II. LA MISE EN oeUVRE OPÉRATIONNELLE
- 1. La gestion opérationnelle des moyens d'intervention semble donner pleinement satisfaction quand elle s'effectue par l'exploitation d'un seul système (doctrine, procédures, outils) de traitement de l'alerte (organisation, réception des appels, sélection et envoi des secours).
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2. Cette gestion unifiée du traitement de l'alerte doit
maîtriser :
- la validation des hommes et matériels disponibles pour la garde opérationnelle,
- la réception intégrée des appels (avec basculement, au besoin, d'un site à l'autre),
- le départ mutualisé des moyens y compris, dans l'idéal, ceux du SAMU,
- la main courante,
- la fin de l'opération et le règlement des vacations.
Pour les SDIS dotés d'un CTA unique ou unifié, le maintien d'un équipement spécifique pour le CODIS ne s'avère souvent plus utile. Ce centre opérationnel est alors en effet activé ponctuellement sur les interventions supposant la coordination par le Préfet de plusieurs catégories d'intervenants.
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3. La solution d'un
centre unique de traitement de
l'alerte
apparaît souvent la plus performante ; elle a
été d'ailleurs retenue par plus de la moitié (57%) des 54
SDIS ayant répondu à l'enquête. Cependant, le choix fait
par 1/3 des SDIS de maintenir 2 à 5
centres de réception
des appels, déportés
mais interconnectés par une
application technique commune, peut s'avérer plus adapté aux
risques locaux et aux contextes opérationnels et humains (cf. Annexe
§1.1)
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4. Dans d'autres départements, sous la pression du Préfet le
plus souvent, des études et des projets sont en cours pour
réduire le nombre de centres de réception d'appels et envisager
la création d'un CTA unique. Selon les SDIS, les derniers chantiers et
les projets actuels évaluent entre 50 et 100 MF le coût d'un tel
équipement. Au-delà de cette facture financière, une telle
évolution rencontre aussi une certaine opposition des élus
locaux, qui défendent le maintien de CTA de proximité.
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5. Proposée par le décret du 26 décembre 1997,
la mise en place des groupements territoriaux
est variable
selon les SDIS. Seuls 5 parmi les 55 ayant répondu à
l'enquête n'ont pas suivi à ce jour cette orientation. Pour 60%
des répondants (33 SDIS), l'organisation retenue comporte entre 3 et 5
groupements territoriaux. Enfin, 7 SDIS disposent d'au moins 6 groupements
territoriaux, qui correspondent souvent au périmètre des anciens
centres de secours principaux (cf. Annexe §1.1).
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6. Cependant, de façon générale,
le rôle
dévolu à ces entités de relais
semble laisser
perplexe nombre des décideurs des SDIS, d'où une certaine
expectative quant à leur montée en puissance (cf. Annexe
§1.2)
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7. Attribuer aux groupements territoriaux des missions
pleines de gestion administratives et techniques s'avère souvent
conflictuel avec celles des services fonctionnels concernés (finances,
ressources humaines, achats et marchés, informatique, services
techniques et patrimoine, etc).
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8. Deux optiques
se dessinent au regard des
expériences réussies dans certains SDIS :
- Le groupement territorial est le
relais
localisé
de représentation, de contrôle et de
décision du Directeur Départemental sur le plan
opérationnel et parfois aussi en matière de gestion : c'est
le choix d'un management délégué.
Selon les SDIS
et les décideurs en présence, on constate cependant des
différences dans l'ampleur de la délégation
opérée (de l'accès à tout ou partie des
informations ... au droit de veto du chef de groupement territorial) et dans
les modes de coopération avec les groupements fonctionnels (de la
relation « client-fournisseur » ... au rôle
d'interface de pilotage et d'arbitrage en cas de conflit, sur tout ou partie
des domaines de gestion).
- Plus rarement, le groupement territorial est
constitué en
mini-SDIS
: il pilote et gère
directement, au-delà des interventions, l'ensemble des moyens
dédiés aux CIS de son territoire. Cette option de
responsabilisation forte est parfois vécue difficilement parce qu'elle
requiert des compétences de pilotage multiples et pointues qui
dépassent parfois les qualifications, mêmes élevées,
des chefs de groupement territorial.
De fait, cette autonomisation
génère une multiplication des besoins en compétences et
donc des postes de gestion décentralisés, plus ou moins
heureusement occupés par des personnels administratifs, techniques et
spécialisés ou des pompiers. De surcroît, le poids de la
gestion quotidienne des moyens des CIS par le groupement territorial peu
créer des frustrations chez les chefs de centres et contribue à
éloigner l'encadrement supérieur pompier de ses missions
premières, liées à l'activité
opérationnelle.
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9. Gage d'une mise en oeuvre opérationnelle performante,
la
formation
est une préoccupation croissante pour les
décideurs du SDIS. Ils subissent les instructions récentes en la
matière tout en approuvant globalement leurs intentions. Seule est
parfois contestée l'uniformisation et le niveau requis par les nouveaux
cursus, établis pour l'obtention et le maintien de la qualification
attendue de tous les SPV. La mise à niveau ne peut être en tout
cas obtenue qu'à moyen terme et elle doit être alors
valorisée par l'activité opérationnelle (cf. Annexe
§2.5).
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10. La mise en oeuvre des formations de base reste massivement
décentralisée, mais elle profite des nouvelles possibilité
de mutualisation départementale pour optimiser les pratiques, les
propositions et les énergies mobilisées.
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11. L'organisation et l'affectation des moyens des SDIS pour leur mission
de
prévention
apparaît quant à elle
diversifiée (cf. Annexe §3.15).
Certains en font une fonction d'officiers spécialistes, qu'ils ouvrent parfois à des sous-officiers qualifiés, en leur accordant alors le plus souvent quelques avantages associés (indemnité, voiture, voire organisation spécifique du temps de travail).
D'autres SDIS considèrent qu'elle fait partie du parcours et des fonctions classiques de leurs officiers, qui traitent alors tous, régulièrement, des dossiers de prévention, quelles que soient leurs autres responsabilités.
- 12. La prévention est effectuée réglementairement en général, bien que l'on constate parfois des retards, imputés à un manque de candidats à la fonction, pour plusieurs raisons :
- les officiers ne sont plus tous nécessairement brevetés préventionnistes et ils se sentent plus reconnus et valorisés quand ils occupent des postes opérationnels
- l'activité de prévention comporte des prises de responsabilité qui effraient
- le régime indemnitaire et les sujétions de la
fonction ne favorisent pas sont attractivité
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13. L'externalisation de la fonction de prévention vers d'autres
organismes publics ou plus facilement vers des entreprises et bureaux
d'études spécialisés (ce qui est pratiquée
ponctuellement en préparation de certains dossiers) a été
évoquée sans recueillir l'assentiment de la majorité de
nos interlocuteurs, qui craindraient notamment alors une moindre souplesse de
la part d'intervenants extérieurs.