4. Le legs de la guerre
Théâtre d'une guerre de trente ans, le Viêt-nam supporte, encore aujourd'hui, les conséquences sanitaires du conflit. Afin de priver les combattants Vietcong de la protection offerte par la jungle, l'armée américaine a ainsi utilisé de manière intensive des défoliants chimiques (baptisés « agent orange » en raison de la couleur des fûts utilisés pour leur stockage). Selon les autorités vietnamiennes, ces défoliants, contenant de fortes concentrations de dioxine, seraient à l'origine de nombreux cas de cancer, de dégénérescence du système nerveux ou de malformations congénitales 2 ( * ) dans les régions exposées (soit environ 10 % du territoire).
Aucune étude statistique exhaustive et fiable ne permet de mesurer l'ampleur exacte de ce problème sanitaire. Les recherches menées en 1996 par une équipe indépendante de chercheurs canadiens ( Hatfield Consultants Ltd ) sur le parcours de l'ancienne « piste Hô Chi Minh », dans la vallée de l'Aluoi, à 65 kilomètres à l'ouest de Hué, ont toutefois mis en évidence une importante contamination des sols et de l'eau par la dioxine. Par ailleurs, les résidus chimiques continuent à empoisonner, de nos jours, l'ensemble de la chaîne alimentaire, ce qui explique les taux élevés de dioxine constatés dans les prélèvements sanguins effectués sur la population locale, y compris parmi les personnes âgées de moins de vingt-cinq ans, c'est-à-dire nées après la fin de la guerre. Enfin, un nombre anormalement élevé de cancers précoces, d'avortements spontanés et de malformations des nouveaux-nés y a été enregistré.
Après avoir contesté, pendant un temps, la réalité du problème, les Etats Unis ont finalement conclu avec le Viêt-nam, en juillet 2001, un accord de coopération scientifique afin d'évaluer les conséquences environnementales et sanitaires de l'utilisation de « l'agent orange ». Les résultats de cette évaluation devraient être examinés dans le cadre d'une conférence scientifique bipartite, prévue pour avril 2002 au Viêt-nam.
* 2 Aux Etats-Unis, les associations d'anciens combattants de la guerre du Viêt-nam établissent un constat similaire.