2001) 48 millions d'€ (2001) |
Importation totale Importations France de : |
80 millions de dollars (2001) 500 000 € (2001) |
Dette extérieure totale : |
322 M$(2001) |
Chef de l'Etat : |
M. Ismaïl Omar Guelleh, depuis avril 1999 |
Premier ministre : |
Dileita Mohamed Dileita (mars 2001) |
Ministre des Affaires Etrangères : |
M. Ali Abdi Farah (14 mai 1999) |
Prochaines échéances électorales : |
élections législatives fin 2002 |
Communauté française : |
4.878 immatriculés (sur une communauté estimée à environ 6000) |
Source : ministère des affaires étrangères