2. L'amorce d'une transition démographique
Avec 77 millions d'habitants, le Viêt-nam est le douzième pays le plus peuplé du monde. Il est le second pays le plus peuplé de l'Asie du sud-est, après l'Indonésie.
Au cours des années 1990-2000, la population vietnamienne s'est accrue de 10 millions d'habitants. Malgré les campagnes d'information sur les méthodes de contraception, le Comité national de la population et du planning familial enregistre encore plus d'un million d'interruptions volontaires de grossesse par an (ce chiffre, qui n'est qu'une évaluation, étant probablement inférieur à la réalité).
Conséquence logique de ce dynamisme démographique, la population vietnamienne est une population jeune, les moins de 15 ans représentant environ 30 % de la population totale. En revanche, les personnes âgées de plus de soixante ans représentent moins de 10 % de cette population.
Toutefois, le Viêt-nam paraît désormais entrer dans une phase de transition démographique. Après l'échec des politiques de contrôle des naissances constaté au cours des années 1980, les pouvoirs publics ont, au cours de la décennie suivante, renforcé de manière significative les actions et les programmes du planning familial.
Cet effort porte aujourd'hui ses fruits. Ainsi, le taux de croissance annuel de la population est tombé à + 1,7 %, contre + 2,1 % en moyenne auparavant. Le taux de natalité a chuté de 30 pour mille en 1989, à 19,1 pour mille en 2000. Le taux de fécondité, quant à lui, est passé de 4 enfants par femme en 1987 à 2,5 en 2000, et les autorités vietnamiennes espèrent atteindre le taux de remplacement des générations au cours des prochaines années. Si de telles évolutions devaient se confirmer, le Viêt-nam serait alors paradoxalement confronté, dans un futur relativement proche, aux problèmes liés à la prise en charge d'un nombre plus important de personnes âgées qui pourraient représenter, en 2024, 12,7 % de la population totale.
3. L'ouverture économique et ses conséquences sociales
Depuis 1986, le Viêt-nam s'est engagé dans une politique de libéralisation économique (le « Doi Moi ») qui se caractérise par une série de réformes importantes (dé-collectivisation des terres, réforme des entreprises publiques et reconnaissance du secteur privé). Cette libéralisation interne s'est accompagnée d'une ouverture sur l'extérieur, se traduisant, notamment, par l'adhésion du Viêt-nam à l'ASEAN (Association des Etats de l'Asie du Sud-Est) en 1995, l'accueil des capitaux étrangers et le recours croissant à la coopération internationale.
Même si son produit intérieur brut par habitant (soit 400 $) place encore le Viêt-nam parmi les pays dits « pauvres », le taux de croissance de son économie (+ 7,3 % de croissance annuelle moyenne au cours de la décennie 1990-2000) a permis à certains observateurs de le qualifier de « nouveau tigre de l'Asie du sud-est». Les indicateurs de l'amélioration du niveau de vie sont d'ailleurs nombreux (augmentation du parc de véhicules motorisés, développement de la consommation individuelle, etc.) et immédiatement perceptibles, y compris par le voyageur le moins averti.
Bien entendu, ce développement économique a de nombreuses conséquences sociales qui influent, à leur tour, sur le système de santé et la politique sanitaire du Viêt-nam.
L'une de ces conséquences les plus importantes est l'exode rural. En 1989, la population urbaine ne représentait que 19,3 % de la population totale, soit une proportion similaire à celle observée vingt ans plus tôt. Aujourd'hui, 25 % de la population vit dans les sept principaux centres urbains, à Hô Chi Minh-Ville, Hanoi, Haiphong, Hue, Da Nang, Nha Trang et Can Tho.
L'ampleur de cet exode rural est probablement sous-estimée par les statistiques officielles. On évalue ainsi entre 70.000 et 100.000 personnes le nombre de ruraux venant, chaque année, s'installer à Hô Chi Minh-Ville. Par ailleurs, 40 % de l'augmentation actuelle de la population de Hanoi serait imputable à cet exode rural. Sur la base de ces évolutions, les autorités vietnamiennes estiment que le taux d'urbanisation de la population pourrait atteindre 45 % en 2020. L'exode rural est surtout le fait d'une population jeune (selon une étude réalisée à Hô Chi Minh-Ville, les deux tiers des migrants sont dans la tranche d'âge des 15-29 ans) et majoritairement féminine.
Cette croissance des zones urbaines sollicitent à l'excès des infrastructures publiques, et notamment sanitaires, qui peinent déjà à répondre aux besoins des populations locales. Elle favorise, par ailleurs, le développement des « fléaux sociaux » (drogue, prostitution, délinquance juvénile) contre lesquels les autorité compétentes ont engagé des actions spécifiques.