B. LE PÉTROLE
Le recours massif au charbon fut complété plutôt que relayé par l'usage intensif des hydrocarbures (pétrole et gaz naturel).
L'histoire des cinquante dernières années est fortement marquée par la quête du pétrole et l'omniprésence de ses usages dans la société moderne.
La géopolitique comme la vie quotidienne ont été, pour ainsi dire, imprégnées de pétrole.
La sécurité de l'approvisionnement en pétrole, les voies terrestres ou navales de son acheminement, les multiples usages des matières plastiques, la pétrochimie sont devenues indissociables des sociétés industrialisées.
Provenant comme le charbon, de la décomposition de forêts, donc de carbone, le pétrole brûlé dégage du gaz carbonique et renforce l'effet de serre.
Pourtant, le recours au pétrole n'est pas prêt d'être abandonné, ni même réduit.
Toutes les études s'accordent sur le fait que la croissance de la demande future de pétrole viendra principalement des pays en développement du Sud-Est asiatique et du secteur des transports.
Quant aux réserves de pétrole (prouvées, probables, possibles), il semble que les réserves prouvées (23 ( * )) atteignent 1.000 milliards de barils, soit 138 milliards de tonnes, c'est-à-dire quarante à quarante-cinq ans de production au rythme actuel ; les deux-tiers de ces réserves étant situées au Moyen-Orient.
Toutefois, de nombreux exemples passés montrent que les réserves pétrolières prouvées ont généralement été sous-estimées.
A l'inverse de ce qui a été observé ci-dessus pour le charbon (scénarios B1 et B2), aucun scénario du GIEC ne prévoit de baisse de la consommation de pétrole à l'horizon 2050 .
C. LE GAZ NATUREL
Sa part a rapidement augmenté dans l'économie mondiale. Il dégage du méthane (24 ( * )) , du dioxyde de carbone et de l'oxyde d'azote.
Comme pour le pétrole, il s'agit davantage de limiter son essor que d'organiser la régression du recours à cette source d'énergie devenue indispensable.
Le gaz naturel ne contenant ni soufre, ni azote, ni métaux lourds, il présente des avantages en matière de pollution.
Il a été estimé que le remplacement du charbon par le gaz permet une réduction de 40 % du dioxyde de carbone émis et de 25 % lorsqu'il remplace le pétrole.
Tous les scénarios pour 2050 rassemblés par le GIEC considèrent que le recours au gaz naturel sera accru et massif.
D. L'ÉLECTRICITÉ ISSUE DE COMBUSTIBLES FOSSILES
39 % de l'électricité mondiale est produite à partir du charbon et 9 % à partir du pétrole.
Selon les pays, la production électrique émane surtout du charbon (Chine : 75 %, Allemagne : 55 %, Etats-Unis d'Amérique : 53 %) ou surtout du pétrole (Italie : 49 %), ou encore du nucléaire (France : 75 %).
Le remplacement des centrales thermiques classiques par des centrales à turbine à cycle combiné (turbine à gaz et turbine à vapeur) permet de bien meilleurs rendements pour des coûts de construction nettement inférieurs à ceux des centrales thermiques classiques mais le rythme de ce remplacement dépend directement de l'âge des parcs de centrales thermiques en fonction.
A cet égard, l'Europe ne devrait pas disposer de centrales à cycle combiné avant plusieurs décennies, son parc étant constitué de nombreuses centrales récentes lesquelles dégagent, en outre, des capacités de production excédentaires.
De leur côté, les Etats-Unis d'Amérique possèdent à la fois beaucoup de centrales nucléaires et de centrales conventionnelles dont la fin de vie théorique se situe entre 2000 et 2020, ce qui apparaît idéal pour un renouvellement qui semble, d'ailleurs, pour l'instant, écarter totalement l'option nucléaire.
Cependant, face aux centrales à gaz, les centrales à charbon continuent d'occuper une place importante (réserves abondantes de minerai à un prix peu élevé, face à des gisements de gaz naturels assez localisés).
De nouvelles techniques permettent de limiter les émissions de ces centrales (centrales à charbon pulvérisé émettant moins de soufre mais davantage de gaz carbonique et ce pour un coût élevé ; chaudières à lit fluidisé ; centrales à charbon gazéifié).
Enfin, il résulte de l'ensemble des évolutions actuelles qu' à l'horizon 2020-2030 , il faudra avoir construit autant de centrales électriques qu'il en existe aujourd'hui. Beaucoup de ces futures centrales fonctionneront au charbon ainsi que l'ont précisé M. Bernard MECLOT et M. Jean-Yves CANEIL, EDF .
* (23) Hydrocarbures récupérables aux conditions économiques et techniques du moment.
* (24)Du fait des fuites lors de l'exploitation du gaz naturel. Ces fuites sont estimées entre 25 et 50 millions de tonnes par an.