2. L'écosystème continental
En ce qui concerne les milieux continentaux , l'Académie des Sciences a souligné que l'homme a tendance à percevoir de plus en plus les variations climatiques qui sont des phénomènes naturels comme des catastrophes. En même temps, « l'homme prend de plus en plus de risques en contradiction avec son espoir de s'installer dans la durée ».
Bien entendu, la préservation de la biodiversité concerne directement les grandes forêts et notamment les forêts tropicales qui renferment des milliers, voire des millions d'espèces inconnues.
La communauté scientifique insiste souvent sur le fait que disparaît sous nos yeux un patrimoine considérable avant même que sa richesse n'ait pu être évaluée.
Même si, en France , des modifications importantes des écosystèmes interviennent, aucune menace grave ne pèse pour l'immédiat ni sur le blé ni sur des espèces de valeurs économiques et stratégiques reconnues. La société peut y être tentée de se concentrer sur certaines espèces en laissant de côté des espèces considérées comme secondaires.
Au total, le nombre des variétés en culture a diminué ainsi que la diversité des produits parvenant aux consommateurs. Ce mouvement de plus est univoque car le consommateur n'est plus en mesure par ses choix d'orienter les producteurs en réagissant aux produits proposés .
Et la question se pose de savoir si le marché, après avoir poussé à l'uniformisation des produits, pourrait maintenant concourir à la promotion de la biodiversité.
Mais pour apprécier toutes ces évolutions, la complexité des situations et leur multitude rend difficile un jugement global. En effet, des facteurs aussi divers et complexes à croiser que le temps, l'ampleur des stocks et la perception de la valeur de la ressource doivent se combiner. Ainsi, les prélèvements très rapides peuvent entraîner des pertes définitives de ressources biologiques. Cela sera d'autant plus important que le stock sur lequel s'opère le prélèvement est réduit.
3. Les critères de préservation d'une espèce ou d'un écosystème
Enfin, la société n'est pas toujours à même de percevoir l'intérêt de la préservation d'une espèce . A cet égard, l'Académie des Sciences note que le citoyen moyen sera davantage porté à se mobiliser pour la préservation des grands mammifères que pour les algues cavernicoles.
Face à cette complexité, une première attitude peut consister à éviter les destructions indifférentes et à organiser un maintien de la ressource biologique, même s'il ne peut s'agir de refermer artificiellement sur eux-mêmes des écosystèmes car cela va à l'encontre de l'idée même de biodiversité puisque cela signifierait qu'un écosystème est un ensemble naturel qui, à un moment donné, atteint un équilibre définitif et idéal.
En effet, il ne suffit pas de figer un écosystème pour en préserver la biodiversité.
Par ailleurs, comme l'a souligné l'Académie des Sciences, il faut partir du constat que la mutation d'une propriété du vivant, que la diversité génétique d'une population, constituent des assurances vis-à-vis des transformations du milieu et que la même approche peut concerner les écosystèmes. Ces caractéristiques joueront donc aussi face aux changements climatiques . Cependant, au-delà des adaptations, encore faut-il que l'organisme puisse survivre. Pour apprécier l'état actuel de la biodiversité et les modifications subies par elles du fait du changement climatique, il est nécessaire de disposer d'inventaires recensant à la fois la diversité génétique, les relations entre espèces et les relations entre celles-ci et leur environnement. Or, ces documents sont encore largement inexistants et l'Académie des Sciences a souhaité que l'élaboration en soit confiée simultanément à des systématiciens, généticiens, écologues, paléontologistes, archéologues, géographes, historiens, informaticiens, ethnologues, sociologues...
Dans cette démarche, se retrouve la préconisation déjà exprimée de la nécessité d'une confrontation de disciplines différentes pour appréhender les causes et l'impact des changements climatiques.
A cet égard, il est intéressant de noter qu'une communauté scientifique de niveau international se constitue depuis plusieurs années en France, autour des problèmes de biodiversité.
Il est probable que, de plus en plus au cours des années à venir et du siècle qui vient de débuter, la croissance démographique et le développement économique, même devenu davantage durable, mobiliseront des espaces et des ressources nouvelles au détriment d'autres êtres vivants, et aussi au détriment des ressources naturelles.
Certains craignent une catastrophe écologique à partir du moment où le rythme de destruction d'origine humaine deviendra supérieur au rythme de renouvellement biologique.
Comme dans le changement climatique global, la question du seuil d'amorce de ce mécanisme est très importante car aucun critère précis ne permet aujourd'hui de prévoir le moment ou le degré de franchissement du seuil.
Là encore, comme pour le changement climatique, lorsque les premières catastrophes apparaîtront, il sera trop tard pour réagir efficacement.