2. La décentralisation
Autre faiblesse de l'Etat, son absence d'initiative en faveur d'une décentralisation plus aboutie : dans le domaine des centres commerciaux de banlieue, l'impuissance des collectivités locales à prendre en charge ces difficultés est manifeste. L'absence de moyens financiers conduit trop souvent les collectivités locales à se muer en chercheurs de rentes. La pauvreté des collectivités locales empêche encore de mener des actions significatives. Les outils d'incitation fiscale à l'implantation et au maintien d'activités commerciales, à travers les zones franches urbaines, ont disparu.
En termes de compétences, sur des opérations complexes, les collectivités locales ne reçoivent qu'un appui insuffisant de la part de l'Etat. Ses services déconcentrés ne se conçoivent pas assez en facilitateurs des actions des collectivités locales, mais en censeurs de celles-ci.
L'exemple de Clichy sous Bois cité par la Cour des comptes dans son rapport sur la politique de la ville en 2002 est particulièrement éclairant :
« L'implication de la commune de Clichy-sous-Bois dans la politique de la ville souffre de son déficit structurel en ressources financières propres. Le potentiel fiscal de Clichy-sous-Bois (320,14 €/habitant) est parmi les plus faibles de la région Ile-de-France. Avec 28,97 M€ en fonctionnement et 4,57 M€ en investissement, le budget communal est loin de pouvoir répondre aux besoins d'une ville de 28 000 habitants, d'autant plus que cette ville est touchée par des dysfonctionnements urbains, économiques et sociaux particulièrement graves. En l'état actuel, le budget clichois ne permet pas d'assurer dans des conditions normales les compétences transférées à l'échelon communal par les lois de décentralisation. La politique de la ville exige quant à elle une mobilisation du budget communal au-delà de ces missions de base, rendant particulièrement difficile une inscription de la commune dans cette politique. Le « ticket modérateur » demandé à la commune pour développer des actions dans le cadre de la politique de la ville varie entre 20 et 50 % et demeure bien souvent inaccessible. D'autre part, la ville de Clichy-sous-bois n'a pas les moyens budgétaires de se doter de l'ingénierie humaine nécessaire à la mise en oeuvre de ces actions, et encore moins de participer au financement des structures de pilotage. Si la politique de la ville constitue une aide précieuse pour la commune, elle ne permet pas aujourd'hui de répondre de manière définitive aux difficultés d'un territoire urbain comme Clichy-sous-Bois. »
Les difficultés du commerce dans les banlieues renvoient ainsi plus généralement aux insuffisances de la décentralisation.