IV. SITUATION ET PERSPECTIVES DANS LE MARCHÉ DU HAUT DÉBIT
1. Le DSL
L'ADSL a été testé par France Télécom dès octobre 1997 (Wanadoo Netissimo) avec des équipements Alcatel dans différentes villes de la région parisienne : à Noisy-le-Grand, l'expérimentation portait sur 500 foyers et concernait différents services multimédias, dont l'accès haut débit à Internet. D'autres tests de connexion ADSL à Internet ont été menés à Rennes, à base d'équipements Ericsson, mais aussi au Mans, à Nice et à Bourges.
La mise en place d'une offre nationale d'accès Internet par la technologie ADSL nécessite des investissements coûteux au niveau de la boucle locale. Le déploiement sur tout le territoire de l'ADSL est donc dépendant des orientations réglementaires, notamment en matière de dégroupage. Cela a valu un certain attentisme de la part de France Télécom. En effet, l'opérateur historique ne veut pas supporter à lui tout seul les investissements nécessaires pour être ensuite contraint de mettre à disposition, à prix coûtant, sa plate-forme ADSL.
En juin 1999, Club-Internet a porté plainte devant le Conseil de la concurrence estimant qu'à la différence de France Télécom, l'ISP n'a pu tester la technologie ADSL depuis plus d'un an. Bien que France Télécom ait proposé aux ISP de mener des tests durant l'été 1999, Club-Internet demandait un délai supplémentaire afin d'être prêt pour une commercialisation.
Club-Internet a obtenu gain de cause le 15 juillet 1999, puisque le Conseil de la concurrence a ordonné à France Télécom de geler pendant 15 semaines la commercialisation de ses services ADSL.
Le 3 novembre 1999, France Télécom a lancé son offre commerciale d'accès Internet via ADSL baptisée Netissimo. France Télécom a choisi de déployer la technologie ADSL en priorité dans les quartiers d'affaires et les pôles industriels car l'opérateur estime que pour être rentable un commutateur équipé en ADSL doit desservir 100 à 150 abonnés au minimum. Ainsi, cette offre était initialement limitée à quelques arrondissements parisiens et 6 communes d'Ile-de-France.
En juillet 2000, l'implantation géographique s'est considérablement étendue, puisque Netissimo est alors commercialisé dans toute la région parisienne et dans une cinquantaine de départements français. Près de 400 villes devraient bénéficier des services ADSL d'ici fin 2001. En septembre 2001, France Télécom indique que plus de 50% de ses lignes téléphoniques sont équipées pour fournir des services via ADSL, ce qui représente près de la moitié des foyers et entreprises français. L'objectif de l'opérateur est de couvrir 80% de la population d'ici 2003. Au total, France Télécom prévoit d'investir 500 millions d'Eurosjusqu'en 2003. L'opérateur compte avoir séduit 300 000 clients d'ici 2002.
En avril 2000, France Télécom comptait 12 500 abonnés Internet ADSL direct par Wanadoo ou via un autre ISP. Parmi eux 15 à 20% utilisent Netissimo 2. A l'automne 2001, le rythme de nouveaux abonnés a fortement augmenté pour atteindre 10 000 ventes par semaine (10/2001). Il était de 1 500 par semaine au printemps 2000. En septembre 2001, France Télécom indique compter 210 000 abonnés ADSL.
En juillet 2000, France Télécom a lancé le service Turbo DSL, qui reprend les offres ADSL Connect IP et ADSL Connect ATM annoncées par l'opérateur en avril 2000. Turbo DSL, disponible dans une centaine de villes, est destiné aux entreprises, ISP et opérateurs. Ceux-ci disposent désormais de liaisons permanentes à 1 ou 2 Mbps vers des sites clients, aux prix des LL à 64 et 128 Kbps, et pourront proposer des services haut débit à leurs clients. Début 2001, Turbo DSL est accessible par 40% des sites des entreprises sur le territoire français, l'objectif étant d'atteindre 80% dès 2002. France Télécom annonce une offre Turbo DSL intégrant la technologie SDSL pour l'été 2002.
Wanadoo n'est pas le seul qui puisse fournir des accès Internet s'appuyant sur ces lignes ADSL. Au total, une dizaine d'ISP s'appuie sur ces lignes haut débit pour connecter leurs abonnés, tels que Club-Internet, LibertySurf, World-Net, Easynet et Infoni. En octobre 2001, le nombre des abonnés ADSL de Tiscali France est évalué à près de 3 000, celui de Club-Internet atteignant 20 000.
L'opérateur Cegetel a quant à lui lancé des tests d'accès ADSL en janvier 2000, auprès de 500 foyers de la principauté de Monaco. Cegetel n'avait en effet pas pu effectuer ces tests en France où le dégroupage n'est pas encore opérationnel.
Depuis le printemps 2001, Cegetel propose une solution ADSL aux entreprises d'Ile-de-France en s'appuyant sur l'offre Turbo DSL de France Télécom (voir ci-dessous). Dans un premier temps, Cegetel avait prévu de déployer son propre réseau DSL (déploiement des premiers équipements DSLAM initialement prévus en septembre 2001 sur Paris) afin de lancer une offre d'accès ADSL pour les entreprises dès novembre 2001. Toutefois, cette échéance a été modifiée en raison du retard de l'entrée en vigueur effective du dégroupage. Désormais, cette offre devrait voir le jour début 2002 et connaître un déploiement rapide sur les principales grandes villes françaises.
Enfin, on peut citer COLT et Easynet qui proposent des services ADSL aux entreprises en s'appuyant également sur le réseau de France Télécom.
2. La Boucle Locale Radio
Le processus de mise en place de boucles locales radio en France a débuté en avril 1998, avec le lancement par l'ART d'une phase transitoire d'expérimentation qui s'est terminée le 31 décembre 1999 avec 19 expérimentations autorisées dans les bandes 3.5 GHz et 28 GHz. Cette phase d'expérimentation a débouché sur l'attribution de licences de boucle locale radio en juillet 2000, après un appel à candidatures lancé en novembre 1999. Deux ont obtenu une licence nationale dans les bandes 3,5 GHz et 26 GHz : FirstMark Communications France et Fortel (rebaptisé Squadran). Au niveau régional, 44 licences ont été attribuées aux opérateurs suivants dans la bande 26 GHz : BLR Services (LD Com), Broadnet France, Landtel France, Completel, Siris, Belgacom France, Altitude (NormandNet). Enfin, 8 licences ont été attribuées pour les départements d'outre-mer à Cegetel, Informatique Télématique SA et XTS Network.
N'ayant obtenu des licences que pour des régions peu peuplées (Corse, Auvergne, Franche-Comté) Siris et Completel ont refusé leur licence BLR ; l'ART a alors lancé un nouvel appel à candidature pour ces régions en septembre 2000.
Les premières boucles ont été ouvertes au cours de l'année 2001. FirstMark, qui cible le marché des entreprises, a été le premier opérateur en France à lancer des services de boucle locale radio en ouvrant sa première boucle à Nantes en janvier 2001. Les premiers opérateurs régionaux (Altitude, Belgacom) ont inauguré leurs réseaux en juin 2001. Toutefois, les difficultés financières rencontrées par la plupart des opérateurs de BLR les ont incités à revoir leurs stratégies. Désormais, ils se concentrent essentiellement sur les zones à forte activité économique et ciblent exclusivement les PME.
Avec 15 boucles ouvertes début décembre 2001, FirstMark est l'opérateur de BLR le plus avancé en France dans le déploiement de ses infrastructures. Il devrait être présent dans un peu moins d'une vingtaine d'unités urbaines d'ici la fin de l'année 2001 et prévoit plus de 140 unités urbaines d'ici fin 2004, soit 2000 communes. FirstMark ne revendique pour l'instant que quelques centaines d'entreprises clientes auxquelles il propose des services d'accès Internet et de transmission de données, les services de voix ne devant être lancés qu'au cours de l'année 2002.
Le deuxième détenteur d'une licence nationale, Fortel (aujourd'hui rebaptisé Squadran), a dû être repris à hauteur de 50% par LDCom en mai 2001 après le retrait d'UPC. LDCom a aussi été contraint de racheter la totalité de BLR Services à la suite de la faillite de son partenaire Teligent. Cette opération le dotant de 11 licences régionales en plus de la licence nationale de Squadran, LDCom a été contraint de rendre à l'ART les 11 licences de BLR Services pour se conformer aux exigences du régulateur. L'ART devra donc trouver de nouveaux candidats pour réattribuer ces 11 licences régionales.
Chez les opérateurs de BLR régionales, Belgacom a lancé en juin ses services dans 12 villes des 9 régions pour lesquelles il a reçu des licences. Belgacom revendique une centaine d'entreprises clientes de ses services de BLR. Altitude Télécom a ouvert ses services sur la région Normandie où il a déployé 9 stations de base sur les grandes agglomérations lui permettant de servir 250 clients à la fin novembre 2001.
A fin 2001, Broadnet n'était présent qu'à Paris et Landtel n'avait pas encore ouvert ses services.
3. Câble modem
En mars 1999, on comptait, en France, 2,6 millions de foyers raccordés au câble TV pour 7 387 129 prises commercialisables. Les principaux acteurs sont France Télécom Câble (FTC), Noos (ex-Lyonnaise Câble), UPC France et NC Numéricâble.
L'accès Internet par câble a commencé à se déployer depuis le début 1998 dans différentes villes françaises à travers notamment FTC, Noos, UPC Chello/ Mediaréseaux et Est-Vidéocommunications.
Au 30 septembre 2001 on compte près de 170 000 abonnés Internet par câble en France, soit une augmentation d'environ 87% de septembre 2000 à septembre 2001.
Evolution du nombre d'abonnés Internet via câble modem en France
Source : IDATE
Les câblo-opérateurs français ont annoncé en janvier 1999 qu'ils comptaient investir 7,4 milliards de francs (1,13 milliard d'euros) entre 1999 et 2002 : 5 milliards seront consacrés à l'installation de nouvelles prises (762 millions d'euros) et le reste servira à la mise à niveau des réseaux existants pour la diffusion numérique et l'accès Internet.
Les câblo-opérateurs proposent des abonnements mensuels autour de 300 F mais qui limitent le trafic émis aux alentours de 130 Mo, ce qui peut vite revenir relativement cher pour ceux qui échangent des fichiers volumineux (PME).
Depuis juin 1999, France Télécom commercialise l'offre de connexion Internet par câble, Câble Wanadoo, sur la plupart des sites exploités par FTC. Fin 1999, le potentiel de prises raccordables à Câble Wanadoo est de 1,5 million pour seulement 50 000 abonnés en septembre 2001 (contre 36 535 en mars 2001 et 21 030 en mars 2000).
A Paris, Noos, ex-Lyonnaise Câble, offre un accès à Internet par câble via son service Noosnet, anciennement appelé Cybercâble. Mi-2001, Noosnet offre des accès Internet dans huit villes de la région Ile-de-France et dans 7 autres villes en France. Le réseau de Noos est actuellement en phase de développement et devrait desservir 27 autres communes à moyen terme. Noos est le câblo-opérateur qui compte le plus grand nombre d'abonnés avec, en novembre 2001, 890 000 abonnés tous services, et 100 000 abonnés Internet. Noos a renforcé sa position de leader en France en rachetant les actifs de NTL France fin novembre 2001, revendiquant maintenant près de 3.5 millions de prises sur plus de 100 communes et 935 000 abonnés tous services.
NC Numéricâble (Vivendi), qui opère 33 sites en France, expérimente depuis juillet 1996 l'accès Internet par câble à Nice sous le nom de Teleriviera. NC Numéricâble, associé à AOL, commercialise depuis janvier 2000 ses premiers accès Internet par câble, sous le nom "AOL par NC Numéricâble". L'accès Internet est possible sur 50% des prises de NC Numéricâble, ce qui représente environ 1 million de prises. Depuis la fin octobre 1999, AOL s'est également associé à NC Numéricâble pour proposer une offre d'accès Internet haut débit sur Nice et dans 66 communes du Nord-Pas-de-Calais : de 300 000 à 400 000 foyers sont concernés. Depuis, une trentaine de communes de la région parisienne ainsi que Lyon ont suivi. L'investissement technique est estimé à 200 millions de francs (30,5 millions d'euros) que NC Numéricâble espère rentabiliser d'ici 5 à 10 ans.
En juin 1999, le câblo-opérateur pan-européen UPC (United Pan-Europe Communications), à travers sa filiale française, Médiaréseaux, lance son service d'accès Internet par câble en France : Chello. Médiaréseaux est devenu le 4 ème câblo-opérateur français après son rachat en juin 1999 des 4 ème et 5 ème réseaux français (Vidéopole et Réseaux Câblés de France) pour un montant de 695 millions de $. En avril 1999, Médiaréseaux avait déjà mis la main sur Time Warner Câble France. UPC va consacrer 700 millions de francs (106,7 millions d'euros) à la modernisation des réseaux de Médiaréseaux. Le plan d'investissement d'UPC pour la France est compris entre 5 et 6 milliards de francs (entre 762 et 915 millions d'euros).
A l'instar de Excite@Home aux Etats-Unis, l'accès
Internet par câble de UPC, Chello est déjà présent,
soit directement soit en partenariat avec des câblo-opérateurs
locaux, en Belgique, aux Pays-Bas, en Allemagne, en Norvège, en
Suède, en Autriche et en Australie. Au 31 mars 2000, Chello totalisait
177 000 abonnés résidentiels et 4 200 entreprises dans
l'ensemble de ces pays. Début 2001, Chello enregistre 15 000
abonnés Internet en France.
L'accès Internet par câble au 30/09/2001
Nombre d'abonnés |
|||
Internet |
TV |
Téléphone |
|
Est-Vidéocommu-nications
|
8 538 |
134 650 |
- |
France Télécom Câble
|
38 689 |
784 280 |
- |
Noos (ex Lyonnaise Câble / CyberCâble) (+ NTL France racheté en novembre 2001) |
85 240 |
913 325 |
2 316 |
NC Numéricâble |
14 608 |
711 504 |
- |
UPC France / Chello / Médiaréseaux |
19 900 |
425 100 |
59 800 |
Total France au 30/9/2001 |
169 302 |
3 164 156 |
62 116 |
Total France au 30/6/2001 |
163 302 |
3 123 782 |
57 428 |
Total France au 31/3/2000 |
63 844 |
2 886 524 |
22 605 |
Total France au 1/5/99 |
33 789 |
2 320 775 |
|
Total France au 28/2/99 |
20 460 |
2 303 569 |
|
Total France au 31/12/98 |
14 150 |
2 212 335 |
Source : IDATE d'après AFORM