B. LA DIFFICILE DÉFINITION DE PRIORITÉS À LONG TERME POUR DES « CHERCHEURS À VIE »
Une
politique pluriannuelle de gestion de l'emploi scientifique apparaît
nécessaire pour éclairer les prises de décisions des
étudiants
qui envisagent de se lancer dans l'aventure de la
recherche au prix d'une formation très longue. Elle est
nécessaire pour que les établissements disposent d'un temps
d'adaptation suffisant en cas de non-renouvellement d'un emploi
33(
*
)
. Elle est également utile pour
lisser les évolutions
qui résulteront du rythme erratique
des départs à la retraite
33(
*
)
.
En dehors de la contrainte résultant de l'annualité de
l'autorisation budgétaire,
la difficulté essentielle de mise
en place d'une politique pluriannuelle de gestion et de redéploiement de
l'emploi scientifique réside en la définition des
priorités
. Dans un système reposant exclusivement sur des
« chercheurs à vie », le choix opéré
est nécessairement à très long terme et fort
risqué ; il peut se révéler rapidement erroné.
La France risque de ce fait de se trouver toujours en retard par rapport
à des pays qui peuvent adapter plus rapidement leur appareil de
recherche à l'évolution thématique grâce à
une rotation de jeunes chercheurs exerçant une activité de
recherche à plein temps pendant quelques années.
Cette difficulté ne pouvait pas être surmontée par le plan
décennal, même si les choix thématiques prioritaires seront
revus en 2005 et que des encouragements à la mobilité sont
prévus.
En revanche,
votre rapporteur constate avec satisfaction
, même si
les chiffres sont modestes,
un
début de lissage temporel des
recrutements
grâce à 100 créations
supplémentaires d'emplois de chercheurs avant 2005, qui seront
compensées après 2005 par un volume égal de suppressions
de postes libérés par des départs à la retraite et
un
volume de redéploiements interdisciplinaires portant sur 20 % des
postes libérés
par départs à la retraite.
La répartition disciplinaire des emplois dans le plan triennal (2001-2003) de l'enseignement supérieur et le plan décennal (2001-2010) de l'emploi scientifique
1°)
Le plan triennal de l'enseignement supérieur
porte sur la
répartition de 1.700 emplois créés entre 14 grandes
disciplines.
Trois scénarios extrêmes ont été
établis : le premier reconduisait la répartition existante
des emplois, le second permettait une amélioration de l'encadrement dans
les disciplines les plus mal loties (notamment droit, économie et SHS),
le troisième traduisait les choix prioritaires en matière de
recherche, notamment dans les sciences pour l'ingénieur, l'informatique
et les sciences de la vie.
Le choix politique retenu
est une combinaison dite
équilibrée entre ces trois exigences: 25 % (S1) + 50 % (S2) + 25
% (S3). Le critère « amélioration de
l'encadrement » est pris en compte pour moitié. Les deux
autres « priorité recherche » et
« reconduction » le sont à parts égales pour
un quart chacun.
2°) Le plan décennal pour l'emploi scientifique
porte sur
500 emplois de chercheurs - et autant d'ITA - à créer entre 2001
et 2005, et dont 20% devront être « rendus » entre
2006 et 2010 par suppression d'emplois de personnels partant à la
retraite.
Par ailleurs, les emplois créés de chercheurs (500) auxquels
s'ajouteront 20% des postes libérés par des départs
à la retraite et redéployés (environ 200) seront
affectés aux champs disciplinaires prioritaires communs à
l'enseignement supérieur et à la recherche (dont environ 400 pour
les sciences du vivant et 275 pour les sciences et technologies de
l'information et de la communication).
Enfin, des redéploiements supplémentaires porteront sur environ
10 % des postes libérés par des départs à la
retraite par « fléchage » au sein de chaque
discipline en faveur de l'environnement.