VI. LE CONTEXTE INTERNATIONAL
A ne
comparer que les références des loteries européennes en
l'état actuel des choses, la position de la FDJ est excellente ; elle
est la 5
e
loterie au monde par le chiffre d'affaires, mais seulement
la 55
e
pour le chiffre d' affaires par habitant.
Une étude de 1999 (annexe) montre toutefois d'importantes
différences entre ces pays suivant que l'on considère les
chiffres d'affaires, le montant moyen des mises des joueurs ou le nombre des
points de vente.
Les Français jouent infiniment moins que les Italiens (de 1 à
2,6), les Espagnols ou les Norvégiens.
Le Français est 10
e
sur 15 pour ce qui concerne l'engouement
pour les jeux de loteries.
Il serait intéressant de savoir si ceci est dû à un recours
plus important en France qu'ailleurs aux courses de chevaux ou aux machines
à sous des casinos ou à une plus grande vertu !
En revanche, le public français dispose pour ses jeux du deuxième
réseau européen de points de ventes, mais si le chiffre
d'affaires de nos loteries est le cinquième, c'est là encore
très loin derrière l'Italie, l'Espagne et la Grande-Bretagne.
A. PERSPECTIVES
1. Perspectives de production
Devant
le comportement des joueurs et leurs attentes, la FDJ semble très
soucieuse d'enrichir son offre de produits, de prendre en compte l'usure des
jeux quitte même à les retirer, sans insister, devant un accueil
trop tiède du public.
Il ne faut pas oublier d'autre part qu'un jeu de loterie qui connaît une
longue durée de vie est d'autant plus exposé à la fraude
sous forme d'usage de faux tickets.
La FDJ est très bien armée contre la fraude
. Celle ci est
impossible sur les jeux on line dont les prises d'enjeux et les tirages sont
rigoureusement protégés par l'informatique.
En loterie instantanée on observe quelques tentatives ponctuelles et
artisanales ; sur le « Millionnaire » quelques
détaillants se sont risqués à la fabrication de tickets
bricolés mais aisément repérables.
L'avenir de la fraude ici est très compromis dans la mesure où
les machines apporteront à la FDJ une capacité de contrôle
sans cesse accrue : c'est une garantie majeure de fiabilité pour les
joueurs et l'Etat.
La FDJ réagit bien face à la concurrence des autres jeux
nationaux et internationaux dans un marché en
pleine mutation.
Elle sait utiliser les nouvelles technologies, moderniser constamment les
outils de son réseau, et en particulier l'exploitation commerciale de la
Loterie instantanée grâce à des terminaux
spécifiques dans les points de vente.
Elle est très proche de sa clientèle et communique beaucoup avec
elle de différentes et efficaces façons.
Elle s'appuie à fond sur les évènements et les moyens
audio visuels.
Ainsi en 1999 FDJ n'a réalisé pas moins de 651 émissions
télévisées.
Son chiffre d'affaires en 2000 a augmenté de 13,3% ; pendant les
5 premiers mois de 2001 de 12 %.
2. Perspectives de notoriété d'image et d'audience
Un
Sponsoring fort et bien ciblé dans le domaine du sport lui
confère une excellente image auprès du public sportif .
La FDJ conduit dans ce domaine, plusieurs opérations : « le
Challenge » au profit de sportifs de haut niveau mais
désargentés, un prix littéraire « Sport
Scriptum » et surtout elle finance « l'Equipe cycliste de
la FDJ » et affiche, face aux scandales qui affectent le cyclisme, la
volonté d'oeuvrer pour le renouveau de ce sport éminemment
populaire.
Cette équipe est très connue ; elle est jeune et
« pure » car chaque coureur sait que le moindre
écart en matière de dopage serait immédiatement
sanctionné par son renvoi. Compte tenu que cette attitude est loin
d'être partagée par nombre d'équipes
étrangères, cela réduit les chances actuelles de victoires
de la « FDJ » mais lui permet de bénéficier
d'une excellente image.
Mais, ici comme ailleurs, le séisme du dopage n'a-t-il pas
déjà commencé à faire reculer
l'intérêt de la FDJ pour le cyclisme ?
Si
sa contribution réglementaire au Fond national de
développement du sport ( FNDS
) est sans doute mal connue du public
et insuffisamment appréciée des sportifs, pour lesquels elle est
devenue routinière, il convient de rappeler ici à la fois sa
grande importance : 90 % des crédits dont dispose le FNDS,
créé en 1978 et géré par le ministère de la
jeunesse et des sports, proviennent de cette contribution de la FDJ, soit pour
1999, 1,055 MdF (2,9 % de son CA) pour 2000, 1,2 MdF.
Chacun comprendra que grâce à cet apport considérable, tous
les sports sont gagnants et dispose ainsi de ressources non fiscales bien
pratiques.
En bonne logique et pour une statistique claire, il convient de
considérer la contribution de la FDJ au FNDS comme une ressource
pour
l'Etat
au même titre que le prélèvement direct qu'il
inscrit dans la loi de finances.
3. Perspectives de gestion
La FDJ
veut optimiser sa gestion des approvisionnements, diminuer les taches
manuelles, réduire les dépenses et elle y parvient.
En 1999, ses charges d'exploitation de 1,880 MdF ont baissé de
7,9 % ; en 2000 elles sont de 1,876 MdF, soit - 0,2 %.
Elle vise un développement durable et devrait, selon nous, y parvenir
dans de bonnes conditions, mais la concurrence s'amplifie.
4. Perspectives statutaires
Pour le
Président de la FDJ, Christian Blanchard-Dignac, l'entreprise jouit
effectivement d'un monopole des loteries mais pour des raisons éthiques
et non d'ordre économique.
C'est d'ailleurs la règle partout dans le monde et les Pays qui seraient
tentés de libéraliser leur système le regretteraient.
La jurisprudence de la Cour de Justice européenne a confirmé le
droit des Etats à restreindre les libres prestations et le libre
établissement.
La France, dans la FDJ, a su concilier la rigueur d'une structure publique et
l'efficacité d'une entreprise privée avec le statut d'une SEM, un
comité d'audit et de multiples contrôles (Cour des comptes,
contrôle d'Etat) ; 100 % des résultat sont vérifiés.
Incontestablement la FDJ est bien gérée : la Commission qui lui
est fixée par l'Etat, et qui finance ses frais de gestion n'a
cessé de diminuer, passant de 9 à 6 % en six ans, tandis que ses
charges en faisaient autant : 7,2 % en1994, -4,4 % en 2000, sans que son
développement ne ralentisse.
5. Perspectives en matière de concurrence
On voit
apparaître et se développer :
- des émissions de Télévision telles que
« Qui veut gagner des millions » ?
- des loteries en ligne « gratuites » sur Internet,
loteries promotionnelles.
- des casinos européens ou exotiques sur Internet
fréquentés par des Français. Pour ces derniers, on notera
qu'en Suisse les banquiers refusent d'honorer les mises payées sur ces
sites avec des cartes bancaires.
Pour l'instant, les loteries européennes ne se concurrencent pas et
observent une attitude amicale les unes vis-à-vis des autres.
Seuls les bookmakers britanniques font cavaliers seuls avec des loteries
d'argent.
Toutes les loteries au monde sont des loteries d'Etat, sauf au Royaume-Uni
où c'est une concession (!).
Tous ces éléments devraient inciter les Etats à mettre en
place une législation adaptée aux évolutions du
marché.
Il est notamment urgent que les Etats membres de la communauté
produisent une législation européenne unique car, dans ce secteur
sensible, il faut éviter que l'exercice de la profession ne tombe dans
le domaine exclusif de la concurrence pure (!) et simple.
Dans 3 à 5 ans, le marché européen des loteries se
constituera obligatoirement et il n'y a toujours pas de droit pour lui.
La création, en 2001, par la FDJ d'une loterie instantanée sur
Internet (Abracadabra) représente une très grosse avancée
sur les réseaux.
Pour la FDJ, Internet est potentiellement un rabatteur d'informations et de
promotion.
D'autre part, s'il faut deux ans pour mettre au point un simple jeu de
grattage, il ne faut que deux mois pour un jeu sur Internet !
Après un rodage du 2 avril au 31 mai, la loterie devrait être
ouverte au public au deuxième semestre.
Le projet est remarquable en tous points : garantie de légalité,
garanties juridiques pour les joueurs, accès réellement interdit
aux mineurs mais ouvert aux résidents en France métropolitaine,
aux DOM-TOM et à Monaco (!), connexions aux ordinateurs des joueurs,
procédures claires et simples, etc.
Sur la base des premières informations, on peut estimer son
taux de
redistribution théorique à 68 %
avec 190 911 lots attribués pour des blocs de 500.000 enjeux (26 % )
et 1.020.000 F de lots pour 1.500.000 F d'enjeux (68 %).
S'il s'avère exact, le taux de redistribution d"Abracadabra serait
notablement supérieur au taux moyen dont bénéficient les
jeux actuels de la FDJ.
Avec cette création, la FDJ se positionne sur un point essentiel, ne
prend aucun retard sur Internet et marque son territoire.
Elle a mis au point un jeu apparemment bien
« bordé » mais elle ne l'ouvre pas aux clients
à l'étranger.
Pour quelle raison ? Pour se roder ? Est ce provisoire ?
Pourquoi ne pas l'autoriser, dès que possible, à profiter du
marché offert par la Toile mondiale ?
Cette extension exigerait-elle une harmonisation législative
européenne ?
De juin à août 2001, 3 MF de chiffre d'affaires ont
été réalisés pour 6 à 7.000 clients
inscrits.
Notons avec satisfaction cette initiative de la FDJ autorisée par l'
Etat,
souhaitons sa réussite mais constatons que l'Etat fait, au
profit de « sa » FDJ, une exception qui sera ressentie sans
doutes avec beaucoup d'amertume par les autres industriels des jeux.
Les casinos français, en particulier, redoubleront d'efforts pour
obtenir les autorisations de casinos sur Internet que l'Etat leur refuse.
Les sociétés françaises qui peuvent offrir des sites
opérationnels, des logiciels sous licence de qualité, et une
excellente maintenance de tels casinos cybernétiques, feront de
même.
Il faudra bien que l'Etat réponde sans tergiverser davantage à
ces demandes.
6. Perspectives de partenariat
Il vient d'être établi avec Loto Québec. D'autres pistes sont ouvertes avec l'Allemand West Loto et les Hollandais pendant que se prépare un Super Loto Européen.