5. En conséquence, une attention constante aux délais
Le souci croissant du GAO de « satisfaire son client », le Congrès, la conduit à porter une attention accrue à la maîtrise de ses délais .
En 1990, la durée moyenne d'une mission du GAO était en effet d'environ un an et demi, et certaines évaluations pouvaient prendre deux ou trois ans.
Ces délais suscitaient des critiques acerbes de la part des parlementaires. Rappelons en effet que la durée de la législature, c'est à dire du mandat des Représentants n'est que de deux ans. Une fois les travaux du GAO terminés, leurs commanditaires étaient donc parfois « partis », les centres d'intérêt des commissions pouvaient avoir changé et dans certains cas, les législations concernées avaient même déjà été modifiées.
Pour répondre à ces critiques, et pour produire des rapports utiles parce qu' en temps utile le GAO développe ses efforts dans trois directions.
En premier lieu le GAO s'efforce d'anticiper les besoins et les questions des parlementaires. Cette démarche peut d'ailleurs conduire à des procédures assez particulières, le GAO proposant officieusement à un membre de le Congrès de le saisir et de solliciter une étude que le GAO a déjà commencée de son propre chef. Ce type de saisine « télécommandée » permet évidemment à la fois de raccourcir les délais et d'accroître la part des travaux du GAO officiellement réalisés à la demande du Congrès.
En second lieu, lorsqu'il est saisi d'une demande parlementaire, le GAO négocie désormais d'emblée avec l'auteur de la saisine une date de rendu de son rapport, et adapte sa démarche et ses moyens en conséquence. La proportion de rapports produits dans les délais convenus (96 % en 1999) constitue, d'ailleurs l'un des principaux indicateurs de performance du GAO.
Enfin, le GAO s'est employé au cours des années 1990 à réduire la durée moyenne de ses missions , qui serait aujourd'hui de l'ordre de six à huit mois . Il s'agit là d'un délai de réponse sensiblement supérieur à celui des corps de contrôle de l'Etat en France, mais légèrement inférieur à la durée de complétion de la plupart des rapports de la Cour des Comptes, en raison, pour cette dernière, des garanties procédurales offertes aux contrôlés.
Ce raccourcissement des délais s'est accompagné de la mise en oeuvre de nouvelles méthodes. S'agissant par exemple des évaluations de politiques publiques, le GAO peut désormais produire des résultats dans des délais relativement brefs, en réalisant des synthèses d'évaluations antérieures (des « synthèses évaluatives »), ou en s'appuyant sur les données, les modèles et les simulations existants au lieu de collecter des données et de développer une réflexion originales.
Il semble toutefois qu'il existe un dilemme irréductible entre la capacité de réponse rapide des évaluateurs, d'une part ; la rigueur, la pertinence, le caractère contradictoire et la qualité de supervision des travaux, d'autre part.
Vis à vis du Congrès, le GAO est ainsi dans une situation délicate : critiqué si ses délais sont trop longs, l'institution risque également d'être placée en porte à faux par des évaluations ou des contrôles trop rapides. Il en résulte sans doute que les travaux les plus rapides sont aussi souvent ceux qui sont rédigés dans les termes les plus (trop ?) prudents.